Vous est-il déjà arrivé de regarder une démonstration aérienne et, l’espace d’un instant, de retenir votre souffle ? Moi, oui. Et vendredi dernier, au Dubai Airshow, ce frisson habituel s’est transformé en horreur pure pour des milliers de spectateurs.
Un avion de chasse indien, un Tejas de dernière génération, venait d’entamer une figure acrobatique. Tout semblait parfait… jusqu’à ce que l’appareil décroche brutalement. En quelques secondes à peine, il a piqué du nez et s’est écrasé dans le désert, à seulement 1,6 kilomètre du site. Le pilote n’a pas réussi à s’éjecter. Fin de l’histoire.
Un accident qui glace le sang en plein salon mondial
Le Dubai Airshow, c’est un peu le Cannes de l’aviation militaire et civile. Tous les deux ans, les plus grands constructeurs viennent montrer leurs muscles (et leurs milliards) sous le soleil des Émirats. Cette année ne faisait pas exception : records de contrats, annonces tonitruantes, et bien sûr ces démonstrations en vol qui font rêver les passionnés… et parfois trembler.
Ce vendredi 21 novembre 2025 marquera malheureusement les mémoires pour de bien tristes raisons.
Le déroulement minute par minute du drame
D’après les nombreux témoins présents, l’avion effectuait une série de tonneaux serrés, une manœuvre pourtant maîtrisée des centaines de fois en entraînement. Mais à la sortie du dernier tonneau, quelque chose a cloché. L’appareil n’a pas repris d’assiette. Il a commencé à chuter, d’abord lentement, puis de plus en plus vite.
Les vidéos amateurs tournées depuis les tribunes sont terribles : on voit distinctement le Tejas se cabrer, perdre de la vitesse, puis basculer irrémédiablement vers le sol. Une énorme boule de feu, un nuage noir qui monte haut dans le ciel bleu de Dubaï. Et le silence qui suit, ce silence lourd que tout le monde connaît après un accident de ce genre.
« J’ai cru que c’était une mise en scène au début… puis j’ai compris que non. C’était horrible. »
Témoin présent sur place
Le Tejas, un bijou indien qui voulait briller à l’international
Il faut comprendre une chose : la présence du Tejas à Dubaï n’était pas anodine. Ce chasseur léger, développé entièrement en Inde par Hindustan Aeronautics Limited, représente bien plus qu’un simple avion. C’est un symbole national, la preuve que le pays peut rivaliser avec les géants occidentaux et russes.
Depuis son premier vol en 2001 (oui, le programme a pris son temps), le Tejas a connu des hauts et des bas. Versions Mk1, Mk1A, puis la prometteuse Mk2 en cours de développement… L’Inde met le paquet pour en faire un succès à l’export. Et le Dubai Airshow était précisément l’endroit rêvé pour séduire de nouveaux clients.
Ironie cruelle : c’est au moment où l’appareil devait montrer toute sa fiabilité que le pire est arrivé.
Que sait-on du pilote décédé ?
Pour l’instant, très peu d’informations ont filtré sur l’identité du pilote. On sait simplement qu’il s’agissait d’un officier expérimenté des forces aériennes indiennes, probablement l’un des pilotes d’essai les plus chevronnés du programme Tejas.
Dans ce genre de démonstration à l’étranger, on envoie toujours le meilleur. Quelqu’un capable de pousser l’avion dans ses retranchements tout en gardant une marge de sécurité. Sauf que, cette fois, la marge n’a pas suffi.
Les premières hypothèses (sans spéculer à outrance)
Attention, aucune conclusion officielle n’a été tirée. Mais dans les couloirs du salon, les discussions vont bon train. Plusieurs pistes reviennent :
- Une perte de conscience du pilote (G-LOC) lors d’une manœuvre à forte charge?
- Un problème technique soudain sur le système de commandes de vol (fly-by-wire très sensible sur le Tejas)?
- Une erreur humaine lors de la récupération après le tonneau?
- Les conditions météo (vent, chaleur extrême) qui auraient joué un rôle?
Ce qui frappe, c’est l’absence d’éjection. Le siège éjectable du Tejas est pourtant réputé efficace, même à basse altitude. Soit le pilote n’a pas eu le temps de déclencher, soit il a tenté jusqu’au bout de reprendre le contrôle. Les deux hypothèses sont glaçantes.
Les conséquences immédiates sur le salon
Le Dubai Airshow a évidemment été interrompu dans la foulée. Les démonstrations en vol restantes ont été annulées, et une bonne partie du public a été évacuée par précaution. Les organisateurs ont publié un communiqué laconique, confirmant le décès du pilote et annonçant l’ouverture d’une enquête.
Côté indien, silence radio pour l’instant. On imagine la sidération à New Delhi et chez HAL. Tous les efforts marketing des dernières années risquent d’en prendre un sérieux coup.
Ces précédents qui reviennent en mémoire
Malheureusement, les crashes lors de salons aéronautiques ne sont pas une première. Souvenez-vous :
- Le Sukhoi Su-27 à Paris-Le Bourget en 1999
- Le Gripen à Stockholm en 1993
- Ou plus récemment certains accidents lors du MAKS en Russie
À chaque fois, c’est le même choc. On se dit que ces meetings sont parmi les endroits les plus sécurisés au monde pour voler… et pourtant.
Et maintenant ?
L’enquête va durer des mois. Les boîtes noires (ou plutôt les enregistreurs de vol) seront analysées dans les moindres détails. Les autorités émiraties et indiennes travailleront ensemble, comme le veut la convention internationale.
Mais au-delà des causes techniques, il y aura forcément une réflexion plus large sur la prise de risque lors des démonstrations publiques. Jusqu’où peut-on pousser la machine pour impressionner un client potentiel ? La question n’est pas nouvelle, mais elle revient avec force à chaque drame.
En attendant, une pensée toute particulière pour la famille du pilote et ses proches. Dans ces moments-là, les rivalités commerciales et les milliards de dollars des contrats passent au second plan.
Le ciel de Dubaï, lui, est resté désespérément vide le reste de la journée.
(Article mis à jour au fur et à mesure des informations officielles – dernière mise à jour : 21 novembre 2025, 18h30)
