Imaginez-vous quitter Paris, ses boulevards animés, pour un village islandais de 2 500 âmes, où le poisson est roi et le soleil refuse de se coucher en été. C’est l’histoire d’Aurélien Norest, un défenseur central qui, à 33 ans, a troqué le bitume francilien pour les terrains rugueux d’Islande. Son parcours, entre doudounes, pelles et soleil de minuit, est une ode à l’audace et à l’adaptation. Comment un Parisien lambda devient-il une figure du foot islandais ? Accrochez-vous, son aventure vaut le détour.
De Paris à l’Islande : Une Aventure Hors Normes
Quand Aurélien Norest pose ses valises à Isafjördur en 2016, il ne sait pas encore que ce coin reculé d’Islande deviendra son chez-lui. À 400 kilomètres de Reykjavik, dans un village où l’activité tourne autour de la mer, il découvre un monde à part. J’ai toujours trouvé fascinant comment certains choisissent de tout quitter pour un défi aussi inattendu. Norest, lui, n’avait pas prévu de s’éterniser. L’Islande devait être un tremplin, une étape pour rebondir ailleurs en Europe. Spoiler : il y est toujours.
Ce qui rend son histoire si captivante, c’est ce mélange d’ambition sportive et d’adaptation culturelle. Le football islandais, avec son niveau comparable à un bas de tableau de Ligue 2 française, n’est pas une destination évidente pour un joueur formé à Saint-Ouen-l’Aumône, dans le Val-d’Oise. Pourtant, c’est là, sur ces terres de feu et de glace, qu’il a écrit les plus belles pages de sa carrière.
Des Débuts Modestes à l’Aventure Américaine
Avant de fouler les terrains islandais, Norest a suivi un chemin sinueux. Formé pendant treize ans à Saint-Ouen-l’Aumône, il a grandi dans un environnement où le foot est une passion, mais pas forcément un métier. À 20 ans, il décide de tenter sa chance aux États-Unis, dans le Kansas. Une expérience qui, selon lui, lui a ouvert les yeux sur les opportunités à l’étranger.
En France, il y a beaucoup de joueurs, mais peu de places. J’ai compris que pour vivre de ma passion, il fallait bouger.
– Un footballeur expatrié
Mais le rêve américain n’est pas sans embûches. À cause de problèmes de visa, il ne peut participer à la draft, ce système de recrutement typique des sports US. De plus, avec son gabarit d’1,78 m, il peine à convaincre les recruteurs, qui préfèrent des défenseurs plus imposants. Frustré mais déterminé, il décide de rentrer en Europe. Et c’est là que l’Islande entre en scène.
L’Islande : Une Terre de Contrastes et de Défis
Arrivé en 2016, Norest découvre un championnat islandais bien différent des standards européens. Les salaires, oscillant entre 1 500 et 10 000 euros par mois, permettent aux joueurs de combiner foot et petits boulots. Les matchs, eux, sont d’une intensité folle. Les Islandais, fiers de leur nation, jouent avec une hargne qui surprend. « Ils courent, ils taclent, ils ne lâchent rien », confie un joueur ayant évolué là-bas. Cette mentalité, Norest l’a adoptée, même si elle l’a parfois laissé pantois.
- Intensité physique : Les matchs sont marqués par un engagement total, même à 4-0 en fin de rencontre.
- Ferveur nationale : L’Euro 2016, premier tournoi majeur de l’Islande, a galvanisé tout un peuple.
- Conditions extrêmes : Le froid, les nuits interminables et le soleil de minuit rythment la vie des joueurs.
Ce qui m’a toujours frappé, c’est cette capacité des Islandais à transformer leur petit pays en une force footballistique. Avec moins de 400 000 habitants, l’Islande a réussi à se qualifier pour l’Euro 2016, porté par des supporters déchaînés et leur célèbre clapping. Norest arrive pile au moment de cette effervescence, un contexte qui donne une saveur particulière à son aventure.
S’Adapter ou Périr : La Vie à Isafjördur
Isafjördur, c’est un village de 2 500 habitants niché au cœur des fjords. Ici, pas de métro ni de grands stades. L’activité principale ? La pêche. Le foot ? Une passion, mais pas une obsession. Pourtant, Norest s’y installe et apprend à vivre avec les caprices de la nature islandaise. Le soleil de minuit, qui illumine la nuit en été, le déstabilise au début. « Sortir d’un bar à 3 heures du matin et voir le jour, ça fait bizarre », plaisante-t-il.
Pour survivre aux hivers rigoureux, il garde toujours une doudoune, des gants et une pelle dans son coffre. La pelle, c’est pour dégager la neige qui peut bloquer les routes à tout moment. Une anecdote qui résume bien l’Islande : imprévisible, mais fascinante. Vous vous demandez comment on s’habitue à ça ? Lui, il a trouvé la réponse : « Avec de bons volets et un mental d’acier. »
Une Carrière au Cœur de l’Intensité Islandaise
Sur le terrain, Norest se fait un nom. Capitaine de Vestri, un club qu’il a aidé à hisser de la troisième division à l’élite islandaise, il incarne la résilience. Son style, marqué par des longs ballons typiques du kick and rush, s’adapte parfaitement au jeu local. Mais ce qui le marque le plus, c’est l’agressivité des adversaires. « À 4-0 à la 90e, l’attaquant te tacle comme si sa vie en dépendait », raconte-t-il, encore ébahi.
En Islande, il y a une fierté : on est un petit pays, mais on va vous montrer qu’on peut jouer.
– Un joueur expérimenté
Cette mentalité, c’est l’âme du foot islandais. Et Norest, avec son gabarit modeste pour un défenseur central, a su s’y fondre. Entre 2016 et 2024, il joue pour Vestri, avec des parenthèses en Australie et en Suède (à Umea, en D2-D3). Chaque expérience renforce son amour pour ce sport et ce pays, où la passion compense le manque de moyens.
La Fin d’un Chapitre, le Début d’un Autre
En 2024, tout s’arrête. Vestri ne lui propose pas de prolongation, et Norest, à 33 ans, doit faire un choix. Partir ? Rester ? Sa vie est désormais ancrée à Isafjördur : une maison, une compagne, et un salon de coiffure ouvert en 2021 pour préparer sa reconversion. « J’ai hésité à tout plaquer, mais j’aime ma vie ici », confie-t-il. Une décision qui en dit long sur son attachement à l’Islande.
| Étape | Lieu | Impact |
| Formation | Saint-Ouen-l’Aumône | Base solide, passion pour le foot |
| États-Unis | Kansas | Ouverture à l’international |
| Islande | Isafjördur | Carrière pro, reconversion |
Ce salon de coiffure, c’est plus qu’un plan B. C’est une façon de s’intégrer encore plus dans la communauté locale. Et puis, il y a le coaching. Assistant de l’équipe féminine locale, Norest passe ses diplômes d’entraîneur. « Je reste en forme, on ne sait jamais », glisse-t-il avec un sourire. En Islande, la prudence est une seconde nature.
L’Islande, un Pays Qui Marque
Ce qui rend l’histoire de Norest si unique, c’est son immersion totale dans un pays qui défie les clichés. L’Islande, ce n’est pas seulement des volcans et des aurores boréales. C’est une nation où le foot, malgré des moyens limités, est porté par une fierté immense. Lors de l’Euro 2016, le clapping islandais a fait vibrer le monde. Norest, en coulisses, vivait cette ferveur au quotidien.
Et puis, il y a les petites choses. Les nuits où le soleil refuse de se coucher. Les routes enneigées qu’il faut dégager à la pelle. Les matchs où chaque duel est une bataille. Tout ça, Norest l’a embrassé. « On s’y fait », dit-il. Mais entre nous, je me demande si on s’habitue vraiment à un tel contraste.
Pourquoi Cette Histoire Nous Parle
L’aventure d’Aurélien Norest, c’est celle d’un mec qui a osé. Oser quitter Paris, oser s’installer dans un village perdu, oser se réinventer. Combien de joueurs, face aux mêmes obstacles – un gabarit moyen, un marché saturé – auraient baissé les bras ? Lui a choisi de tracer sa route, même si elle menait à un endroit où la neige et le poisson sont plus communs que les projecteurs.
- Résilience : Face aux refus aux États-Unis, il a persévéré.
- Adaptation : Il a appris à vivre avec les conditions extrêmes de l’Islande.
- Vision : En ouvrant son salon et en se formant au coaching, il prépare l’avenir.
Ce qui me touche, c’est cette capacité à transformer une contrainte en opportunité. Norest n’a pas seulement joué au foot en Islande ; il y a construit une vie. Et ça, c’est une leçon universelle. Peu importe où vous êtes, il y a toujours un moyen de faire ce que vous aimez, même si ça demande une doudoune et une bonne paire de volets.
Et Maintenant ?
Aujourd’hui, Norest est à un tournant. À 33 ans, il n’exclut pas un retour sur les terrains, mais son avenir semble se dessiner sur le banc. En tant qu’assistant coach, il transmet déjà son expérience. Son salon de coiffure, lui, prospère, preuve que l’intégration passe aussi par des gestes simples, comme couper les cheveux d’un voisin.
Alors, triste fin pour ce Parisien expatrié ? Pas du tout. « Ce n’est pas négatif », assure-t-il. Et je le crois. Son histoire montre qu’une carrière, ce n’est pas seulement des trophées ou des projecteurs. C’est aussi une aventure humaine, faite de choix audacieux et d’adaptations constantes. En Islande, Norest a trouvé bien plus qu’un terrain de foot : il a trouvé un sens.
Et vous, que feriez-vous si on vous proposait de tout quitter pour un village de 2 500 habitants au bout du monde ? Moi, je crois que j’hésiterais. Mais après avoir lu l’histoire d’Aurélien Norest, je me dis qu’une doudoune et une pelle pourraient bien suffire pour écrire une belle page de vie.
