Vous souvenez-vous de cette sensation, quand vous regardez l’équipe de France et que, pour une fois, vous vous dites « là, c’est jouable » ? Pas de Sinner, pas d’Alcaraz, pas de Musetti… juste un tableau ouvert et une Belgique à portée de raquette. Et puis, deux heures plus tard, vous êtes là, devant votre écran, à vous demander comment on a pu passer à côté à ce point.
Hier soir à Bologne, les Bleus ont vécu l’une des soirées les plus cruelles de leur histoire récente en Coupe Davis. 0-2 sec contre une équipe belge pourtant loin d’être effrayante sur le papier. Fin de l’aventure dès les quarts, retour à la maison avec le cœur lourd et des questions qui brûlent.
Un fiasco qui laisse des traces
Je ne vais pas tourner autour du pot : cette défaite fait mal. Très mal. Parce qu’on y croyait vraiment. Parce que le nouveau format, avec ses stars absentes, semblait enfin offrir une fenêtre à des nations comme la nôtre. Et parce que, franchement, voir Arthur Rinderknech s’écrouler sur le court après avoir perdu le deuxième simple, c’était dur à regarder.
Un scénario catastrophe en deux actes
Premier coup dur : Corentin Moutet, censé être le leader de cette équipe, passe complètement à côté de son match contre Zizou Bergs. Le Belge, 112e mondial, joue libéré, agressif, et remporte le duel en trois sets. Moutet, lui, semble tendu comme un débutant. Breaks manqués, double fautes au pire moment, langage corporel négatif… Tout y passe.
Deuxième acte, encore plus cruel. Arthur Rinderknech, le guerrier de l’équipe, celui dont tout le monde disait « lui, il est fait pour la Coupe Davis », affronte David Goffin. Le début est prometteur. Tie-break gagné au premier set, public qui commence à y croire. Et puis… plus rien. Le physique lâche, les jambes deviennent lourdes, les fautes s’enchaînent. Goffin, expérimenté, ne laisse pas passer l’occasion. 2 sets à 1. Rideau.
« Je suis vidé. J’ai tout donné, mais ça n’a pas suffi. »
Arthur Rinderknech, juste après sa défaite
Des forfaits qui ont changé la donne… ou pas ?
On nous avait vendu le rêve : sans les top 10, la France pouvait enfin briller. Sinner forfait, Alcaraz blessé, Musetti préservé… Le chemin semblait dégagé. Mais au final, est-ce que ces absences ont vraiment joué en notre faveur ? Pas si sûr.
Parce que nos joueurs, eux, étaient bien là. Et pourtant, ils n’ont jamais réussi à imposer leur tennis. Comme si, paradoxalement, l’absence des stars avait enlevé de la pression… mais aussi de la motivation. Comme si jouer « seulement » contre la Belgique ne valait pas la peine de se transcender.
Paul-Henri Mathieu dans le viseur
Difficile de ne pas parler du capitaine. Paul-Henri Mathieu vit sa première vraie campagne avec les Bleus et, disons-le clairement, le bilan est mitigé. Ses choix de simple (Moutet en numéro 1 devant Rinderknech) ont surpris plus d’un observateur. Sa communication, parfois hésitante, n’a pas vraiment rassuré.
- Mauvaise gestion de la fatigue des joueurs ?
- Ordre de passage discutable ?
- Préparation mentale insuffisante ?
- Manque d’autorité sur un groupe jeune ?
Toutes ces questions vont revenir en boucle dans les prochaines semaines. Car être capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, ce n’est pas seulement aligner des noms sur une feuille. C’est créer une dynamique, une âme, un collectif. Et là, pour l’instant, on cherche encore.
Le format maudit de la Coupe Davis
Et puis il y a ce fameux « nouveau format ». On nous avait promis une compétition plus attractive, plus moderne. Résultat ? Une phase finale en novembre, après une saison éreintante, dans une arène à moitié vide à Bologne. Franchement, où est l’ambiance ? Où est la magie de l’ancienne Coupe Davis, avec ses tie-breaks à 9-7 au cinquième set devant 20 000 personnes ?
Ce format tue l’émotion. Les joueurs arrivent épuisés, les meilleurs snobent l’épreuve, et ceux qui restent jouent presque par défaut. Résultat : des matchs sans saveur, des défaites qui passent presque inaperçues. Triste.
Et maintenant ?
La question qui brûle toutes les lèvres : que va-t-on faire ? Continuer avec Paul-Henri Mathieu ? Changer de capitaine ? Revoir toute la stratégie de sélection ? Une chose est sûre : on ne peut pas se contenter d’un « c’est comme ça ».
Parce que la France reste une grande nation de tennis. Parce qu’on a des joueurs talentueux. Parce que voir des gars comme Rinderknech ou Moutet se battre avec le maillot bleu, ça devrait nous faire vibrer. Et là, pour l’instant, ça nous laisse juste… tristes.
Il va falloir se poser les bonnes questions. Vite. Parce que la prochaine campagne arrivera plus tôt qu’on ne le pense. Et qu’on n’a plus le droit à l’erreur.
En attendant, on range les raquettes, on ravale notre déception, et on se dit que, peut-être, cette claque était nécessaire. Parfois, il faut toucher le fond pour mieux rebondir. Espérons juste que les Bleus sauront s’en souvenir.
