Imaginez : vous venez de remporter Wimbledon, le Graal du tennis, et pourtant, les projecteurs se détournent. C’est l’histoire de Barbora Krejcikova, championne tchèque dont le talent éclate sur le gazon londonien, mais qui peine à trouver sa place dans le cœur des médias et des sponsors. Pourquoi une joueuse aussi accomplie reste-t-elle dans l’ombre ? Plongeons dans ce paradoxe du tennis moderne.
Une Championne Sous les Radars
Barbora Krejcikova n’est pas une nouvelle venue. À 29 ans, elle a déjà gravé son nom dans l’histoire du tennis avec deux titres du Grand Chelem : Roland-Garros en 2021 et Wimbledon l’an dernier. Ajoutez à cela sept titres en double et une médaille olympique, et vous obtenez un palmarès qui ferait pâlir d’envie bien des joueuses. Pourtant, son aura médiatique reste étrangement discrète. Comme si le monde du tennis, obnubilé par les stars des réseaux sociaux, oubliait de célébrer ses héroïnes du gazon.
« Je pense que je joue bien, que je le fais sur la durée, dans plusieurs catégories. Mais parfois, on dirait que les agences décident qui sera une star. »
– Une joueuse de tennis de haut niveau
Ce sentiment d’injustice, Krejcikova le porte en elle. Lors d’une récente interview, elle confiait son incompréhension face à ce manque de reconnaissance. Est-ce son style de jeu, complet mais sans extravagance ? Sa nationalité tchèque, moins vendeuse que celle d’une Britannique ou d’une Américaine ? Ou peut-être l’ère des followers et des algorithmes, où la popularité semble parfois primer sur les performances ?
Un Palmarès Impressionnant, Mais…
Pour comprendre l’énigme Krejcikova, il faut d’abord regarder son parcours. Née à Brno, en République tchèque, elle a gravi les échelons avec une détermination silencieuse. Son jeu, un mélange de technique fine et de puissance maîtrisée, lui permet de rivaliser avec les meilleures. À Wimbledon, elle a prouvé qu’elle pouvait dominer sur le gazon, une surface exigeante où peu de joueuses excellent. Pourtant, ce triomphe n’a pas déclenché l’engouement attendu.
- Roland-Garros 2021 : Premier titre en simple, une consécration inattendue.
- Wimbledon 2024 : Sacre sur gazon, membre à vie du prestigieux All England Club.
- Double et mixte : Sept titres en Grand Chelem et une médaille olympique en 2021.
- Classement : Ancienne n°2 mondiale en simple, n°1 en double.
Mais voilà, même ce CV en or ne suffit pas à faire d’elle une icône. Contrairement à certaines joueuses dont le charisme ou les coups d’éclat sur les réseaux sociaux attirent les sponsors, Krejcikova semble prisonnière d’une discrétion presque trop parfaite. J’ai toujours trouvé fascinant comment le sport peut parfois ignorer ses propres champions, comme si le talent brut ne suffisait plus dans un monde où l’image est reine.
Le Poids des Réseaux Sociaux
À l’heure où le nombre de followers sur Instagram peut valoir plus qu’un trophée, Krejcikova est à la traîne. Avec environ 139 000 abonnés, elle est loin des mastodontes comme Aryna Sabalenka (3 millions) ou Emma Raducanu (2,6 millions). Ce décalage numérique pèse lourd. Les marques, avides de visibilité, scrutent les chiffres avant les palmarès.
« On vit dans un monde où la performance sportive compte moins que l’impact sur les réseaux sociaux. Les marques demandent : combien de followers ? »
– Un agent sportif influent
Ce constat, partagé par son entourage, illustre un tournant dans le sport professionnel. Les sponsors ne cherchent plus seulement des champions, mais des influenceurs. Raducanu, par exemple, a vu les contrats affluer après son exploit à l’US Open 2021, portée par son histoire et son charisme. Krejcikova, elle, n’a pas cette aura médiatique. Ses hobbies – dormir et cueillir des champignons – ne font pas rêver les publicitaires. Faut-il vraiment qu’elle se mette à danser sur TikTok pour exister ?
| Joueuse | Followers Instagram | Titres majeurs |
| Barbora Krejcikova | 139 000 | 2 (simple), 7 (double) |
| Aryna Sabalenka | 3 millions | 2 (simple) |
| Emma Raducanu | 2,6 millions | 1 (simple) |
Ce tableau parle de lui-même. La notoriété en ligne l’emporte souvent sur les résultats彼此 System:
Une Question de Marché et de Nationalité ?
Le manque de reconnaissance de Krejcikova ne se limite pas aux réseaux sociaux. Le marché du sponsoring, lui aussi, semble lui tourner le dos. Malgré ses exploits, les contrats prestigieux se font rares. Quelques partenariats locaux, comme avec une marque automobile tchèque, et un deal avec un horloger international ne suffisent pas à refléter son statut. Pourquoi ce désintérêt ?
Certains pointent du doigt sa nationalité. Le tennis tchèque, bien que riche en championnes – pensons à Marketa Vondrousova, victorieuse à Wimbledon en 2023 – ne semble pas exciter les foules médiatiques. Contrairement aux marchés anglo-saxons, où une demi-finale en Grand Chelem peut déclencher une frénésie, les exploits tchèques passent souvent inaperçus. Est-ce une question de culture ou de manque d’exposition ?
« La nationalité joue un rôle clé. Une joueuse tchèque de 29 ans n’a pas le même attrait qu’une jeune star britannique ou américaine. »
– Un observateur du tennis
Ce constat est cruel mais réaliste. Les sponsors cherchent des figures qui captent l’attention mondiale, et le marché tchèque, bien que fervent de tennis, reste limité en termes de portée globale. Krejcikova, malgré son talent, n’a pas encore réussi à transcender cette barrière.
Les Défis Physiques et Leur Impact
Les pépins physiques n’ont pas aidé. Une blessure au dos a tenu Krejcikova éloignée des courts après sa demi-finale au Masters l’an dernier. Son retour, poussif, à Strasbourg en mai, n’a pas permis de maintenir une dynamique médiatique. Mais même en pleine forme, aurait-elle attiré plus de lumière ? Rien n’est moins sûr.
Le tennis est un sport impitoyable. Une absence prolongée, même justifiée, peut reléguer une joueuse dans l’oubli. Les fans et les sponsors se tournent vite vers les nouvelles sensations. Pourtant, Krejcikova a prouvé qu’elle pouvait rebondir. Sa résilience est une force, mais elle ne fait pas les gros titres.
Une Nouvelle Ère pour le Sponsoring ?
Face à ce constat, Krejcikova explore de nouvelles voies. Elle s’engage avec la PTPA (Association des Joueurs de Tennis Professionnels) et Winners Alliance, une structure qui négocie des contrats collectifs pour les joueurs. Ces initiatives offrent des opportunités inédites, comme des partenariats avec des marques originales – à l’image d’une ligne de tee-shirts mettant en avant des portraits stylés de joueuses.
- PTPA et Winners Alliance : Des deals collectifs basés sur le classement et les performances passées.
- Contrats garantis : Des revenus stables pour les joueurs, indépendamment de leur popularité.
- Nouveaux concepts : Des projets comme des vêtements personnalisés pour capter l’attention.
Ces initiatives pourraient changer la donne. Elles permettent à des joueuses comme Krejcikova de contourner les obstacles traditionnels du sponsoring. Mais pour l’instant, elle reste en attente d’un contrat majeur avec un équipementier, signe que le marché tarde à reconnaître sa valeur.
Comment Percer dans un Monde d’Image ?
Le cas de Krejcikova soulève une question plus large : comment exister dans un sport où l’image prime sur le talent ? Doit-elle changer son approche, devenir plus visible sur les réseaux, ou rester fidèle à elle-même ? J’ai toujours pensé que le sport devrait récompenser avant tout la performance. Mais dans cette ère numérique, la réalité est autre.
Krejcikova ne manque pas d’atouts. Son amour du jeu, sa technique irréprochable et ses échanges sincères avec les fans sur les réseaux montrent une authenticité rare. Peut-être que son heure viendra, portée par une nouvelle victoire ou un coup d’éclat inattendu. En attendant, elle reste une championne discrète, mais indéniablement talentueuse.
« Je veux qu’on parle de moi, parce que je pense que je le mérite. »
– Une championne en quête de lumière
Et si c’était à nous, fans et observateurs, de lui rendre justice ? En continuant à suivre ses matches, à célébrer ses victoires, peut-être pouvons-nous contribuer à faire briller cette étoile trop discrète. Wimbledon 2025, où elle défend son titre, pourrait être le tournant. À nous de regarder.
