Imaginez la scène : deux personnalités que tout semblait opposer il y a encore quelques mois, serrant la main devant des caméras, sous les dorures d’un local de campagne flambant neuf du 3e arrondissement. On est le 25 novembre 2025 et, à huit mois des élections, Lyon vient peut-être de vivre son premier vrai tournant décisif.
Jean-Michel Aulas, l’ex-patron historique de l’OL, et Véronique Sarselli, maire Les Républicains de Sainte-Foy-lès-Lyon, annoncent leur alliance. Objectif : prendre à la fois la mairie centrale et la Métropole. Un ticket gagnant ? En tout cas, un coup de théâtre qui fait déjà trembler les écologistes au pouvoir.
Un tandem qui change complètement la donne
Il y a ceux qui parlent de « mariage de raison ». Moi, j’y vois plutôt une opération chirurgicale parfaitement exécutée. Parce que, soyons honnêtes, chacun avait besoin de l’autre pour espérer l’emporter.
Aulas, donné largement favori pour la mairie de Lyon, avait un problème : beaucoup de ses promesses phares – la gratuité des transports, les grands projets d’infrastructures sportives, la sécurité renforcée – dépendent… de la Métropole. Sans accès à cet exécutif-là, il risquait de devenir un maire puissant sur le papier mais impuissant dans les faits.
Sarselli, elle, portait les couleurs LR pour la Métropole mais peinait à fédérer au-delà de son camp traditionnel. Avec Aulas à ses côtés, elle gagne une stature nationale, une popularité populaire intacte et surtout un réseau d’élus locaux impressionnant.
Comment l’accord a été construit
Remontons un peu le fil. Mi-novembre, une trentaine de maires de la Métropole signaient une tribune appelant explicitement à former ce « tandem ». Message reçu cinq sur cinq.
Les discussions ont été rapides, discrètes, efficaces. Le deal est simple et clair :
- En cas de victoire, Véronique Sarselli devient présidente de la Métropole de Lyon
- Jean-Michel Aulas devient l’un de ses vice-présidents (probablement premier vice-président)
- Les listes « Grand Cœur Lyonnais » d’Aulas sont validées dans les 14 circonscriptions métropolitaines
- Engagement ferme : aucune alliance, même technique, avec le Rassemblement national, ni au premier ni au second tour
Ce dernier point n’est pas anodin. Il répond à une crainte largement partagée chez les électeurs de droite modérée et du centre : voir leur vote servir, in fine, le RN. En posant cette ligne rouge dès le départ, le duo se donne une image de « clarté républicaine ».
« Il n’y aura aucune alliance ni de près ni de loin avec les extrêmes, ni au premier, ni au second tour. »
Jean-Michel Aulas, le 25 novembre 2025
Pourquoi cette alliance fait peur à la gauche et aux écologistes
Regardons les chiffres, ils parlent d’eux-mêmes. Le dernier sondage connu, réalisé il y a à peine un mois, plaçait déjà Véronique Sarselli en tête pour la Métropole avec 36 % des intentions de vote. Le président sortant écologiste pointait à 27 %, le candidat RN à 20 % et la gauche de la gauche à 15 %.
Avec l’effet Aulas – reconnaissance immédiate, image de gestionnaire rigoureux, aura de gagnant – ces chiffres risquent de s’envoler. D’autant que l’ancien président de l’OL sait parler à tous les publics : supporters, chefs d’entreprise, habitants des quartiers populaires où il a souvent été applaudi.
Et puis il y a cette petite phrase qui circule dans les couloirs de l’Hôtel de Ville : « Avec Aulas à la mairie et Sarselli à la Métropole, on aura enfin quelqu’un qui sait gérer un budget de plusieurs milliards. » Sous-entendu : ce que les écologistes actuels n’auraient pas su faire.
Les promesses qui pourraient tout changer
Ce n’est pas juste une alliance de personnes. C’est aussi un projet commun qui commence à se dessiner.
On sait déjà qu’Aulas pousse très fort la gratuité totale des transports en commun. Une mesure spectaculaire, coûteuse, mais qui parlerait directement aux Lyonnais exaspérés par les prix et les grèves à répétition. Avec le contrôle de la Métropole, cette promesse devient crédible.
- Rénovation massive des équipements sportifs de quartier
- Développement de grands événements internationaux (on murmure déjà une candidature aux Jeux olympiques d’hiver ou à une Coupe du monde de rugby)
- Sécurité renforcée avec plus de police municipale et de vidéosurveillance « intelligente »
- Soutien aux entreprises et attractivité économique (Aulas connaît bien le sujet)
Beaucoup de ces mesures nécessitent justement une coordination parfaite entre ville-centre et Métropole. Le tandem répond exactement à cette problématique.
Les zones d’ombre et les questions qui restent
Tout n’est pas rose pour autant. Certains, à droite, reprochent déjà à Sarselli d’avoir cédé la mairie de Lyon sans combattre. D’autres, dans le camp Aulas, s’inquiètent de voir leur champion devenir « seulement » vice-président de la Métropole.
Et puis il y a la question de l’étiquette. Aulas se présente sans étiquette officielle, avec son mouvement citoyen « Grand Cœur Lyonnais ». Est-ce qu’une partie de l’électorat LR va suivre ? Est-ce que les électeurs macronistes, nombreux à Lyon, vont se reconnaître dans ce duo ?
Enfin, dernière interrogation et pas des moindres : comment réagit le Rassemblement national ? Andréa Kotarac, crédité de 20 % dans les sondages, risque de se retrouver isolé mais aussi de durcir le ton pour capter les mécontents des deux camps.
Ce que ça dit de la politique locale en 2026
Plus largement, cette alliance raconte quelque chose de profond sur l’état de la droite et du centre en France. Après des années d’éparpillement, on assiste à un mouvement de rassemblement pragmatique. On met les ego de côté pour battre l’adversaire commun – ici, les écologistes.
C’est aussi la démonstration qu’un profil comme Aulas, entrepreneur connu, respecté, peut rebattre complètement les cartes dans une grande ville. Ce n’est pas nouveau (remember Collomb avec ses réseaux d’entreprises), mais ça prend une ampleur inédite.
Et si Lyon 2026 était le laboratoire d’une nouvelle façon de faire de la politique locale ? Moins idéologique, plus gestionnaire, plus transversale.
Une chose est sûre : à partir de maintenant, plus personne ne pourra parler des élections lyonnaises sans évoquer ce duo. Huit mois avant le scrutin, la campagne est bel et bien lancée. Et elle s’annonce explosive.
Alors, tandem gagnant ou alliance contre-nature ? Réponse dans les urnes en mars 2026. Mais une chose est déjà certaine : Lyon ne sera plus jamais tout à fait la même.
