Vous êtes-vous déjà demandé ce qui pouvait pousser une maman de 50 ans à chausser des baskets pour la première fois et à entrer sur un terrain de futsal ? À Vernon, dans l’Eure, c’est exactement ce qui va se passer ce dimanche 23 novembre. Et franchement, quand on creuse un peu l’histoire derrière cette première Coupe des nations féminine, on se dit que le football a encore de très beaux jours devant lui.
Je ne sais pas vous, mais moi, quand j’entends parler d’un tournoi où des femmes venues d’horizons totalement différents vont se retrouver autour d’un ballon, je trouve ça infiniment plus excitant que certains matchs professionnels où l’enjeu financier étouffe parfois la passion. Ici, l’enjeu, c’est le lien. Le vrai.
Une première édition qui n’aurait jamais dû être aussi belle
L’idée est née il y a quelques mois dans les locaux d’une association bien connue à Vernon : un espace laïque qui travaille depuis des années avec les enfants et les jeunes du quartier. Le constat était simple, presque cruel : on arrive à toucher les gamins, mais les parents, et surtout les mamans, restent souvent à distance.
Alors une animatrice, véritable moteur de l’association, a eu cette idée lumineuse : pourquoi ne pas décliner au féminin la Coupe des nations qu’on organise déjà chaque année pour les enfants ? Le concept existe depuis deux ans pour les plus jeunes au printemps. Cette fois, on passe aux grandes sœurs, aux mamans, aux tatas, à toutes celles qui n’avaient peut-être jamais osé.
« Les ados ont poussé leur maman à s’inscrire ! »
Une phrase qui résume tout l’esprit du projet
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a marché au-delà de toutes les attentes. Huit équipes se sont constituées, représentant la France, le Mali, le Sénégal, le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, la Mauritanie… Près de 90 participantes, de 15 à 50 ans, certaines venant même de Gaillon ou des Andelys. Le gymnase des Boutardes s’annonce trop petit pour accueillir tout le monde.
Le futsal, sport parfait pour créer du lien
Pourquoi le futsal et pas le foot à 11 en extérieur ? Tout simplement parce que c’est plus accessible. Terrain réduit, cinq joueuses par équipe, moins d’impact physique, plus de touches de balle. Parfait quand on débute à 40 ou 50 ans et qu’on n’a jamais vraiment pratiqué.
Mais surtout, le futsal favorise les échanges. Sur un grand terrain, on court beaucoup et on parle peu. Ici, à chaque arrêt de jeu, on discute, on rit, on se découvre. C’est presque thérapeutique.
- Moins de courses interminables = moins de risque de blessures
- Plus de touches de balle = plus de plaisir immédiat
- Espace réduit = plus de proximité entre les joueuses
- Règles simplifiées = accessible aux vraies débutantes
Des mamans qui osent enfin
Ce qui m’a particulièrement touché dans cette histoire, c’est le rôle des adolescentes. Ce sont elles qui ont insisté. Elles qui ont dit à leur mère : « Viens, on va jouer ensemble ! » Elles qui ont transformé une idée associative en véritable phénomène de transmission.
Dans certaines familles, la maman n’avait jamais fait de sport collectif de sa vie. Pour des raisons culturelles, parfois religieuses, parfois simplement parce que « ce n’était pas pour les filles » à leur époque. Et là, en 2025, elles enfilent un maillot, elles défendent les couleurs de leur pays d’origine ou d’accueil, elles marquent des buts devant leurs enfants. Franchement, c’est beau.
Et le plus fort ? Beaucoup de ces femmes se sont entraînées ensemble tous les vendredis soir depuis un mois. Des séances découvertes, des petits jeux, des rires. L’association a réussi son pari : le sport est devenu un prétexte pour créer des amitiés qui, espérons-le, dureront bien au-delà du tournoi.
Un tournoi, mille histoires
Derrière chaque équipe, il y a une histoire. Prenez l’équipe du Mali. Certaines joueuses sont arrivées en France il y a quelques années à peine. Pour elles, porter le maillot de leur pays sur un terrain normand, c’est une forme de fierté immense. C’est dire : « On est là, on participe, on existe. »
L’équipe de France ? Un mélange incroyable : des mamans françaises de souche, des filles d’immigrés de deuxième génération, des femmes qui se retrouvent autour d’un même drapeau bleu-blanc-rouge, mais avec des parcours totalement différents. Le football a cette magie : il efface les différences le temps d’un match.
« Nous avons organisé depuis environ un mois une séance de sport le vendredi soir pour que toutes puissent se préparer. Et nous comptons bien maintenir ce rendez-vous tout au long de l’année. »
Une animatrice qui croit dur comme fer aux valeurs du sport
Le football féminin amateur : l’avenir du foot ?
On parle beaucoup du football féminin professionnel – et c’est tant mieux. Mais ce qui se passe à Vernon, et dans des centaines de villes en France, c’est peut-être encore plus important. Parce que c’est là que tout commence.
Quand une petite fille voit sa mère marquer un but, elle se dit que c’est possible. Quand une maman de 45 ans découvre qu’elle peut courir après un ballon sans complexe, elle transmet autre chose à ses enfants : l’idée que le corps, le plaisir, le jeu ne sont pas réservés à une catégorie d’âge ou de genre.
Et si les vrais modèles du football féminin de demain n’étaient pas seulement les joueuses de l’équipe de France, mais aussi ces mamans qui osent pour la première fois à 50 ans ? Personnellement, je trouve l’idée sacrément puissante.
Pourquoi ce genre d’initiative mérite qu’on en parle plus
Parce qu’on vit dans une société où le sport reste encore trop souvent genré. Où les femmes de plus de 35 ans sont parfois invisibilisées dans l’espace sportif. Où les mamans immigrées ou issues de quartiers populaires ont rarement l’occasion de se retrouver entre elles dans un contexte joyeux et valorisant.
Cette Coupe des nations féminine, ce n’est pas qu’un tournoi. C’est un acte politique doux. C’est une réponse concrète à ceux qui pensent que l’intégration passe uniquement par des cours de français ou des ateliers CV. Parfois, il suffit d’un ballon et d’un gymnase.
- 90 femmes sur le terrain = 90 parcours de vie différents
- 8 pays représentés = 8 cultures qui se mélangent
- 1 mois de préparation = des amitiés qui naissent
- 1 dimanche de novembre = un souvenir pour toute la vie
Et après ?
L’association l’a déjà annoncé : les séances du vendredi soir vont continuer toute l’année. Peut-être qu’une deuxième édition verra le jour l’an prochain, encore plus grande. Peut-être que d’autres villes vont s’en inspirer.
Ce qui est certain, c’est que dimanche, dans ce gymnase des Boutardes, il va se passer quelque chose de rare. Pas de prime de match, pas de diffuseur TV, pas de sponsors. Juste des femmes, des filles, des familles, et un ballon qui roule.
Et parfois, c’est exactement de ça dont on a besoin pour se rappeler pourquoi on aime le football.
Si vous êtes dans le coin, passez. Le public est le bienvenu. Et si vous n’êtes pas dans le coin… eh bien, parlez-en autour de vous. Parce que des initiatives comme celle-ci méritent de faire des petits partout en France.
Le football féminin, ce n’est pas que Wendie Renard ou Kadidiatou Diani. C’est aussi Fatima, 48 ans, qui va disputer son premier match officiel dimanche à Vernon. Et ça, ça vaut tous les trophées du monde.
