Imaginez la scène. Vous venez de prendre cinq buts à domicile, le jour où vos ultras fêtent leurs quarante ans. Le stade est en feu, mais pas dans le bon sens. Et le lendemain, votre entraîneur balance en conférence de presse qu’avec cet effectif, franchement, on fait ce qu’on peut. Bienvenue à l’OGC Nice version novembre 2025.
Je suis le premier à défendre la franchise. Dans le foot d’aujourd’hui, tout le monde se planque derrière des phrases toutes faites. Alors quand un coach ose dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, ça mérite le respect. Sauf que là, visiblement, ça coince sévèrement dans le groupe.
Quand la vérité fait mal au vestiaire
Franck Haise n’a jamais eu la langue dans sa poche. Depuis son arrivée sur la Côte d’Azur, il a imposé son style : travail, intensité, et zéro complaisance. Ça a marché au début. Très bien même. Mais quand les résultats s’effritent, la franchise devient vite une arme à double tranchant.
Et là, on n’est plus dans l’effritement. On est dans la chute libre. Quatre défaites en quatre matchs de Ligue Europa, trois revers consécutifs en championnat, dont ce fameux 5-1 face à Marseille. Le genre de soirée où tu préférerais être n’importe où ailleurs.
« On n’est que l’OGC Nice »
Franck Haise, après la défaite à Vigo
Cette phrase-là, elle est restée en travers de la gorge de pas mal de monde dans le vestiaire. Parce qu’elle sous-ent tend que le club n’a pas les moyens de ses ambitions. Et par extension, que les joueurs ne sont pas au niveau. Difficile d’avaler ça quand tu es dans le groupe pro et que tu te donnes à fond tous les jours.
Des sorties qui s’accumulent
Ce n’est pas un dérapage isolé. Depuis un mois, les conférences de presse de Haise ressemblent à une thérapie de groupe version publique. Il répète en boucle qu’il fait avec ce qu’il a. Qu’il faut être réaliste. Qu’avec cet effectif, jouer l’Europe et le top 7, c’est compliqué.
- Après Fribourg (1-3) : « Vu notre niveau, on n’a pas les moyens de faire autre chose que d’envoyer »
- Après Metz (1-2) : « Je regarde derrière, pas devant »
- Entraînement : il se plaint que les joueurs tombent trop facilement, même à l’entraînement
À force, le message est clair : les joueurs sont le problème. Pas lui. Pas la tactique. Les joueurs.
Évidemment, dans un vestiaire, ça ne passe pas. Un proche d’un cadre m’a glissé récemment : « Il a perdu la moitié du groupe avec sa com’ ». Et quand tu perds la moitié du vestiaire, tu sais très bien comment ça finit en général.
Le casse-tête du brassard et des choix tactiques
Au-delà des mots, il y a les actes. Et là aussi, ça coince.
Prenez l’histoire du brassard de capitaine. Dante blessé, il passe de Melvin Bard à Jonathan Clauss, puis à Charles Vanhoutte. Sans vraie logique apparente. Pour certains joueurs, ça manque de clarté. De ligne directrice. Le genre de détail qui, quand tout va bien, passe inaperçu. Mais quand tout va mal… ça devient énorme.
Il y a aussi la valse tactique. Pendant plusieurs matchs, Nice joue bas, attend, contre. Et puis d’un coup, face à l’OM, on décide de presser très haut. Résultat : on prend l’eau. Et là encore, Haise avait prévenu publiquement : « Il faut avoir les joueurs pour jouer bas et contrer ». Sous-entendu : on ne les a pas.
Vous voyez le cercle vicieux ? Le coach pointe les limites de l’effectif → les joueurs se sentent visés → la confiance baisse → les performances aussi → le coach pointe encore plus les limites. Et ainsi de suite.
Un contrat jusqu’en 2029… et alors ?
L’été dernier, le club a prolongé Haise jusqu’en 2029. Geste de confiance, mais aussi parachute anti-départ. À l’époque, tout le monde applaudissait. Aujourd’hui, ça ressemble presque à une prison dorée.
Parce que virer un coach prolongé il y a trois mois, c’est compliqué. Financièrement, symboliquement, sportivement. Le club n’a ni l’envie ni vraiment les moyens de sauter le pas. Et pourtant, la question commence à se poser dans les couloirs.
Moi je vous le dis tout net : si Nice perd à Porto jeudi et à Lorient dimanche, on entrera dans une zone de turbulence maximale. Là, même le plus solide des contrats ne tiendra plus grand-chose.
Les joueurs sont-ils vraiment innocents ?
Attention, je ne vais pas tout mettre sur le dos de Haise. Loin de là.
Parce que quand tu perds 5-1 à domicile, que tu es dernier de ta poule de Ligue Europa avec zéro point, tu ne peux pas juste pointer du doigt l’entraîneur et sa communication. Il y a un moment où les joueurs doivent aussi se regarder dans la glace.
Le recrutement ? Pas fou, c’est vrai. Mais il y a du talent dans ce groupe. Clauss, Bard, Ndombele, Moffi, Guessand, Boudaoui… Ce n’est pas non plus une équipe de National. Loin de là.
Et pourtant, sur le terrain, ça ne suit pas. Manque d’envie par moments, erreurs individuelles en cascade, absence de révolte après les buts encaissés. Ça, l’entraîneur n’y peut pas grand-chose.
« J’en ai ras le bol de perdre des matches »
Franck Haise, récemment
Cette phrase-là, elle est sincère. Et beaucoup de supporters la partagent. Parce qu’eux aussi, ils en ont marre.
Comment sortir de la crise ?
Il reste une solution, et une seule : gagner. Vite. Et surtout, renouer le lien entre le coach et son groupe.
Haise l’a dit lui-même : il est le premier responsable. Il a même ouvert la porte à un remplacement si on trouve mieux. Classe. Mais en attendant, il faut calmer le jeu en interne.
- Arrêter les sorties publiques qui ciblent (même indirectement) les joueurs
- Clarifier la hiérarchie et les rôles une bonne fois pour toutes
- Remobiliser autour d’un objectif réaliste : le maintien d’abord, le reste ensuite
- Gagner un match. N’importe lequel. Juste pour respirer
Ce n’est pas trop tard. Loin de là. On a vu des situations bien pires se retourner. Mais il faut que tout le monde mette un peu d’eau dans son vin. Le coach, les joueurs, et même les supporters qui commencent à gronder sérieusement.
Parce que Nice, ce n’est pas n’importe quel club. C’est un beau projet, un stade magnifique, un public passionné. Ça mérite mieux que cette spirale négative.
Alors oui, Franck Haise a peut-être été trop franc. Trop brut. Mais dans le foot, parfois, la vérité blesse. La question maintenant, c’est de savoir si le vestiaire niçois est prêt à l’entendre… ou s’il préfère continuer à couler ensemble.
Jeudi à Porto, puis dimanche à Lorient. Deux matchs qui peuvent tout changer. Ou tout faire exploser. Rendez-vous dans une semaine pour voir dans quel état sera l’OGC Nice. Une chose est sûre : ça ne sera pas tiède.
