Vous est-il déjà arrivé d’imaginer le pire scénario possible en entendant des cris la nuit dans l’immeuble ? Moi oui. Et parfois, la réalité dépasse largement ce qu’on redoute.
Cette semaine à Lyon, dans le calme (relatif) du quai Arloing, dans le 9e arrondissement, des riverains ont composé le 17 vers 3 heures du matin. Des hurlements de dispute, une femme qui pleure, un homme qui élève la voix. Classique, hélas. Ils craignaient des violences conjugales. Les policiers sont arrivés rapidement. Et là… ils n’étaient vraiment pas prêts à ce qu’ils allaient découvrir.
Une chambre d’enfant transformée en mini-serre
Lorsque les agents demandent à vérifier que tout va bien dans l’appartement, le couple, la trentaine, sans emploi, les laisse entrer sans trop résister. Ils reconnaissent s’être disputés, « rien de physique », disent-ils. Routine habituelle. Puis un policier pousse la porte de la chambre du bébé.
Et là, le choc.
Un nourrisson de 10 mois dort profondément dans son petit lit. À côté, à même le sol, une tente de culture fermée, ventilateur qui ronronne, lampe de croissance allumée en pleine nuit, et deux plants d’1 mètre 50 bien verts et odorants. L’odeur, d’ailleurs, embaume toute la pièce. Difficile de faire plus proche du berceau.
Franchement, j’ai eu un haut-le-cœur rien qu’en lisant le récit. Un bébé qui passe ses nuits à quelques centimètres de lampes chauffantes, de ventilateurs bruyants et surtout de plantes contenant très probablement du THC… Ça donne envie de hurler.
« On voulait juste faire du CBD » : l’excuse qui ne passe plus
Face aux policiers, les parents tentent la carte de l’innocence. « C’est pour faire du CBD, c’est légal, on voulait arrondir les fins de mois. » Argument entendu des centaines de fois ces dernières années. Sauf que, comme toujours, les analyses toxicologiques ont parlé : taux de THC largement au-dessus des 0,3 % autorisés pour le CBD « bien-être ». Traduction : c’était bien du cannabis stupéfiant.
On pourrait presque en rire si l’enjeu n’était pas un enfant de 10 mois respirant ça 24 h/24.
Le CBD « maison » avec des graines achetées sur Internet, c’est la nouvelle excuse à la mode. Sauf que 95 % du temps, les plants dépassent allègrement le seuil légal et on se retrouve avec de la beuh classique.
– Un policier spécialisé en stupéfiants que j’ai croisé récemment
Le danger invisible que beaucoup sous-estiment
On parle souvent du tabagisme passif, mais rarement du « cannabis passif ». Pourtant, un enfant exposé en continu à la fumée ou même simplement à l’odeur concentrée dans une pièce mal aérée peut absorber du THC par les poumons et la peau. Résultat ? Risque de troubles du sommeil, d’irritabilité, de retard de développement, voire d’intoxication aiguë en cas de contact direct.
Et je ne vous parle même pas de la lampe horticole 400 W ou 600 W qui chauffe à bloc dans une chambre de 10 m². Un incendie là-dedans et c’est la catastrophe assurée.
- Température excessive dans la pièce
- Humidité très élevée → risque de moisissures et de légionellose
- Bruit constant du ventilateur et de l’extracteur d’air
- Odeurs fortes qui imprègnent vêtements, doudous, poumons
- Risque électrique avec les branchements sauvages
Autant de détails qui font froid dans le dos quand on pense que c’est le quotidien d’un bébé qui ne demande rien à personne.
Une précarité qui pousse parfois aux pires choix
Le couple était sans emploi, en grande difficulté financière. On le sent dans chaque ligne du récit. Cultiver deux plants pour « pour se faire un peu d’argent » ou « pour le CBD thérapeutique », c’est souvent le dernier recours de gens qui ne voient plus d’issue.
Mais là où ça devient inacceptable, c’est quand ce choix met en danger direct la vie d’un enfant. Parce qu’à 10 mois, on n’a pas son mot à dire sur l’air qu’on respire.
J’ai vu trop d’histoires similaires ces dernières années : des parents qui jurent que « c’est juste pour usage personnel », que « l’enfant ne risque rien », et qui finissent avec une ordonnance de placement provisoire. Et franchement, même si ça fait mal, parfois c’est la seule solution pour protéger le petit.
Le bébé placé : la décision qui choque et qui sauve
L’enfant a immédiatement été conduit à l’hôpital pour examens. Aucun signe d’intoxication aiguë, heureusement, mais le magistrat a pris une ordonnance de placement provisoire dans la foulée. Les parents, eux, ont passé 48 heures en garde à vue pour détention de stupéfiants et soustraction à leurs obligations parentales.
C’est violent. Séparer un bébé de ses parents, même temporairement, ça laisse des traces. Mais laisser un nourrisson dormir à côté de plants de cannabis, c’est jouer à la roulette russe avec sa santé.
Et entre nous, quand je préfère mille fois un placement provisoire qu’un drame irréversible.
Ces affaires qui se multiplient en silence
Il y a quelques mois, dans l’Essonne, un bébé de 9 mois avait été hospitalisé après avoir ingéré de la résine. Avant ça, un autre dans le Nord retrouvé avec des taux de THC dans le sang. Et on pourrait continuer la liste longtemps.
Le cannabis « récréatif » ou « thérapeutique » maison est devenu tellement banalisé que certains parents ne se rendent plus compte du danger. On voit des tentes de culture dans des studios, des garages, et oui, parfois dans des chambres d’enfants.
Ce qui me frappe le plus, c’est le décalage : on se bat pour interdire les écrans avant 3 ans, on pèse chaque milligramme de paracétamol, mais on accepte qu’un bébé respire du THC H24 parce que « c’est naturel ».
Et maintenant ?
Les parents risquent gros : jusqu’à 7 ans de prison et 100 000 € d’amende pour la culture, plus des peines complémentaires pour mise en danger de mineur. Mais surtout, ils risquent de perdre la garde longue durée si les services sociaux estiment qu’ils ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité de leur enfant.
Le bébé, lui, est en lieu sûr. C’est déjà ça.
Cette histoire, aussi sordide soit-elle, nous rappelle une chose essentielle : la liberté des parents s’arrête là où commence le danger pour un enfant qui ne peut pas se défendre. Peu importe les galères financières, peu importe les convictions sur le cannabis. Un bébé mérite mieux qu’une chambre qui sent la beuh et qui chauffe à 30 °C la nuit.
Et vous, qu’auriez-vous fait à la place des voisins ? Appelé la police tout de suite, ou attendu le lendemain ? Moi, je sais ce que j’aurais fait. Et vous ?
(Article rédigé à partir d’éléments d’enquête publique – aucune information permettant d’identifier la famille n’a été conservée)
