Hier soir, en zappant entre les chaînes comme à mon habitude, je suis tombé sur un phénomène qui m’a scotché. Une série française que beaucoup considéraient comme « sympa mais pas révolutionnaire » a tout simplement écrasé la concurrence. Et quand je dis écrasé… on parle de Harry Potter et d’Incroyable Talent relégués à la deuxième et troisième place. Franchement, qui l’aurait parié ?
Le retour de Tom et Lola sur France 3, c’est un peu le genre d’événement qu’on ne voit plus très souvent à la télévision : une fiction populaire qui rassemble sans avoir besoin d’effets spéciaux à 100 millions d’euros ni de candidats qui pleurent toutes les larmes de leur corps. Juste une bonne histoire, des personnages qu’on a envie de retrouver et ce petit goût de « madeleine de Proust » qui fait que des millions de Français allument leur poste à 21 h 10 précises.
Une soirée du 25 novembre qui restera dans les annales
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et ils sont impressionnants. Le premier épisode de la saison 2 a attiré 3,82 millions de téléspectateurs, soit presque 20 % de part d’audience. Le second a tenu bon avec plus de 3,1 millions. Oui, c’est un peu moins que le lancement de la saison 1 il y a un an, mais soyons honnêtes : partir de si haut et rester à ce niveau, c’est déjà une performance énorme.
Ce qui frappe, c’est la stabilité. On sent que le public a pris ses habitudes. Tom et Lola, c’est devenu le rendez-vous du mardi soir, un peu comme Candice Renoir ou Alexandra Ehle en leur temps. Et quand une série française parvient à installer ça, c’est gagné pour plusieurs années.
Pourquoi ce succès ne tombe pas du ciel
Je vais être franc : j’ai suivi la saison 1 et j’avais trouvé ça très agréable, sans plus. Mais en revoyant les deux premiers épisodes de cette nouvelle salve, j’ai compris ce qui fait la différence. Les scénaristes ont choisi de ne pas révolutionner la formule, mais de l’affiner. Les enquêtes sont plus tendues, le passé des personnages revient par petites touches, et surtout… la chimie entre les deux héros est encore plus palpable.
On sent que Pierre-Yves Bon et Dounia Coesens prennent un plaisir fou à jouer ensemble. Il y a des regards, des silences, des petites piques qui font mouche. C’est ce genre de détail qui transforme une série correcte en série qu’on attend avec impatience chaque semaine.
« On a voulu garder l’âme de la série tout en faisant évoluer les personnages. Le public nous suit depuis le début, on leur doit ça. »
Un membre de l’équipe de production (qui préfère rester discret)
Harry Potter, toujours là mais plus tout en haut
De l’autre côté, TF1 misait sur un valeur sûre : le sixième volet de la saga Harry Potter. 2,31 millions de téléspectateurs, ce n’est pas ridicule, loin de là. Mais quand on compare avec les scores stratosphériques que faisaient ces films il y a dix ou quinze ans… il y a comme un petit goût de madeleine rassie.
Est-ce que le public commence à saturer ? Possible. Entre les rediffusions à foison, les spin-off Les Animaux fantastiques qui ont un peu déçu, et la série en préparation… on a l’impression que la magie s’émousse légèrement. Pourtant, objectivement, Le Prince de sang-mêlé reste un excellent film. Mais hier soir, il a simplement croisé plus fort que lui.
Incroyable Talent tient bon, mais ne progresse plus
M6 peut être satisfaite : 2,8 millions pour la première partie, 2,46 pour la seconde. C’est stable, presque à l’épisode près par rapport à la semaine précédente. Le programme a trouvé son rythme de croisière et continue d’attirer un public familial assez large.
Mais on sent aussi une forme de routine s’installer. Les numéros sont toujours spectaculaires, les candidats touchants ou drôles, le jury fait le job… mais où est la surprise ? Celle qui faisait qu’on parlait du programme à la machine à café le lendemain ? Elle manque un peu cette saison, non ?
France 2 en difficulté avec son nouveau documentaire historique
Le contraste est violent. Là où certaines chaînes dépassent allègrement les 3 millions, France 2 peine à atteindre le million avec la deuxième soirée de son magazine historique. 1,23 million puis 986 000 téléspectateurs… c’est dur.
Le concept avait pourtant du potentiel : une plongée dans l’Histoire de France avec une nouvelle animatrice charismatique. Mais force est de constater que le public n’a pas suivi. Est-ce le format trop scolaire ? Le créneau trop tardif ? Le fait que ça passe juste après une série qui cartonne sur la chaîne concurrente ? Probablement un peu de tout ça.
C’est dommage, parce qu’objectivement, le contenu est de qualité. Mais à la télévision, la qualité ne suffit plus. Il faut du rythme, de l’émotion, et surtout… être là au bon moment devant le bon public.
Ce que nous disent vraiment ces audiences
Au-delà des chiffres, il y a une tendance de fond qui se dessine. Le public français reste profondément attaché à ses séries nationales, surtout quand elles parlent de proximité, de régions, de personnages imparfaits mais touchants. Tom et Lola, c’est un peu le reflet de ce qu’on aime voir : des flics qui pourraient être nos voisins, des enquêtes qui se passent dans des coins qu’on connaît, des histoires d’amour qui prennent leur temps.
- Le confort d’une valeur sûre plutôt que l’inconnu
- Le plaisir de retrouver des personnages qu’on connaît déjà
- La force du rendez-vous hebdomadaire
- Le sentiment d’appartenance à une communauté de téléspectateurs
À l’inverse, les grandes sagas internationales, même cultes, commencent à montrer des signes de fatigue quand elles sont rediffusées pour la énième fois. Et les programmes de divertissement, aussi bien fichus soient-ils, doivent sans cesse se renouveler pour ne pas lasser.
En résumé ? Hier soir, la télévision française a prouvé qu’elle savait encore rassembler largement quand elle propose des histoires qui parlent au cœur. Et ça, franchement, ça fait du bien à voir dans un paysage audiovisuel parfois un peu trop formaté.
La suite la semaine prochaine ? Je parie que Tom et Lola vont continuer à tenir le haut du pavé. Parce que parfois, la magie, ce n’est pas une baguette et un château à Poudlard. C’est juste deux flics qui se cherchent, une enquête bien ficelée et des millions de Français qui se retrouvent autour de leur téléviseur. Et ça, aucun effet spécial ne pourra jamais le remplacer.
(Article écrit après avoir regardé les deux épisodes en direct, une bière à la main et le chat sur les genoux – la vraie vie de téléphage, quoi.)
