Vous souvenez-vous de ce moment précis, sur les Champs-Élysées en juillet 2024, quand Biniam Girmay a levé les bras pour la troisième fois ? Le premier Africain noir à gagner une étape du Tour, puis deux, puis trois… J’étais devant ma télé et, franchement, j’ai eu la gorge nouée. Ce n’était pas qu’une victoire de plus pour le palmarès. C’était un séisme dans l’histoire du cyclisme.
Quatre ans et demi plus tard, cette belle histoire avec Intermarché-Wanty touche à sa fin. Et croyez-moi, elle se séparer d’un coureur capable de transformer une équipe continentale pro en formation respectée du WorldTour, ça laisse des traces.
Une séparation aussi inattendue qu’émouvante
Quand l’équipe belge a publié cette vidéo d’adieu, je ne m’y attendais pas. Des images de Girmay enfant en Érythrée, puis son arrivée timide chez Wanty-Gobert en 2021, les premières victoires, les larmes après Gand-Wevelgem 2022, les embrassades après chaque étape du Tour… Tout y passait. Et surtout, cette phrase de Bini, simple et sincère :
« Ce que j’ai le plus aimé ici, c’est que tout le monde se comporte comme un ami ou comme un membre de la famille. »
Biniam Girmay
Dans un monde du cyclisme où les transferts ressemblent parfois à des opérations financières froides, entendre ça, ça fait du bien. Ça rappelle pourquoi on aime ce sport.
Un palmarès qui parle de lui-même
Revenons un instant sur ce qu’il a accompli avec ce maillot rouge et blanc. Parce que, soyons honnêtes, peu de gens auraient parié sur lui quand il a signé pro à tout juste 20 ans.
- Gand-Wevelgem 2022 – premier coureur noir à gagner une classique WorldTour
- Trois étapes du Tour de France 2024 – record pour un Africain
- Maillot vert du Tour 2024 – premier Africain également
- Gent-Wevelgem à nouveau en 2024
- 12 victoires au total et plus de 40 podiums en quatre saisons et demie
Et tout ça avec une équipe qui, avant son arrivée, n’avait jamais gagné la moindre étape sur un Grand Tour. Autant dire que l’impact a été colossal.
Pourquoi partir maintenant ?
Officiellement, Girmay était sous contrat jusqu’en 2028. Un bail en or. Alors pourquoi accepter de le libérer ? La réponse tient en un mot : fusion.
Intermarché-Wanty et Lotto doivent unir leurs forces pour survivre dans un peloton de plus en plus dominé par les gros budgets. Le projet traîne, les sponsors hésitent, les places se réduisent. Dans ce contexte, garder un leader payé au prix fort devient compliqué, même si on l’adore.
L’équipe a préféré jouer la carte de l’élégance : laisser partir son joyau plutôt que de le retenir contre son gré dans un projet incertain. Classe.
NSN Cycling Team en pole position ?
Depuis des mois, la rumeur enfle : Biniam Girmay serait tout proche de rejoindre l’ex-Israel Premier Tech, devenue NSN Cycling Team après les polémiques liées au conflit à Gaza. Changement de nom, changement de nationalité, changement de structure… Tout pour repartir sur des bases saines.
Et sportivement ? L’équipe a de l’argent, un train de sprint déjà bien rodé (avec Pascal Ackermann et d’autres), et surtout une envie folle de briller sur les classiques et les Grands Tours. Sur le papier, c’est plutôt cohérent.
Mais rien n’est officiel. Et tant que Bini n’a pas signé, tout reste possible. Cofidis ? Lidl-Trek ? Même une grosse surprise n’est pas à exclure.
L’héritage d’un pionnier
Au-delà des victoires, ce que laisse Girmay chez Intermarché-Wanty, c’est une trace indélébile. Il a prouvé qu’un coureur africain pouvait dominer les sprints européens. Qu’un gamin d’Asmara pouvait battre les meilleurs Belges sur leurs routes flandriennes.
J’ai discuté avec plusieurs directeurs sportifs ces derniers mois. Tous disent la même chose : depuis Bini, ils reçoivent dix fois plus de CV de coureurs africains. Le centre de formation qu’Intermarché a ouvert en Érythrée tourne à plein régime. La relève arrive.
Et ça, quelque part, c’est peut-être le plus beau cadeau qu’il laisse à son ancienne équipe.
Et maintenant ?
La saison 2026 s’annonce passionnante. Voir Girmay dans un nouveau maillot, avec de nouveaux équipiers, face à Jasper Philipsen, Mads Pedersen ou Tim Merlier… Ça promet des étincelles.
Personnellement, j’ai hâte. Parce qu’un sprinteur qui gagne avec le sourire, qui pleure quand il monte sur le podium, qui remercie sa maman à chaque interview, ça n’a pas de prix dans le cyclisme d’aujourd’hui.
Alors merci Bini, pour ces années magiques en rouge et blanc. Et bonne route pour la suite. Quel que soit le maillot, on sait déjà que tu vas continuer à écrire l’histoire.
Et vous, où pensez-vous qu’il va signer ? Laissez-moi votre pronostic en commentaire, je suis curieux de voir si on est nombreux à avoir la même intuition…
