Imaginez un peu la scène : un ailier qui file comme le vent, deux fois dans la même soirée, et qui plante le ballon derrière la ligne adverse sous les acclamations d’un stade en feu. Et pourtant, à la fin, c’est l’amertume qui l’emporte. C’est exactement ce qui s’est passé pour Damian Penaud lors de ce crunch and ou plutôt de ce crunch automnal contre les champions du monde sud-africains. Un record personnel éclatant, mais une victoire qui s’envole. Frustrant, non ?
Un Doublé Historique dans la Défaite
Le rugby, c’est ça : des moments de grâce pure au milieu du chaos. Penaud, avec ses deux essais, a gravi une marche de plus dans l’histoire du XV de France. À 29 ans, il efface un mythe, devient le seul détenteur d’un record qui traînait depuis des décennies. Mais bon, comme on dit dans les vestiaires, les stats individuelles ne font pas gagner les matchs.
Revenons sur ces deux actions. La première, dès la 4e minute, c’est du grand art. Un coup de pied millimétré de l’arrière, presque chirurgical, qui tombe pile dans les mains de l’ailier lancé. Il n’a plus qu’à accélérer, éviter le plaquage désespéré et aplatir. Simple ? Pas tant que ça quand on connaît la défense springbok.
Le Premier Essai : Parfait Timing et Positionnement
Ce qui frappe, c’est la science du placement. Penaud n’est pas là par hasard. Il anticipe, il sent le jeu. Un peu comme un surfeur qui attend la vague parfaite. Et quand elle arrive, bam, il la prend et file vers l’en-but. Ce n’est pas de la chance, c’est du talent brut, affiné par des années à lire les défenses adverses.
D’ailleurs, j’ai toujours trouvé fascinant ces joueurs qui semblent flotter au-dessus du terrain. Penaud en fait partie. Il ne court pas plus vite que les autres, mais il est toujours au bon endroit. Une qualité rare, presque instinctive.
Le positionnement, c’est 80 % du boulot d’un ailier. Le reste, c’est de la finition.
– Un ancien international français
Et de la finition, il en a à revendre. Son deuxième essai, à la 27e minute, c’est encore une passe décisive de son compère Ramos. Une diagonale sprintée, un ballon attrapé en pleine course, et malgré le retour des défenseurs verts, il conclut en coin. Magnifique. Deux essais, deux cadeaux, deux raisons de sourire… si seulement le score final avait suivi.
40 Essais : Un Record qui Pèse Lourd
Maintenant, parlons chiffres. 40 essais en 57 sélections. Ça donne le tournis. Avant lui, un certain arrière basque partageait ce trône. Huit mois qu’ils étaient à égalité. Huit mois que la question revenait en boucle en conférence de presse. Penaud, lui, haussait les épaules. Les records ? Il s’en fiche. Ou du moins, il le dit.
Mais avouez, c’est quand même quelque chose. Passer devant une légende, dans un match aussi symbolique, contre les doubles champions du monde. C’est le genre de soirée dont on se souvient toute une carrière. Même si, et c’est là le hic, l’équipe s’incline 17-32.
- 57 sélections pour atteindre les 40 essais
- Deux essais en une seule mi-temps contre les Springboks
- Record détenu seul après huit mois de partage
- Âge : 29 ans, encore quelques belles années devant lui
Et pourtant, Penaud n’est pas du genre à pavoiser. Surnommé le Cheval pour ses étirements interminables à l’entraînement, il cultive une forme de détachement. Un peu lunaire, un peu génial. Il fuit les micros, préfère le terrain aux déclarations. Résultat ? Quand il parle, on écoute.
Penaud et Ramos : Une Connexion Magique
On ne peut pas parler de ces deux essais sans saluer le rôle de Thomas Ramos. L’arrière toulousain, c’est le cerveau derrière les fulgurances de l’ailier bordelais. Un coup de pied parfait pour le premier, une passe laser pour le second. Entre eux, c’est plus qu’une complicité : c’est une entente télépathique.
Je me souviens d’un match en Irlande, plus tôt dans l’année. Même scénario : Ramos sert Penaud sur un plateau, et hop, record égalé. Là, contre les Sud-Africains, c’est la version améliorée. Deux services, deux essais. Si seulement le reste de l’équipe avait suivi le rythme…
Cette connexion, elle ne date pas d’hier. Club, sélection, ils se connaissent par cœur. Ramos voit les espaces que les autres ne voient pas, Penaud les exploite comme personne. Un duo qui fait rêver, même dans la défaite.
Une Défense Parfois Friable
Mais soyons honnêtes, tout n’est pas rose. Si Penaud excelle en attaque, sa défense reste un point noir. On l’a vu lors du Crunch contre l’Angleterre. Un plaquage raté, un essai encaissé, et paf, sortie du groupe pour le match suivant. Une sanction qui a fait jaser, mais qui a porté ses fruits.
Le staff de Fabien Galthié n’a pas hésité. Un avertissement clair : ici, on ne rigole pas avec l’engagement. Penaud l’a pris en pleine figure, a ruminé, puis est revenu plus fort. Contre l’Irlande, puis ce soir. Mais face aux Springboks, certains oublis défensifs ont coûté cher.
Quand tu fais n’importe quoi en défense, tu payes. Point.
– Damian Penaud, après son retour de suspension
C’est ça, le rugby moderne. Plus de place pour les génies à sens unique. Il faut tout faire, ou presque. Penaud le sait, travaille dessus, mais son ADN reste offensif. Et franchement, qui s’en plaindrait quand il plante des essais comme ça ?
Le Contexte du Match : Une Revanche Ratée
Revenons au match lui-même. Les Bleus recevaient les Springboks au Stade de France, avec dans un coin de la tête la demi-finale de la Coupe du monde 2023. Une défaite au couteau, 28-29, qui hante encore les nuits françaises. Cette fois, c’était l’occasion de prendre une revanche. Raté.
Pourtant, le début était prometteur. Essai de Penaud dès l’entame, puis un second. 14-6 à la pause, on y croyait. Mais les Sud-Africains, même réduits à 14 après un carton rouge, ont remis la machine en route. Pack dominateur, défense de fer, et des Bleus qui ont craqué physiquement en seconde période.
| Mi-temps | Score France | Score Afrique du Sud |
| Première | 14 | 6 |
| Seconde | 3 | 26 |
| Final | 17 | 32 |
Ce tableau résume tout. Une première mi-temps encourageante, une seconde catastrophique. Le pack français a été submergé, les avants sud-africains ont imposé leur loi. Ramos a bien tenté de maintenir la baraque avec des pénalités, Jelonch a mis du cœur, mais ça n’a pas suffi.
Les Springboks à 14 : Une Leçon de Résilience
Petit focus sur ce carton rouge. Un choc violent, tête contre tête, sur Thomas Ramos. L’arbitre n’hésite pas, rouge direct. Les Sud-Africains à 14 pour plus d’une heure. Logiquement, les Bleus auraient dû en profiter. Mais non. Au contraire, c’est l’Afrique du Sud qui a accéléré.
C’est là qu’on voit la différence de mental. Les Springboks, habitués à jouer en infériorité, n’ont pas paniqué. Ils ont serré les rangs, gagné les collisions, et puni chaque erreur française. Une leçon de rugby, brutale mais efficace.
Du côté français, on a vu de la frustration, des fautes de main, des choix discutables. Le genre de match où tout semble aller de travers après la pause. Et pourtant, il y avait de quoi construire. Les essais de Penaud, les fulgurances de certains jeunes. Mais globalement, c’est une désillusion de plus.
Penaud, un Profil Atypique dans le Rugby Moderne
Ce qui rend Penaud si intéressant, c’est son profil. Pas le plus costaud, pas le plus explosif sur 10 mètres, mais un sens du rugby hors norme. Il lit le jeu comme peu d’ailiers. Et puis, cette nonchalance apparente. À l’entraînement, il s’étire, il traîne, il semble ailleurs. Et le samedi, il te plante un doublé.
Les coachs ont appris à composer avec. Ils savent que derrière l’indolence, il y a un compétiteur. Un gars qui déteste perdre, même s’il ne le crie pas sur tous les toits. Son retour après la sanction anglaise l’a prouvé. Plus affûté, plus impliqué. Même si la défense reste perfectible.
- Arrivée en sélection : discrète mais prometteuse
- Premier essai marquant : contre les All Blacks ? Non, mais presque
- Explosion : sous l’ère Galthié, il devient incontournable
- Record : 40 essais, et ce n’est peut-être pas fini
À 29 ans, il est dans la force de l’âge. Avec Bordeaux-Bègles, il continue de briller en club. En sélection, il est titulaire indiscutable. Tant qu’il reste en santé, les records pourraient encore tomber. Mais pour ça, il faudra peut-être un peu plus de régularité collective.
Et Maintenant ? Perspectives pour le XV de France
Cette défaite, elle fait mal. Pas seulement à cause du score, mais parce qu’elle arrive dans une période charnière. Tournée d’automne, matchs de préparation, et déjà des doutes qui s’installent. Le pack a été dominé, la mêlée a souffert, la conquête a été fragile. Des secteurs clés où les Bleus doivent progresser.
Mais il y a aussi des motifs d’espoir. Les jeunes poussent, certains cadres reviennent en forme. Penaud, lui, continue son bonhomme de chemin. S’il peut gommer ses lacunes défensives, il deviendra encore plus dangereux. Et avec un Ramos en chef d’orchestre, tout reste possible.
Prochains rendez-vous ? D’autres gros morceaux en novembre. Il faudra montrer autre chose. Plus de constance, plus de physique, plus de discipline. Le rugby de haut niveau ne pardonne pas les demi-mesures.
Pourquoi ce Record Compte dans l’Histoire du Rugby Français
40 essais, ce n’est pas rien. Dans l’histoire du XV de France, peu de joueurs ont atteint ce total. Des ailiers, des centres, des arrières légendaires. Penaud s’installe parmi eux, avec son style bien à lui. Pas le plus médiatique, pas le plus charismatique au micro, mais diablement efficace.
Et puis, il y a cette symbolique. Marquer contre les Springboks, doubles champions du monde, dans un match chargé émotionnellement. C’est le genre de performance qui marque les esprits. Même dans la défaite, Penaud a montré qu’il était au niveau des meilleurs.
À mon avis, ce qui rend ce record encore plus beau, c’est qu’il n’a pas été calculé. Pas de match arrangé, pas d’adversaire faible. Non, deux essais contre la meilleure défense du monde. Ça, ça pèse.
Les Réactions dans le Vestiaire
Après le match, les visages étaient fermés. Penaud, comme à son habitude, n’a pas beaucoup parlé. Mais on imagine ce qu’il a dû ressentir. La fierté du record, la frustration de la défaite. Un mélange explosif. Ses coéquipiers, eux, ont salué la performance, tout en pointant les manques collectifs.
Le staff, sans doute, a déjà la tête au prochain match. Analyser, corriger, avancer. C’est la routine du haut niveau. Mais pour Penaud, cette soirée restera gravée. 40 essais. Un cap. Une étape. Et sûrement pas la dernière.
En résumé, Damian Penaud a vécu une soirée en deux temps. D’abord l’euphorie des essais, du record, de l’histoire écrite en direct. Puis la douche froide de la défaite, lourde, frustrante. Le rugby, en somme. Cruel et magnifique à la fois. Mais une chose est sûre : avec 40 essais au compteur, l’ailier bordelais n’a pas fini de faire parler de lui. Et nous, on a hâte de voir la suite.
Parce qu’au fond, c’est ça qui rend ce sport addictif. Ces joueurs capables de transcender un match, même quand tout s’écroule autour. Penaud, avec son doublé inutile mais historique, en est l’illustration parfaite. Un finisseur d’exception dans une équipe en quête de repères. L’histoire continue.
