Vous vous êtes déjà demandé ce qui se passerait si, un matin, votre bulletin de vote pour les municipales comportait une case « Pour le Roi » ? Moi non plus… jusqu’à récemment.
Et pourtant, à quelques mois du scrutin de 2026, des listes ouvertement royalistes poussent comme des champignons dans les campagnes et les petites villes françaises. Pas des blagues potaches, pas des nostalgiques en costume d’époque qui font la fête une fois par an. Non : des candidats sérieux, souvent novices en politique, qui affichent la fleur de lys et militent pour le retour d’un monarque sur le trône. Rien que ça.
Une stratégie étonnante : conquérir les mairies pour restaurer la couronne
L’idée peut paraître totalement décalée en 2025. Et pourtant, elle est plutôt maligne quand on y réfléchit deux minutes.
Le principe ? Partir du bas. Reprendre les communes, créer ce qu’ils appellent des « baronnies locales », montrer que ça fonctionne, et faire remonter la mayonnaise jusqu’à l’Élysée… ou plutôt jusqu’à un palais royal réhabilité. Un peu comme si on reconstruisait la France éternelle brique par brique, bulletin par bulletin.
Le parti qui porte ce projet s’appelle le Lys royal de France. Un nom qui sent bon la poussière des archives et le parfum de l’Ancien Régime, mais dont les membres assurent qu’ils veulent une monarchie moderne, adaptée au XXIe siècle. Pas de perruques poudrées ni de droit divin version Moyen Âge : un roi arbitre, au-dessus des partis, garant de l’unité et de la continuité de l’État. Un peu comme dans les monarchies scandinaves ou au Royaume-Uni, mais avec plus de panache latin, paraît-il.
Louis XX, l’homme qui pourrait (théoriquement) devenir roi
Au centre de tout cela, un homme : Louis Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou, que les légitimistes appellent Louis XX. Né en 1974 à Madrid, descendant direct (selon la branche aînée) de Louis XIV, Philippe V d’Espagne et donc de tous les rois capétiens. Pour ses partisans, il est l’héritier légitime d’une lignée ininterrompue de plus de mille ans.
Dans la vraie vie, c’est un banquier discret, père de famille, qui vit entre Madrid et Paris et qui n’a jamais publiquement réclamé le trône avec tambours et trompettes. Mais il ne l’a jamais renié non plus. Et ça suffit largement à faire rêver toute une galaxie royaliste.
« La France a tellement brillé sous la royauté. Regardez Versailles, le Grand Siècle, la puissance française jusqu’en 1789… Aujourd’hui on est devenus une République fatiguée, divisée, sans horizon. »
Un candidat royaliste du Maine-et-Loire
Cette phrase, je l’ai entendue presque mot pour mot chez plusieurs d’entre eux. On sent une vraie lassitude de la Ve République, de ses scandales, de ses changements de majorité tous les cinq ans, de cette impression que plus rien ne dure.
Des candidats qui sortent de l’ombre un peu partout
Concrètement, où en est-on ?
Dans le Maine-et-Loire, à Hauts-d’Anjou, un conducteur routier de 44 ans s’est lancé. Il habite le coin depuis deux ans et demi à peine, mais il rêve déjà d’écharpe tricolore… avec une fleur de lys brodée dessus. Son argument massue ? « Il faut arrêter de se déchirer. Avec un roi, tout le monde regarderait dans la même direction. »
Plus au sud, à Rodez en Aveyron, un autre candidat lance un appel à candidatures « ouvert et pluraliste ». Il veut une liste qui rassemble « gauche, droite, centre », tant que tout le monde accepte l’idée d’un monarque au-dessus.
Et ils ne sont pas seuls. On murmure de listes en préparation en Bretagne, dans le Sud-Ouest, en Alsace… Rien de massif encore, mais suffisamment pour que le phénomène devienne visible.
Pourquoi maintenant ?
C’est là que ça devient intéressant.
La Ve République n’a jamais été aussi impopulaire. Abstention record, défiance envers les élus, sentiment que le système est bloqué. Ajoutez à ça une forme de nostalgie d’une France « grande » et unie, et vous avez le terrain parfait pour que des idées qu’on croyait enterrées depuis 1870 refassent surface.
- Crise de confiance dans les institutions républicaines
- Désir d’un arbitre au-dessus des partis
- Rejet du « tous pourris » et envie d’incarnation nationale
- Retour des valeurs traditionnelles (famille, patrie, chrétienté pour certains)
- Idée que la monarchie = stabilité (l’exemple espagnol avec Juan Carlos après Franco est souvent cité)
Après, soyons honnêtes : les chances qu’un maire royaliste soit élu en 2026 restent infimes. Mais l’important n’est peut-être pas là. L’important, c’est la visibilité. Planter le drapeau bleu et or dans le débat public. Faire parler de l’idée. Normaliser le sujet.
Une monarchie « des temps modernes » : ça voudrait dire quoi ?
Les royalistes d’aujourd’hui ne veulent pas revenir à Louis XIV. Enfin, pas vraiment.
Ils parlent plutôt d’une monarchie constitutionnelle à la belge ou à la suédoise : le roi règne mais ne gouverne pas. Il nomme le gouvernement issu des élections, il peut dissoudre l’Assemblée en cas de crise grave, il incarne la continuité de l’État. Le reste ? Parlement, Premier ministre, tout ça reste.
Mais avec un twist français : un roi catholique, garant des « valeurs chrétiennes de la France », et qui pourrait avoir un rôle plus fort en matière d’unité nationale et de défense de la souveraineté.
Certains vont plus loin et rêvent de redonner du pouvoir aux provinces, de supprimer des échelons administratifs inutiles, de retrouver une France des « pays » plutôt que des régions technocratiques.
Et si ça marchait vraiment ?
Imaginons un instant.
Un petit village élit un maire royaliste en 2026. Puis un deuxième. Puis dix. Les médias s’emballent. Le sujet devient tendance. Des intellectuels s’y mettent. Un sondage sort : 18 % des Français se disent « pas opposés » à l’idée d’un roi. Et là, plus rien n’est impossible.
Farfelu ? Peut-être. Mais rappelez-vous : personne n’imaginait Macron président en 2015. Personne n’imaginait le Brexit gagné. La politique réserve parfois des surprises qu’aucun algorithme ne voit venir.
« On ne restaure pas une monarchie en un jour. Mais on peut commencer par une mairie. »
Cette phrase, dite à demi-mot par plusieurs candidats, résume tout.
Alors, simple feu de paille folklorique ou début d’un vrai mouvement ? Difficile à dire aujourd’hui. Mais une chose est sûre : en 2025, parler sérieusement de rétablir la monarchie en France n’est plus forcément une blague de salon. C’est devenu un projet politique qui a ses candidats, son prétendant, et ses arguments.
Et vous, vous en pensez quoi ? Personnellement, j’avoue que l’idée me fait sourire… tout en me faisant réfléchir. Parce qu’après tout, dans une démocratie en crise, même les idées les plus folles méritent qu’on s’y arrête deux minutes.
La fleur de lys va-t-elle refleurir sur les frontons des mairies ? Réponse dans quelques mois.
En attendant, une chose est certaine : les municipales 2026 risquent d’être un peu plus… royales qu’on ne le pensait.
