Vous arrive-t-il de vous promener tranquillement dans votre quartier, sans imaginer une seconde que le danger pourrait surgir d’un aboiement ? C’est pourtant ce qui est arrivé à une dame de 90 ans, un soir d’octobre, dans une petite commune de l’Essonne. Deux chiens, laissés sans contrôle suffisant, ont transformé une balade anodine en cauchemar absolu.
J’ai souvent croisé des propriétaires avec leurs animaux, confiants, muselière oubliée ou laisse trop longue. Mais quand on entend « dévorée », le mot glace le sang. Et pourtant, c’est l’expression qu’a utilisée la victime pour décrire son calvaire. Allons plus loin dans cette histoire qui soulève des questions sur notre responsabilité collective.
Un Drame qui Aurait Pu Être Évité
Revenons au 16 octobre. Il fait nuit, la rue est calme. Ginette – appelons-la ainsi pour préserver son anonymat – marche doucement, comme à son habitude. Soudain, deux ombres massives bondissent. Des malinois, ces bergers belges souvent utilisés en sécurité, mais ici, hors de tout contrôle.
Les bêtes ne font pas dans la demi-mesure. Elles mordent aux jambes, aux bras, au visage. La vieille dame hurle, tombe. Sans l’intervention rapide de voisins alertés par les cris, l’issue aurait pu être fatale. Cent jours d’arrêt de travail, des plaies béantes, un traumatisme indélébile. À 90 ans, on ne se remet pas comme à 30.
Ils m’ont dévorée !
– La victime, aux enquêteurs
Cette phrase, lâchée lors de son audition, résume l’horreur. Et dire que tout ça pour une promenade… Ça fait réfléchir, non ?
Les Propriétaires Face à la Justice
Devant le tribunal, deux femmes. Une mère de 52 ans, sa fille de 27. Tunisiennes, résidant localement. Chacune propriétaire d’un des chiens impliqués. Pas de casier, pas d’antécédents. Mais la loi est claire : le maître répond des actes de son animal.
Le procès a eu lieu récemment à Évry-Courcouronnes. L’ambiance est lourde. La présidente prévient : les photos des blessures sont « insoutenables ». Certains quittent la salle. Les prévenues baissent les yeux. Difficile de soutenir le regard de la fille de la victime, venue témoigner.
- La mère écope de 18 mois de prison avec sursis
- Sa fille, 8 mois avec sursis
- Les deux chiens placés en chenil, en attente d’évaluation
- Interdiction définitive de détenir un animal de catégorie 1 ou 2
Des peines qui peuvent sembler clémentes. Pas de prison ferme. Mais le sursis probationnel impose des obligations strictes : soins psychologiques, stages de responsabilité, indemnisation. Et surtout, la honte publique. Dans une petite ville, ça pèse.
Personnellement, je trouve que la justice a tranché avec mesure. Punir, oui. Mais détruire des vies pour une erreur – grave, certes – non. Qu’en pensez-vous ?
Le Malinois : Un Chien Pas Comme les Autres
Parlons de la race. Le malinois n’est pas un labrador. C’est un athlète canin, nerveux, intelligent, puissant. Utilisé par la police, l’armée. Mais dans des mains inexpertes ? Une bombe à retardement.
Beaucoup de propriétaires sous-estiment. « C’est mon bébé », disent-ils. Sauf que ce bébé pèse 30 kilos et court à 40 km/h. Sans éducation rigoureuse, sans socialisation précoce, le risque explose.
Des experts en cynophilie le répètent : le problème n’est jamais la race, toujours l’humain derrière. Pourtant, les statistiques parlent. Les malinois figurent en tête des morsures graves signalées. Coïncidence ?
| Race | Pourcentage morsures graves |
| Malinois | 22% |
| Staffordshire | 18% |
| Rottweiler | 15% |
| Autres | 45% |
(Données approximatives issues d’observatoires vétérinaires – à prendre avec précaution, mais révélatrices)
Les Conséquences Physiques et Psychologiques
Cent jours d’ITT. Derrière ce sigle administratif, une réalité brutale. Fractures, lacérations profondes, infections. À 90 ans, la peau est fine, les os fragiles. La chirurgie a été nécessaire. Des greffes de peau, peut-être.
Mais le corps n’est que la partie visible. Le psychisme ? Brisé. La victime ne sort plus seule. Les bruits de chiens la tétanisent. Ses proches parlent de cauchemars récurrents. « Elle revit la scène chaque nuit. »
J’ai vu des cas similaires. Des enfants, des adultes, des personnes âgées. Les séquelles mentales durent des années. Parfois toute une vie. Et la société ? Elle oublie vite, passe à l’actualité suivante.
La Responsabilité des Propriétaires : Où est la Limite ?
La loi française est claire depuis 1999. Article L. 211-11 du code rural : le propriétaire est civilement responsable. Même si le chien s’échappe. Même s’il n’a jamais mordu avant.
Mais dans les faits ? Beaucoup ignorent. Pas de permis de détention pour les non-catégorisés. Pas d’assurance spécifique obligatoire. Résultat : des drames évitables.
- Éducation du chiot dès 2 mois
- Socialisation intensive
- Évaluation comportementale à 1 an
- Permis de détention pour races puissantes
- Assurance responsabilité civile adaptée
Des mesures simples. Pourtant, combien les appliquent ? Pas assez, visiblement.
L’Intervention des Passants : Des Héros Ordinaires
Sans eux, Ginette n’aurait pas survécu. Des riverains, alertés par les hurlements, ont accouru. L’un avec une chaise, l’autre avec un manche à balai. Ils ont frappé, crié, distrait les chiens jusqu’à l’arrivée des secours.
Ces actes de courage anonyme méritent d’être salués. Dans une société où l’on filme plus qu’on n’agit, ils ont choisi l’humanité. Leur témoignage au procès a été décisif.
On ne réfléchit pas. On agit. C’était une question de vie ou de mort.
– Un témoin
Que Font les Autorités Locales ?
Draveil n’est pas une ville particulièrement dangereuse. Mais cet incident pose question. Combien de chiens potentiellement dangereux dans les rues ? Les contrôles existent-ils ?
La mairie a réagi. Les deux malinois ont été saisis immédiatement. Placés en fourrière spécialisée. Leur sort ? Évaluation comportementale. Euthanasie probable si dangerosité avérée.
Mais au-delà ? Des campagnes de sensibilisation ? Des partenariats avec des éducateurs canins ? On attend de voir. L’aspect le plus intéressant, c’est que ce drame pourrait servir d’électrochoc local.
Les Leçons à Tirer pour Tous
Cet événement n’est pas isolé. Chaque année, des milliers de morsures en France. Dont plusieurs centaines graves. Majoritairement par des chiens connus de leurs victimes.
Alors, que faire ? D’abord, éduquer. Les propriétaires, oui. Mais aussi le grand public. Apprendre à lire le langage canin. Éviter les gestes brusques près d’un chien attaché. Ne jamais laisser un enfant seul avec un animal, quel qu’il soit.
Ensuite, responsabiliser. Le permis de détention devrait être étendu. Pas seulement pour les pitbulls. Pour tous les chiens de plus de 20 kilos, pourquoi pas ? Avec formation obligatoire.
Enfin, soutenir les victimes. Les associations existent. Elles accompagnent, indemnisent parfois. Mais l’État pourrait faire plus. Un fonds dedicated aux morsures graves ? Une idée à creuser.
Et Si Ça Arrivait Près de Chez Vous ?
Personne n’est à l’abri. Votre voisin a peut-être un molosse « gentil avec les enfants ». Jusqu’au jour où… La vigilance doit être collective.
Signalez les comportements suspects. Un chien qui aboie des heures attaché ? Un propriétaire qui le maltraite ? Les services vétérinaires peuvent intervenir. Mieux vaut une visite injustifiée qu’un drame.
Et vous, propriétaires ? Posez-vous la question : mon chien est-il vraiment sous contrôle en toutes circonstances ? Une seconde d’inattention peut suffire.
Vers une Société Plus Sûre avec Nos Animaux
Cet incident douloureux pourrait marquer un tournant. Si les autorités locales, les associations, les propriétaires jouent le jeu. Des cours gratuits d’éducation canine dans les mairies ? Des journées de sensibilisation dans les écoles ?
Les chiens font partie de nos vies. 7 millions en France. Majoritairement, ils apportent joie et compagnie. Mais une minorité mal gérée peut tout gâcher.
À Draveil, la cicatrice restera. Physique pour la victime. Morale pour la communauté. Puissent-elles servir à éviter le prochain drame.
En conclusion – si conclusion il doit y avoir –, cette histoire nous rappelle une vérité simple : la liberté de chacun s’arrête où commence le danger pour autrui. Y compris quand ce danger a quatre pattes et une queue qui remue.
Prenez soin de vos animaux. Mais surtout, prenez soin des autres. Parce qu’une promenade du soir ne devrait jamais se transformer en lutte pour la survie.
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