Vous êtes-vous déjà demandé ce que ressent un ado de 15 ans quand il défile pour la première fois sur les Champs-Élysées, le cœur battant, avec la Flamme du Soldat inconnu juste devant lui ? Moi oui. Et franchement, l’image est plus forte que tout discours patriotique.
Cette année, plus de 21 000 collégiens et lycéens vivent cette expérience à travers les fameuses classes défense et sécurité globale. Un chiffre qui a quasiment doublé en quelques années. Derrière les chiffres, il y a des jeunes qui découvrent autre chose que TikTok et les cours de maths : le sens du collectif, la mémoire des anciens, et parfois même une vocation.
Quand l’école fait le pont avec l’uniforme
Deux heures par semaine. C’est le temps minimum que ces élèves consacrent à leur option « défense ». Deux petites heures qui changent tout.
Parce que oui, on parle bien d’une option scolaire, pas d’un stage commando. Ces classes existent depuis 2005, mais elles ont pris une toute autre dimension depuis le plan de 2022 qui visait à renforcer le lien armée-nation. Résultat ? Plus de 850 établissements impliqués aujourd’hui.
Sous l’Arc de Triomphe avec les secondes de Hoche
Octobre dernier, j’ai suivi une classe de seconde d’un grand lycée versaillais. Costumes sombres, bleuet impeccablement épinglé, ils attendaient leur tour pour le ravivage de la Flamme. Sixtine, 15 ans, déjà scout, me glisse : « C’est le moment le plus fort de ma vie scolaire pour l’instant. »
« On a l’impression d’appartenir à quelque chose de plus grand que nous. »
Sixtine, élève de seconde
Ensuite, il y a le défilé. Pas militaire, non. Juste des adolescents qui marchent droit, fiers, sous le regard des touristes ébahis. Et puis la gerbe déposée au pied de la tombe du Soldat inconnu. Silence total. Même les portables restent dans les poches.
Des profs passionnés, souvent réservistes
Derrière chaque classe défense, il y a presque toujours un enseignant qui porte le projet à bout de bras. Souvent prof d’histoire-géo ou d’EMC, parfois officier de réserve le week-end. Ils ne touchent pas un euro de plus, mais ils y croient dur comme fer.
Leur moteur ? Faire comprendre que la liberté a un prix. Que derrière les droits, il y a des devoirs. Et que l’armée, ce n’est pas seulement des chars et des fusils : c’est aussi une histoire, des valeurs, des métiers.
- Recherches généalogiques sur les anciens combattants de la famille
- Préparation de cérémonies du 8 mai ou du 11 novembre
- Visites d’unités (blindés de la gendarmerie mobile, régiments d’infanterie…)
- Rencontres avec des vétérans ou des militaires en activité
- Parcours du combattant (version light, mais qui marque les esprits)
Et les vocations dans tout ça ?
Évidemment, certains y viennent déjà avec l’idée de faire carrière dans l’uniforme. Amaury rêve de piloter un Rafale. Arthur voit les chasseurs alpins. Dylan, lui, veut devenir tireur d’élite – oui, il a dit « sniper », on n’est plus dans le politiquement correct là.
Mais la majorité découvre. Charlotte, par exemple, n’avait jamais pensé à l’armée avant. Aujourd’hui, elle hésite entre journalisme et gendarmerie. « J’ai vu des femmes pilotes, des femmes dans les commandos… ça change tout. »
« On nous montre que l’armée, c’est aussi un ascenseur social incroyable pour ceux qui veulent bosser dur. »
Un élève de terminale, ancien de la classe défense
La polémique qui revient toujours
Évidemment, tout n’est pas rose. Certains syndicats enseignants s’inquiètent d’une « militarisation rampante » de l’école. Le mot « entrisme » revient souvent. On accuse le ministère des Armées de profiter de ces classes pour recruter discrètement.
Sur le terrain, les profs qui animent ces options balayent l’argument d’un revers de main. « On ne fait pas du prosélytisme, on fait de l’éducation citoyenne », répètent-ils. Et les chiffres leur donnent plutôt raison : sur une classe de 30, peut-être 4 ou 5 iront finalement à l’armée. Le reste gardera juste… une conscience plus aigüe de ce qu’est une nation.
Personnellement, j’ai du mal à voir le mal quand des gamins de 16 ans sont capables de vous parler avec émotion du débarquement de Provence ou de la bataille de Bir Hakeim. Ça vaut bien quelques soupçons, non ?
Ce que les élèves en retirent vraiment
Au-delà des clichés, voilà ce que j’ai observé :
- Ils apprennent à travailler en équipe dans l’adversité (le parcours du combattant, même allégé, soude un groupe)
- Ils découvrent des métiers qu’ils ignoraient (cyberdéfense, renseignement, santé militaire…)
- Ils comprennent pourquoi on se lève pour la Marseillaise
- Ils posent des questions plus adultes sur la guerre, la paix, l’engagement
- Et oui, certains changent complètement de trajectoire
Olivia, 16 ans, résume mieux que personne après une visite chez les parachutistes : « On a eu beau transpirer dans les fossés, on s’est tous encouragés. J’ai compris ce que voulait dire cohésion. »
Et demain ?
Le dispositif continue de grossir. De nouveaux régiments se portent parrains. Des académies entières se lancent. Et même dans les quartiers dits « sensibles », des classes défense voient le jour – avec, paraît-il, un succès assez fou.
Parce qu’au fond, dans un monde où tout va vite et où les repères vacillent, certains jeunes cherchent du sens. Et parfois, ils le trouvent en apprenant à défiler droit, à respecter une minute de silence, ou simplement à porter un bleuet avec fierté.
Alors oui, 21 000 élèves aujourd’hui. Peut-être 30 000 demain. Et franchement ? Je trouve ça plutôt rassurant.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Faut-il développer encore ces classes défense ou rester prudent ? Dites-le moi en commentaire, j’ai vraiment envie de savoir où vous placez le curseur entre éducation citoyenne et crainte de l’embrigadement.
