Imaginez-vous recevoir un appel d’un proche qui vous dit simplement « je rentre demain »… et puis plus rien. Le silence. Des mois qui s’étirent, l’espoir qui s’effiloche, et puis un jour, seize mois plus tard, on vous annonce que les corps ont été retrouvés dans un congélateur. C’est ce cauchemar bien réel qu’a vécu une famille syrienne installée en Europe. Et derrière cette horreur, deux frères autrichiens ordinaires, un collègue de travail, une voiture banalisée… Rien ne laissait présager un tel déchaînement.
Je me souviens encore de la première fois où j’ai lu ce genre d’histoire. On se dit toujours « ça n’arrive qu’aux autres ». Et pourtant, les faits divers nous rappellent sans cesse que le monstre peut dormir à côté de nous.
Une disparition qui avait tout du voyage anodin
Tout commence en juillet 2024. Une femme de 34 ans et sa fille de 10 ans rendent visite à de la famille en Allemagne. Rien d’extraordinaire. Le 20 juillet, un collègue de la mère, un Autrichien de 55 ans, propose gentiment de les ramener en voiture jusqu’en Autriche. Pratique, non ? Le lendemain, un dernier appel à un cousin : tout va bien, elles seront bientôt arrivées.
Puis plus un signe de vie.
Cinq jours plus tard, le cousin signale leur disparition. Les enquêteurs retrouvent rapidement la trace du collègue serviable. Il explique qu’elles devaient poursuivre jusqu’en Turquie pour un long séjour. Problème : personne dans la famille n’était au courant de ce prétendu voyage. Premier mensonge qui met la puce à l’oreille.
Des achats suspects qui trahissent tout
L’enquête va révéler une série de détails qui font froid dans le dos. Quelques jours avant la disparition, l’homme de 55 ans achète un premier congélateur. Grand modèle. Puis un deuxième peu après. Entre-temps, il loue un box de stockage, y dépose l’appareil, le ressort, le ramène… Un ballet étrange.
Et ce n’est pas avec son argent qu’il règle ces achats.
Les enquêteurs découvrent que la carte bancaire de la mère a été utilisée après sa disparition : courses, essence, retraits. Des messages sont même envoyés depuis son téléphone – une lettre de démission à son employeur, des SMS en allemand alors qu’elle ne parlait quasiment que l’arabe. Tout sonne faux.
- Achat de deux grands congélateurs juste avant et après les faits
- Utilisation de la carte bancaire de la victime pour payer
- Vente de bijoux en or appartenant à la mère sur internet
- Virement depuis son compte vers celui du suspect
- Messages envoyés depuis son téléphone qui ne collent pas avec sa personnalité
À ce stade, on se dit que c’est trop gros pour être une coïncidence. Mais sans corps, impossible d’aller plus loin. L’enquête patine pendant des mois.
La cloison qui cachait l’impensable
Les deux frères – 55 et 53 ans – sont arrêtés en juin 2025. Ils nient tout. Direction la détention provisoire. Et puis, le 12 novembre, l’aîné craque. Il avoue. Les corps ? Dans l’appartement de son frère cadet, à Innsbruck. Derrière une fausse cloison en plaques de plâtre. Dans les deux congélateurs qu’il avait achetés.
Le 14 novembre, les policiers percent le mur. L’odeur est indescriptible. Les corps sont là, congelés depuis seize mois. Mais l’électricité ayant été coupée après l’incarcération du propriétaire, la décomposition a repris. Les légistes peinent à déterminer la cause exacte de la mort.
« Les corps étaient tellement abîmés qu’on ne peut pas encore dire s’il s’agit d’un accident ou d’un meurtre délibéré. »
– Responsable de la police criminelle du Tyrol
Mais pour le parquet, il n’y a guère de doute : on parle de double assassinat. L’histoire de l’accident avancée par le suspect de 55 ans ne convainc personne.
Un mobile qui reste flou… pour l’instant
Alors pourquoi ? Argent ? Passion ? Les enquêteurs explorent toutes les pistes. Le suspect principal était un collègue de la mère. Peut-être une relation plus intime ? Peut-être une dette ? Peut-être les deux ? Le fait qu’il ait vidé ses comptes et vendu ses bijoux penche clairement vers le mobile financier.
Ce qui glace le sang, c’est la présence de la petite fille. Elle n’était pas censée être là, ou alors… elle a tout vu ? A-t-elle crié « Maman » comme un voisin l’a rapporté aux enquêteurs ? Cette voix d’enfant résonnant dans l’appartement avant le silence total, c’est peut-être le détail le plus insoutenable de toute l’affaire.
Quand la banalité cache le pire
Ce qui me frappe le plus dans cette histoire, c’est à quel point tout semble ordinaire au départ. Un collègue qui rend service. Une proposition anodine. Une voiture sur l’autoroute. Et puis la nuit tombe, littéralement.
Combien de fois avons-nous accepté un trajet avec quelqu’un qu’on connaît à peine ? Combien de fois avons-nous fait confiance parce que « c’est quelqu’un de correct » ? Cette affaire est un rappel brutal : le danger ne porte pas toujours une cagoule.
Un épilogue qui n’en est pas vraiment un
Aujourd’hui, les deux frères sont toujours en prison. L’un a avoué, l’autre se mure dans le silence. La famille syrienne, elle, pleure deux victimes qui n’auraient jamais dû finir ainsi. Seize mois dans le froid. Seize mois où des proches ont espéré un miracle.
Et nous, lecteurs, on referme l’article avec cette sensation désagréable au creux de l’estomac. Parce que oui, ça arrive. Pas seulement dans les films. Et parfois, le congélateur du voisin cache bien plus que des surgelés.
Je ne sais pas vous, mais moi, cette histoire me hantera encore un moment. Peut-être parce qu’elle touche à l’essence même de la confiance humaine. Peut-être parce qu’une enfant de 10 ans n’aurait jamais dû finir ainsi. En tout cas, elle nous rappelle une chose : derrière chaque disparition, il y a des proches qui attendent. Et parfois, la vérité est plus glaciale que ce qu’on aurait pu imaginer.
