Imaginez un peu la scène. Un immense hall d’exposition quelque part en périphérie de Bologne, des gradins temporaires, un court monté en deux jours, et au milieu de tout ça, une bande de gamins français qui n’ont plus rien à perdre. C’est ça, la Coupe Davis version 2025. Plus vraiment la grande messe qu’elle était, mais toujours cette petite flamme qui peut faire basculer une semaine entière.
Ce mardi, l’équipe de France démarre son aventure en quart de finale contre la Belgique. Sur le papier, c’est la rencontre la plus abordable du tableau. Mais dans le tennis par nations, le papier, on sait tous ce qu’il vaut.
Une équipe de France rajeunie et sans complexe
Paul-Henri Mathieu, le capitaine, a composé un groupe qui sent la poudre et l’envie. Giovanni Mpetshi Perricard, Corentin Moutet, Benjamin Bonzi, Arthur Rinderknech et Pierre-Hugues Herbert en double : voilà le cinq français. Pas de stars mondiales, pas de top 10, mais une sacrée dose de talent brut et de culot.
Et franchement, parfois, c’est exactement ce qu’il faut dans cette compétition. Quand plus personne ne vous attend, c’est le moment où tout devient possible.
Giovanni Mpetshi Perricard, le géant qui monte
À 22 ans, le garçon mesure 2,03 m et tape des services qui frôlent les 240 km/h. Cette année, il a explosé : titre à Lyon, finale à Bâle, entrée dans le top 50. Sur dur indoor, avec son énorme premier coup de raquette, il peut faire très mal.
J’ai vu certains de ses derniers matches et, croyez-moi, quand il est dans un bon jour, même les meilleurs ont du mal à lire sa première balle. Face à un adversaire belge qui n’aura probablement pas David Goffin à 100 %, ça peut faire très peur.
Corentin Moutet, le feu follet français
À côté du géant, il y a le petit gabarit. Moutet, c’est tout l’inverse : 1,75 m, un tennis tout en toucher, en variations, en malice. Sur un court rapide indoor, il peut rendre fous les joueurs qui aiment la cadence régulière.
Son revers à une main, ses amorties, ses changements de rythme… C’est le genre de joueur qui peut transformer un match en festival ou en cauchemar. Mais quand il est dans le bon mood – et la Coupe Davis a souvent cet effet sur lui –, il est capable de battre n’importe qui.
« On n’a pas la pression des favoris, on va jouer libérés. »
Un membre de l’équipe de France, ces derniers jours
La Belgique, une équipe solide mais sans éclat
En face, la Belgique arrive avec Zizou Bergs (autour de la 60e place mondiale), probablement Kimmer Coppejans ou un autre joueur du même calibre, et une paire de double expérimentée. Sur le papier, c’est costaud. En vrai ? Ça reste prenable.
Bergs est un bon joueur, régulier, solide en fond de court. Mais il n’a pas encore l’expérience des grands rendez-vous. Et surtout, les Belges n’ont plus cette génération dorée qui faisait peur il y a quelques années.
- Pas de Goffin au top de sa forme
- Pas de véritable leader incontesté
- Un jeu plutôt prévisible sur dur indoor
Bref, tous les ingrédients sont là pour que les Bleus fassent un coup.
Le format : rapide, intense, imprévisible
Depuis la réforme, tout va très vite : deux simples et un double en best-of-three sets, sur une seule journée. Ça laisse peu de place à l’erreur, mais ça ouvre aussi la porte aux surprises.
Si Mpetshi Perricard passe le premier simple et que Moutet ou Bonzi fait le break derrière, le double peut devenir une formalité avec Herbert, ancien n°2 mondial dans la discipline. Et là, tout à coup, on se retrouve en demi-finale face à… probablement l’Italie ou l’Espagne. Et là, ça devient très sérieux.
Un Saladier d’argent qui brille encore un peu
On peut critiquer la nouvelle formule – et croyez-moi, je suis le premier à le faire –, mais il reste quelque chose de magique dans cette compétition. Soulever le Saladier, même dans un hall d’exposition un peu tristounet, ça reste un truc à part.
La France court après un 11e titre depuis 2017. Huit ans, c’est long. Et cette génération-là, sans pression, sans attente démesurée, pourrait bien être celle qui remet la main dessus.
Parce que parfois, dans le sport, les plus belles histoires s’écrivent quand plus personne n’y croit vraiment.
Et après ? Le chemin vers la finale
Si la France passe la Belgique – et je pense sincèrement que c’est largement dans leurs cordes –, le tableau s’ouvre plutôt bien. L’Italie sans Sinner ni Musetti, l’Espagne avec un Alcaraz qui traîne une blessure à la cuisse, l’Allemagne portée par un Zverev ultra-motivé mais parfois irrégulier en équipe nationale… Rien d’insurmontable.
Et puis il y a cette dynamique de groupe. Les joueurs se connaissent bien, s’entendent bien, et Paul-Henri Mathieu a su créer une vraie osmose. Ça compte énormément dans ce genre de compétition.
Alors oui, on peut toujours dire que la Coupe Davis a perdu de sa superbe. Mais tant qu’il y aura des gamins prêts à se battre pour leur drapeau, elle gardera une petite part de magie. Et cette’hui, ces gamins-là portent le maillot bleu.
Rendez-vous ce mardi à Bologne. Quelque part dans un hall d’exposition anonyme, une nouvelle page de l’histoire du tennis français est peut-être en train de s’écrire.
Et si c’était eux ? Franchement, je commence à y croire.
