Imaginez-vous dans un vestiaire, le silence pesant avant un match. Votre maillot, habituellement floqué du numéro 1, affiche un 3. Vous n’êtes plus à gauche, mais à droite de la mêlée. C’est l’histoire de Dany Priso, pilier du RCT, qui relève un défi aussi inattendu qu’exigeant. À 31 ans, ce joueur habitué à la stabilité du poste de pilier gauche s’aventure sur le terrain miné du pilier droit. Ce n’est pas qu’une question de numéro : c’est un changement radical, un combat physique et mental. Alors, comment passe-t-on d’un côté à l’autre de la mêlée dans le Top 14 ?
Un Défi Hors Norme dans le Rugby Moderne
Le rugby, c’est bien plus qu’un sport de contact. C’est une science, une chorégraphie brutale où chaque position a ses codes. La mêlée, cet affrontement emblématique, concentre toute l’intensité du jeu. Et au cœur de ce chaos organisé, le pilier droit joue un rôle clé, encaissant des pressions colossales. Dany Priso, habitué à la relative stabilité du pilier gauche, s’est vu confier cette mission ardue. Pourquoi ce changement ? Comment un joueur de 31 ans, déjà bien établi, accepte-t-il de sortir de sa zone de confort pour un poste aussi exigeant ?
Un Changement Né d’une Nécessité
Tout a commencé par une discussion banale, presque anecdotique. Cet été, les entraîneurs du RCT ont dû faire face à un problème : des absences et des départs chez les piliers droits. Avec un effectif amoindri, il fallait une solution. Et c’est là que Priso, avec son expérience et sa polyvalence, a été mis à l’épreuve. « On a rigolé, on a lancé des défis, et puis j’ai fini par me retrouver à droite », confie-t-il avec un sourire. Mais derrière cette légèreté, il y a un travail titanesque.
« Ce n’est pas juste un changement de côté. C’est une nouvelle façon de penser, de bouger, de respirer. »
– Un entraîneur de mêlée du Top 14
Passer de pilier gauche à pilier droit, c’est comme apprendre à écrire de l’autre main. Le pilier droit subit une pression unique : sa tête est coincée entre le talonneur et le pilier adverse, encaissant près d’une tonne de force à chaque poussée. C’est un poste où chaque détail compte, du placement des pieds à l’angle du dos. Priso, avec son physique robuste, a dû réapprendre à se positionner, à gérer cette instabilité, et surtout, à tenir bon face à l’adversité.
Un Travail Technique et Physique Énorme
Si la mêlée semble simple vue des tribunes, elle est d’une complexité folle. Pour Priso, s’adapter au rôle de pilier droit demande un entraînement spécifique, à la fois en salle et sur le terrain. Les séances de musculation se concentrent sur le renforcement des jambes et du cou, essentiels pour encaisser les impacts. Les squats, les soulevés de terre, les exercices d’explosivité : tout est pensé pour transformer le corps en une forteresse.
- Renforcement cervical : Protéger la nuque contre les chocs répétés.
- Explosivité : Gagner en puissance pour dominer les impacts.
- Placement : Apprendre à positionner son corps pour optimiser la poussée.
Mais ce n’est pas tout. Hors mêlée, le pilier droit doit courir, plaquer, porter le ballon. Priso le décrit avec une pointe d’humour : « Tu prends une tonne dans la tronche, et après, il faut sprinter comme un ailier. » Ce contraste entre la brutalité statique de la mêlée et la dynamique du jeu ouvert est épuisant. Pourtant, c’est ce qui rend le rugby si unique, et ce défi, Priso l’embrasse pleinement.
Le Mental : Clé du Succès
J’ai toujours trouvé que le rugby, plus que tout autre sport, est une question d’orgueil. Dans la mêlée, face à un adversaire qui veut vous « traverser », il faut une force mentale à toute épreuve. Priso le dit lui-même : « Tu ne peux pas te laisser faire. » Chaque mêlée est un duel, un test de caractère. Et quand une mêlée recule, les regards se tournent souvent vers les piliers, même si le travail est collectif.
« Une mêlée, c’est huit joueurs, mais tout le monde regarde les piliers. C’est injuste, mais c’est comme ça. »
Pour Priso, ce défi est aussi une occasion de se dépasser. À 31 ans, beaucoup auraient choisi la facilité, mais lui voit dans ce changement une opportunité. « J’aime les challenges », explique-t-il. Cette mentalité de compétiteur, c’est ce qui le pousse à travailler ses automatismes, à répéter ses placements, même chez lui, dans son salon. Car oui, devenir pilier droit, c’est un apprentissage constant.
Pourquoi le Pilier Droit Est-il si Particulier ?
Dans le rugby professionnel, le poste de pilier droit est souvent considéré comme le plus exigeant. Pourquoi ? Parce qu’il cumule des contraintes uniques. Voici un aperçu des raisons qui font de ce rôle un défi à part :
| Aspect | Défis | Impact |
| Pression physique | Encaisser près d’une tonne de force | Risque de blessures, fatigue intense |
| Technique | Placement précis, liaison complexe | Erreur = mêlée instable |
| Mental | Gérer l’apnée et la pression adverse | Concentration maximale requise |
Ce n’est pas un hasard si les piliers droits sont souvent parmi les mieux payés du Top 14. Leur rôle est crucial : une mêlée faible, et c’est tout l’équilibre de l’équipe qui s’effondre. Priso, en acceptant ce poste, ne cherche pas seulement à aider son équipe, mais aussi à prouver qu’il peut encore surprendre.
Un Engagement Total pour l’Équipe
Ce qui frappe chez Priso, c’est son dévouement. Il aurait pu refuser, rester dans son confort de pilier gauche. Mais il a choisi de se mettre au service de son club. « Je ne suis pas là pour me reposer », insiste-t-il. Et les chiffres parlent pour lui : la saison dernière, il a enchaîné 30 matches, une prouesse dans un sport aussi physique.
Son travail ne s’arrête pas au terrain. Les jours off, il revient au club pour des séances spécifiques, travaillant sa liaison et ses appuis avec les entraîneurs et les jeunes joueurs. Cette humilité, cette envie d’apprendre, c’est ce qui rend son histoire si inspirante. Car, comme il le dit lui-même, il n’est pas encore un pilier droit aguerri. Mais il y travaille, avec sérieux et passion.
Et le Salaire dans Tout Ça ?
Le poste de pilier droit est souvent synonyme de gros chèques dans le rugby professionnel. Mais pour Priso, l’argent n’est pas la motivation. « Mon salaire n’a pas changé », explique-t-il avec franchise. Ce qu’il cherche, c’est le défi sportif, la sensation de repousser ses limites. Cela dit, si ses performances à droite s’installent dans la durée, il n’exclut pas d’en discuter avec son club. Pour l’instant, il reste « comme un gosse qui apprend », et c’est peut-être ce qui rend son parcours si attachant.
« Si c’était facile, tout le monde jouerait pilier droit. Mais là, tu mets ton corps en jeu à chaque mêlée. »
Ce risque, cette mise en danger constante, c’est ce qui fait du rugby un sport à part. Et des joueurs comme Priso, prêts à sortir de leur zone de confort, rappellent pourquoi ce sport fascine autant.
Un Exemple pour la Nouvelle Génération
À 31 ans, Dany Priso pourrait se contenter de gérer sa carrière. Mais en relevant ce défi, il envoie un message fort aux jeunes joueurs : dans le rugby, il n’y a pas d’âge pour apprendre. En travaillant avec les espoirs du club, il montre aussi que la transmission est au cœur de ce sport. « Les jeunes m’aident à progresser », confie-t-il. Ce dialogue entre générations est une richesse pour le rugby, et Priso en est un parfait ambassadeur.
Alors, simple pige ou reconversion définitive ? Pour l’instant, Priso ne tranche pas. Ce qui est sûr, c’est que son aventure à droite de la mêlée est une leçon de courage et de persévérance. Dans un sport où chaque mètre se gagne dans la douleur, son histoire est une ode à l’effort et à la passion.
Et vous, que pensez-vous de ce défi ? Peut-on vraiment réinventer sa carrière à 31 ans dans un sport aussi exigeant ? Une chose est certaine : Dany Priso n’a pas fini de nous surprendre.
