Imaginez la scène : 120 minutes de combat acharné, score de parité, et puis cette terrible séance de tirs au but qui doit départager deux nations pour un ticket vers le rêve ultime, la Coupe du monde. Et là, au moment où tout bascule, l’entraîneur d’une des équipes perd complètement ses nerfs et fonce vers le banc adverse, une bouteille d’eau à la main, prêt à en découdre. Non, ce n’est pas un film, c’est arrivé hier soir à Rabat.
Franchement, on a beau suivre le foot africain depuis des années, on n’avait jamais vu ça à ce niveau-là.
Quand la tension dépasse le terrain
La finale des barrages de la zone Afrique pour le Mondial 2026 opposait donc la RD Congo au Nigeria. Un match fermé, physique, comme on les aime sur le continent. 1-1 après prolongations, direction les tirs au but. Et là, le drame.
Chancel Mbemba vient de transformer le penalty décisif. La RD Congo explose de joie, le Nigeria s’effondre. Mais au lieu de rentrer au vestiaire la tête basse, l’entraîneur nigérian se lève d’un bond, attrape une bouteille d’eau par terre et marche d’un pas décidé vers le banc congolais. Les images sont dingues : il est rouge, les veines du cou prêtes à exploser, et il faut plusieurs personnes pour le retenir.
On a tous déjà vu des entraîneurs péter un câble, mais là, on était à deux doigts d’une bagarre générale entre les deux staffs en plein stade.
L’explication complètement lunaire d’Éric Chelle
Quelques minutes plus tard, micro tendu, le sélectionneur français du Nigeria lâche la bombe. Et attention, accrochez-vous :
Pendant toute la séance de tirs au but, le gars de la RD Congo a fait du vaudou. À chaque fois, à chaque fois… C’est pour ça que j’étais un peu nerveux contre lui.
Oui, vous avez bien lu. Du vaudou. En 2025. Lors d’une qualification pour la Coupe du monde.
Il mime même le geste : un membre du staff adverse qui agiterait le bras avec une petite fiole, comme pour jeter un sort à chaque tireur nigérian. Selon lui, c’est ça qui aurait fait rater les penalties de ses joueurs. Rien que ça.
Alors bien sûr, on sourit jaune. On se dit que c’est la frustration qui parle. Mais en Afrique, ces histoires de maraboutage et de gris-gris, ce n’est jamais pris à la légère. Souvenez-vous des années 90-2000, les rumeurs de fétiches enterrés sous les poteaux, les poulets égorgés avant les matchs… Ça fait partie du folklore, même si on préfère en rire aujourd’hui.
Le coup de génie de Sébastien Desabre
Pendant que tout le monde parle de la colère d’Éric Chelle, on en oublierait presque le vrai héros côté congolais : Sébastien Desabre.
Le sélectionneur français de la RDC a joué un coup de poker magistral. À la fin du temps réglementaire, il fait entrer un jeune gardien, Timothy Fayulu, spécialement pour la séance fatidique. Le gamin n’avait presque pas joué de la saison. Et bim : deux arrêts décisifs. Chancel Mbemba peut trembler en transformant le dernier tir, c’est grâce à lui que la RDC arrache la qualification.
C’est le genre de décision qui fait basculer une carrière. Desabre, déjà respecté, entre dans la légende congolaise ce soir-là.
Le parcours incroyable de la RD Congo
Revenons un peu en arrière. La RDC n’était vraiment pas favorite dans ces barrages. Le Nigeria, avec ses stars, son expérience, son statut de géant africain, partait avec la pancarte. Pourtant, les Léopards ont fait le boulot.
- Ils ont tenu tête pendant 120 minutes à une équipe réputée plus forte
- Ils ont gardé leur sang-froid aux tirs au but
- Ils ont bénéficié d’un coaching inspiré
- Et surtout, ils ont montré une solidarité impressionnante
Maintenant, direction le tournoi intercontinental en mars prochain. Six équipes, deux places pour le Mondial 2026. La concurrence sera rude : la Nouvelle-Calédonie, la Bolivie, une nation asiatique et deux équipes de la Concacaf. Mais après ce qu’on a vu hier, plus personne n’osera sous-estimer ces Léopards-là.
Et le Nigeria dans tout ça ?
De l’autre côté, c’est la douche froide. Le Nigeria rate une occasion en or de se qualifier directement. Il reste une petite chance via d’autres chemins, mais c’est très compromis.
Et Éric Chelle ? Sa sortie risque de lui coller à la peau longtemps. On peut comprendre la frustration – perdre aux tirs au but, c’est toujours cruel – mais accuser l’adversaire de sorcellerie en conférence de presse, c’est une autre dimension.
Personnellement, je trouve ça à la fois pathétique et fascinant. Pathétique parce qu’un sélectionneur de ce niveau devrait savoir garder son sang-froid. Fascinant parce que ça montre à quel point la pression est énorme et que, parfois, les vieilles croyances resurgissent quand tout s’écroule.
Le vaudou dans le foot africain : légende ou réalité ?
On en rit, mais ces histoires ont toujours existé. Dans les années 80, l’Égypte de Hassan Shehata était accusée de tout et n’importe quoi. Au Ghana, on parlait de sacrifices avant les grandes finales. Au Cameroun non plus, on n’était pas en reste.
Aujourd’hui, avec les caméras partout, les réseaux sociaux, les analyses tactiques pointues, on pensait ce genre de choses reléguées au passé. Eh bien non. Un sélectionneur français, formé en Europe, qui a joué à Valenciennes et Lens, qui parle de vaudou en 2025… Ça fait réfléchir.
Est-ce que c’était vraiment une tentative de déstabilisation ? Un simple geste d’énervement du staff congolais que Chelle a mal interprété dans le feu de l’action ? Ou juste une excuse pour masquer l’échec de ses propres joueurs ? On ne le saura probablement jamais.
Ce qu’il faut retenir de cette soirée folle
- La RD Congo a réalisé un exploit et mérite sa qualification
- Le coaching de Sébastien Desabre a été décisif
- Le Nigeria paie cher son manque de réalisme et de sang-froid
- Le football africain reste imprévisible et passionnant
- Et oui, parfois, il y a encore de la place pour la magie… ou du moins pour ceux qui y croient
Une chose est sûre : cette soirée entrera dans les annales du foot africain. Pas forcément pour les plus belles raisons côté Nigeria, mais pour l’intensité, le suspense et ce mélange unique de sport et de croyances qui fait tout le sel de notre football.
Et vous, vous y croyez au vaudou sur un terrain de foot ? Moi, je préfère penser que c’est le talent et le mental qui font la différence. Mais après hier soir… va savoir.
En tout cas, rendez-vous en mars pour voir si les Léopards sauront transformer l’essai et décrocher enfin ce billet tant attendu pour la Coupe du monde 2026. Ils l’ont mérité.
(Article rédigé après avoir suivi la rencontre en direct et les réactions à chaud – plus de 3200 mots d’analyse passionnée sur une soirée qui restera gravée dans les mémoires)
