Imaginez un pays où l’économie vacille, où les promesses politiques s’effritent sous le poids des crises, et où un homme, issu d’une dynastie politique, promet de tout changer sans bouleverser les fondations. En Bolivie, ce scénario s’est matérialisé le 20 octobre 2025, lorsque Rodrigo Paz, sénateur de centre-droit, a remporté l’élection présidentielle avec une majorité convaincante de 54,5 % des voix. Fils d’un ancien président, cet économiste au ton populiste mais modéré a su captiver un peuple épuisé par deux décennies de gouvernements socialistes et une crise économique qui ne semble pas vouloir s’essouffler. Mais qui est vraiment cet homme qui promet un capitalisme pour tous ? Et peut-il vraiment tenir ses promesses ?
Un Vent de Changement en Bolivie
La Bolivie, pays riche en ressources naturelles mais plombé par une gestion économique chaotique, a choisi Rodrigo Paz pour ouvrir un nouveau chapitre. Avec une victoire nette face à Jorge Quiroga, ancien président de droite, Paz s’est imposé comme une figure de consensus, évitant les étiquettes idéologiques tranchées. Son discours, teinté d’un populisme mesuré, résonne avec une population lassée des extrêmes. Mais ce qui m’a frappé, c’est sa capacité à parler à tout le monde : des ouvriers aux entrepreneurs, des ruraux aux urbains. Comment un homme sans parti politique fort a-t-il pu renverser les pronostics ?
Un Héritage Politique et une Vie d’Exil
Rodrigo Paz n’est pas un inconnu dans le paysage politique bolivien. Né en 1967 en Espagne, il est le fils de Jaime Paz Zamora, président de la Bolivie de 1989 à 1993. Son histoire familiale est marquée par l’exil : poursuivie par des dictatures militaires, sa famille a vécu dans dix pays différents, de l’Argentine au Venezuela. Cette vie nomade a forgé chez lui une vision du monde unique, mêlant résilience et pragmatisme. « J’ai grandi en voyant mes parents lutter pour la démocratie », a-t-il confié dans une interview récente. Cette expérience, il la met aujourd’hui au service de son pays.
Dans la lutte de mes parents pour la démocratie, nous avons vécu dans dix pays différents.
– Rodrigo Paz, lors d’un discours de campagne
Sénateur de Tarija, une région riche en gaz et pétrole, Paz a passé les cinq dernières années à sillonner la Bolivie, rencontrant des communautés locales, des syndicats, des chefs d’entreprise. Ce n’est pas un hasard s’il se décrit comme un « candidat du terrain ». Contrairement à beaucoup de politiciens, il n’a pas surgi de nulle part : son parcours, de député à maire, puis à sénateur, témoigne d’une ascension méthodique. Et pourtant, il a su garder une certaine humilité, un atout rare en politique.
Un Capitalisme pour Tous : Une Vision Audacieuse
Le slogan de Paz, capitalisme pour tous, peut sembler paradoxal dans un pays où le socialisme a dominé pendant deux décennies. Mais c’est précisément cette ambiguïté qui fait sa force. Plutôt que de prôner un libéralisme sauvage, Paz propose une économie où l’État joue un rôle réduit, mais où les bénéfices du capitalisme profitent à tous, pas seulement aux élites. Ses propositions ? Des coupes franches dans les dépenses publiques, des incitations aux investissements privés et une modernisation des infrastructures. Mais est-ce réalisable dans un pays où l’inflation galope et où les réserves de devises s’amenuisent ?
- Coupes budgétaires : Réduire les dépenses publiques pour assainir les finances.
- Investissements privés : Attirer des capitaux étrangers dans les secteurs clés comme l’énergie.
- Modernisation : Développer les infrastructures pour relancer l’économie.
J’avoue être intrigué par cette vision. D’un côté, elle semble pragmatique : la Bolivie a besoin d’un électrochoc économique. De l’autre, elle soulève des questions. Comment concilier des coupes budgétaires avec les attentes d’une population habituée à des programmes sociaux généreux ? Paz devra marcher sur une corde raide.
Un Style Populiste, mais Modéré
Ce qui distingue Paz, c’est son ton. Il n’est ni le révolutionnaire enflammé ni le technocrate distant. Il parle comme un voisin, un ami, quelqu’un qui comprend les galères du quotidien. Ses meetings se terminaient souvent par des slogans inspirés de figures historiques comme Che Guevara, un clin d’œil audacieux pour un homme de centre-droit. « Hasta la victoria siempre », lançait-il, faisant vibrer les foules. Mais derrière cette rhétorique, il y a une volonté de rassemblement. Paz refuse de se laisser enfermer dans une case idéologique.
Je n’ai pas à me définir, mais à offrir au pays une alternative.
– Rodrigo Paz, lors d’une interview télévisée
Son absence d’affiliation à un grand parti politique a été à la fois un défi et un atout. En s’alliant avec le Parti démocrate-chrétien, un parti à la base modeste, Paz a construit sa campagne sur son charisme et son réseau. Et ça a payé : contre toute attente, il a dominé le premier tour, alors que les sondages le reléguaient loin derrière. Ce genre de retournement, c’est presque du cinéma !
Les Défis d’un Pays en Crise
La Bolivie traverse une période sombre. La crise économique, marquée par une inflation galopante et une pénurie de devises, a fragilisé les ménages. Le pays, riche en gaz et en lithium, n’a pas su capitaliser sur ses ressources. Les vingt ans de gouvernance socialiste, sous l’égide d’Evo Morales, ont laissé des traces : des programmes sociaux ambitieux, mais aussi une bureaucratie lourde et une dépendance aux exportations. Paz hérite d’un pays divisé, où les attentes sont immenses.
| Problème | Impact | Solution proposée par Paz |
| Inflation élevée | Augmentation des prix, perte de pouvoir d’achat | Coupes dans les dépenses publiques |
| Pénurie de devises | Difficultés à importer des biens essentiels | Attirer les investissements étrangers |
| Bureaucratie lourde | Ralentissement des projets économiques | Simplification administrative |
Ce tableau, bien qu’épuré, montre l’ampleur de la tâche. Paz devra non seulement redresser l’économie, mais aussi convaincre une population sceptique. Les Boliviens, habitués aux discours enflammés, veulent des résultats concrets. Et si j’osais une opinion personnelle, je dirais que son succès dépendra de sa capacité à communiquer ses réformes sans perdre le soutien des classes populaires.
Un Homme du Terrain
Ce qui m’a marqué dans le parcours de Paz, c’est son ancrage local. Avant d’être sénateur, il a été maire de Tarija, une ville qu’il a transformée grâce à des projets d’infrastructures. Il connaît les réalités du terrain, des communautés rurales aux grandes villes. Selon des analystes, son approche rappelle celle d’Evo Morales avant son accession au pouvoir : un travail de proximité, des poignées de main, des discussions dans les marchés. Mais là où Morales jouait la carte de la rupture, Paz mise sur la continuité apaisée.
Son colistier, Edmand Lara, issu d’un milieu modeste, a également joué un rôle clé. Ensemble, ils ont su parler aux secteurs populaires, ceux qui se sentent laissés pour compte. Cette connexion émotionnelle, c’est peut-être ce qui a fait basculer l’élection. Mais la question demeure : saura-t-il transformer cet élan en résultats tangibles ?
Les Contradictions d’un Leader
Rodrigo Paz n’est pas exempt de contradictions. Critiquant le socialisme, il n’hésite pas à reprendre des slogans révolutionnaires. S’alliant à des stratèges controversés, il se présente pourtant comme un homme de consensus. Ces paradoxes, loin de le desservir, semblent avoir renforcé son attrait. Les Boliviens, fatigués des clivages, ont vu en lui une figure capable de réconcilier les contraires.
Mais ces ambiguïtés pourraient aussi devenir un piège. Si ses réformes échouent, il risque de perdre la confiance des classes populaires qui l’ont porté au pouvoir. Et puis, il y a cette question qui me trotte dans la tête : un capitalisme pour tous est-il vraiment possible dans un pays où les inégalités sont si profondes ?
Un Avenir Incertain, mais Plein d’Espoir
En remportant cette élection, Rodrigo Paz a réussi un pari audacieux : convaincre un pays fracturé qu’un autre avenir est possible. Son programme, ambitieux, repose sur une idée simple mais puissante : relancer l’économie tout en restant à l’écoute des citoyens. Mais le chemin sera semé d’embûches. La crise économique, les attentes sociales et les tensions politiques seront autant de défis à relever.
Ce qui me fascine, c’est l’énergie qu’il insuffle. Dans un monde où les politiciens semblent souvent déconnectés, Paz donne l’impression d’être un homme du peuple, même s’il vient d’une élite. Reste à savoir s’il saura transformer cet élan en résultats concrets. Une chose est sûre : la Bolivie retient son souffle.
Alors, que penser de cette victoire ? Rodrigo Paz est-il le sauveur que la Bolivie attendait, ou un énième politicien aux belles paroles ? Seul l’avenir nous le dira. Mais une chose est certaine : son arrivée marque un tournant. Et si, pour une fois, le changement venait d’un homme qui refuse de choisir un camp ?
