Vous est-il déjà arrivé de rouler en voiture, la nuit, et de découvrir au dernier moment un gamin en trottinette qui surgit comme un fantôme sur la chaussée ? Moi, oui. Et à chaque fois, le cœur fait un bond. Dans le Val-de-Marne, ils ont décidé que ça suffisait.
Ce n’est pas une énième campagne avec des affiches qu’on ne regarde même pas. Non, là, ils sont allés directement devant les collèges, à la sortie des cours, quand le soleil est déjà couché en novembre. Et ils ont parlé aux ados, vraiment.
Quand la nuit transforme les ados en ninjas… invisibles
Il est 17 h 30, il fait déjà noir comme dans un four. Les collégiens sortent en masse, sac à dos sur les épaules, écouteurs dans les oreilles, capuche rabattue. Beaucoup enfourchent leur vélo ou leur trottinette électrique. Et là, drame : la plupart sont habillés en noir, gris, ou marine. Autant dire qu’ils disparaissent complètement dans le décor.
J’ai vu la scène de mes propres yeux récemment devant un collège de l’est parisien. Un gamin en sweat noir traversait sans lumière, sans rien. Le chauffeur de bus qui arrivait a freiné sec. Tout le monde a sursauté. Et le gosse ? Il a juste levé les épaules, genre « quoi, j’ai rien fait ».
« Ce n’est pas grave si tu ressembles à un sapin de Noël, l’important c’est que les gens te voient ! »
Un policier spécialisé en sécurité routière, devant le collège Georges-Brassens à Santeny
Une opération coup de poing qui marque les esprits
Le 14 novembre dernier, à Santeny, l’association Le Nez au vent et des policiers ont installé un stand juste devant la grille du collège. Objectif : équiper gratuitement chaque jeune qui part à deux-roues. Gilet haute visibilité, casque fluorescent, lumières avant et arrière, brassards réfléchissants… tout y est passé.
Et surtout, ils ont pris le temps de discuter. Pas de leçon moralisatrice à deux balles, non. Ils ont montré des vidéos choc (oui, celles qu’on préfère éviter), expliqué la distance de freinage la nuit, fait toucher du doigt à quel point un piéton ou cycliste non éclairé est invisible à 50 mètres.
Résultat ? Des ados qui repartent avec leur gilet fluo sur le dos, un peu gênés au début (« ça fait moche »), puis plutôt fiers quand ils se rendent compte que, wahou, on les voit de loin.
Pourquoi c’est maintenant que ça devient urgent
Parce que les chiffres font peur, tout simplement. Entre 16 h et 20 h, les accidents impliquant des jeunes à vélo ou en trottinette explosent en automne et en hiver. La nuit tombe plus tôt, les journées raccourcissent, et les équipements de visibilité restent souvent… dans le sac à dos, quand ils existent.
- 70 % des collisions avec un deux-roues motorisé ou non se produisent à la tombée de la nuit ou la nuit
- Un cycliste sans éclairage ni élément réfléchissant est visible à seulement 30 mètres par un automobiliste (contre 150 mètres avec un bon équipement)
- Les 11-14 ans représentent une part importante des victimes graves sur ces créneaux horaires
Et puis il y a la trottinette électrique, ce phénomène qui a tout changé. Rapide, silencieuse, souvent utilisée sur les trottoirs puis hop, on descend sur la chaussée sans prévenir. Les conducteurs n’ont pas le temps de réagir.
Ce que les parents (et les ados) doivent absolument comprendre
On a beau répéter « porte un gilet », « allume tes feux », ça ne rentre pas toujours. Alors voilà, je vais être cash : si votre enfant rentre seul après 17 h en hiver, il joue sa vie à chaque trajet s’il n’est pas équipé. Point.
Un gilet fluorescent coûte 5 € sur internet. Un kit de lumières avant/arrière, moins de 15 €. C’est rien comparé au prix d’un enterrement ou d’une rééducation après un traumatisme crânien.
« Je croyais que comme j’étais sur le trottoir, ça allait. Mais quand le policier m’a montré la vidéo où on ne me voit presque pas… j’ai flippé. »
Lucas, 13 ans, après l’opération de sensibilisation
Les bons réflexes à adopter dès aujourd’hui
Pas besoin d’attendre une nouvelle opération. Voici ce qui marche à coup sûr :
- Vérifier chaque soir que les lumières fonctionnent (et penser aux piles de rechange)
- Mettre le gilet par-dessus la doudoune (sinon il ne sert à rien)
- Choisir un casque clair ou avec des stickers réfléchissants
- Ajouter des bandes réfléchissantes sur le sac à dos et les roues
- Éviter les écouteurs ou la capuche qui réduisent l’audition et la vision périphérique
- Privilégier les itinéraires éclairés même si c’est un peu plus long
Petit truc que j’utilise moi-même : j’ai collé du scotch réfléchissant sur les pédales et les côtés du cadre. Ça fait des éclairs quand les phares vous balayent. Ultra efficace.
Et les pouvoirs publics, ils font quoi ?
Dans certaines communes du Val-de-Marne, on commence à bouger. Distribution gratuite de kits lumineux, installation de panneaux « Attention collégiens » aux abords des établissements, renforcement des contrôles aux heures de sortie.
Il y a aussi des projets de pistes cyclables mieux éclairées et séparées de la chaussée. Mais soyons honnêtes : ça prend du temps. En attendant, c’est à nous, parents et jeunes, de prendre nos responsabilités.
L’effet « sapin de Noël » : ringard mais salvateur
Oui, les ados détestent avoir l’air « trop sécuritaires ». Moi le premier, à leur âge, j’aurais râlé. Mais quand on voit un gamin rentrer chez lui entier parce qu’un conducteur l’a vu à 100 mètres grâce à son gilet fluo… franchement, on s’en fout du style.
Et vous savez quoi ? Depuis cette opération, certains collégiens se sont mis à customiser leurs gilets avec des dessins phosphorescents ou des patches. Ça devient presque tendance. Preuve que quand on parle leur langage, ils suivent.
Vers une généralisation de ce genre d’actions ?
L’initiative de Santeny fait des émules. D’autres communes du département préparent des opérations similaires avant les vacances de Noël. Parce que c’est maintenant, quand la nuit tombe à 17 h, que le danger est maximal.
Et si chaque collège de France faisait la même chose ? Imaginez l’impact. Des milliers de jeunes équipés, conscients, responsables. Ça changerait la donne.
En attendant, si vous habitez en Île-de-France ou ailleurs, parlez-en autour de vous. Partagez cet article. Achetez un gilet fluo à votre enfant, à votre petit-frère, à votre voisin. Ça ne coûte rien et ça peut tout sauver.
Parce que la route, la nuit, n’est pas un jeu. Et nos ados méritent de rentrer entiers, même s’ils ressemblent à des sapins de Noël ambulants.
Et vous, dans votre ville, avez-vous déjà vu ce genre d’opération ? Votre enfant rentre-t-il équipé quand il fait nuit ? Dites-le nous en commentaire, votre expérience peut aider d’autres parents.
