Il y a des soirs où tu préférerais regarder le plafond plutôt que l’écran. Mardi 18 novembre 2025, à Bologne, j’ai vécu ça. L’équipe de France de Coupe Davis, censée jouer les quarts de finale du Final 8, a pris une claque que personne n’avait vu venir. Ou si, peut-être, au fond, on le sentait tous venir.
Parce que non, ce n’était pas juste une défaite. C’était un camouflet. Une humiliation en deux actes, sans même avoir besoin du double décisif. 0-2, merci bonsoir, on remballe les raquettes et on rentre. Direction l’aéroport avant minuit.
Une soirée qui a tourné au vinaigre dès le premier point
Reprenons depuis le début. La Belgique, on la connaissait. Un capitaine revanchard – Steve Darcis, finaliste malheureux en 2017 à Lille – et deux gars solides mais pas forcément effrayants sur le papier : Raphaël Collignon (85e) et Zizou Bergs (43e). En face, Corentin Moutet (35e) et Arthur Rinderknech (29e). Logiquement, ça devait passer. Logiquement.
Le coup de génie… à l’envers de Corentin Moutet
Et puis il y a eu cette balle. Tout le monde l’a vue, tout le monde en parle encore. Moutet mène 40-0 sur son service, deuxième set, il monte au filet et… tente une amortie rétro dos au filet, sans regarder. La balle finit dans le décor. Collignon, qui n’en demandait pas tant, revient dans le match, break, et finit par s’imposer 2-6, 7-5, 7-5.
« Je regrette énormément d’avoir fait ce coup-là »
Corentin Moutet, juste après le match
Le problème ? Ce n’est pas juste un point gag. C’est le symbole d’une équipe qui joue sans filet (au sens figuré), qui se croit au-dessus et qui se prend les pieds dans le tapis dès que l’adversaire serre le jeu. Moutet a du talent, personne n’en doute. Mais là, c’était le moment de mettre le bleu de chauffe, pas de faire le show.
Rinderknech sans jambes, sans solutions
Ensuite, Arthur Rinderknech. Le gars sort d’une finale à Shanghai, il a joué énormément, il traîne une douleur au dos. On le sent dès l’échauffement : il manque de jump, de explosivité. Zizou Bergs, lui, est frais comme un gardon. Le Belge punche, avance, prend la balle tôt. 6-3, 7-6(4). Game over.
« Je n’ai pas réussi à matcher son intensité. Physiquement, il y avait pas mal de fatigue. »
Arthur Rinderknech
Et là, tu te dis : mais pourquoi on aligne un mec diminué physiquement dans un format aussi court et intense ? Pourquoi pas Benjamin Bonzi, plus frais ? Paul-Henri Mathieu a tranché. Il assumera.
28 ans d’invincibilité face à la Belgique… pulvérisés
Petit rappel qui fait mal : la dernière fois que la France avait perdu contre la Belgique en Coupe Davis, c’était en 1997. À Gand. Un barrage pour ne pas descendre en division inférieure. 28 ans sans défaite contre les Diables Rouges. Record effacé en une soirée.
Et le pire ? Les Belges n’ont même pas eu besoin de sortir leur double. Ils ont gagné en deux simples, proprement, sans trembler. Une vraie leçon de pragmatisme et de collectif.
Pourquoi cette défaite fait si mal (et ce qu’elle dit du tennis français)
Parce qu’on ne peut pas tout mettre sur la fatigue ou sur un coup de génie raté. Il y a plus profond.
- Une équipe sans liant, sans vraie âme collective
- Des joueurs qui arrivent en fin de saison cramés
- Un format Final 8 qui tue l’ambiance (4000 scolaires pour faire illusion, gradins à moitié vides…)
- Et surtout, une génération qui peine à assumer son statut
Quand tu vois les Italiens, les Espagnols (même sans Alcaraz), les Allemands mettre une intensité folle pour leur pays, et que toi tu joues comme un mercredi de tournoi 250… il y a un souci.
J’ai repensé à la finale 2017 contre cette même Belgique. Là, on avait Tsonga, Pouille, Gasquet, Mahut… des gars qui se seraient arraché les tripes. Aujourd’hui, on a du talent, oui. Mais est-ce qu’on a encore cette niaque quand il faut défendre le maillot ? La question est posée.
Le format Coupe Davis est-il en train de tuer la Coupe Davis ?
On va être honnête deux minutes. Une aréna à moitié vide, des scolaires qui partent à 19h pour faire leurs devoirs, pas de vrai public, pas de vibrations… ce n’est plus la Coupe Davis. C’est un tournoi de fin d’année déguisé.
Les joueurs le disent en off, les capitaines aussi. Le format Kosmos/ITF a tué l’âme de la compétition. On joue dans des lieux neutres, sans ambiance, sans pression populaire. Résultat : les joueurs traitent ça comme un énième tournoi. Et quand l’adversaire, lui, joue comme si c’était la finale du monde… tu prends cher.
Et maintenant ?
Paul-Henri Mathieu va devoir faire son mea culpa. Sélection, préparation, discours… tout est à revoir. La nouvelle génération (Moutet, Fils, Humbert, Mannarino) a du talent brut, mais elle doit apprendre à jouer ensemble, à se transcender pour le drapeau.
Parce que là, franchement, on touche le fond. Perdre contre la Belgique en quarts, sans même lutter, en 2025… c’est un signal d’alarme retentissant.
Le tennis français n’est pas mort. Loin de là. On a encore des joueurs dans le top 50, des jeunes qui montent. Mais il va falloir se poser les bonnes questions. Vite.
Et toi, qu’en penses-tu ? Est-ce juste un accident ? Ou le révélateur d’un mal plus profond ? Viens en débattre en commentaire, on a besoin de tout comprendre ensemble.
En attendant, la Belgique continue son chemin. Et nous, on regarde déjà vers 2026. En espérant que la leçon aura été retenue.
