Il y a des moments dans l’histoire où un simple choix peut faire basculer une nation. Imaginez-vous en 1969, dans une France encore marquée par les soubresauts de Mai 68, où un homme, considéré comme un géant, décide de quitter le pouvoir. Ce n’était pas une décision anodine, mais un acte chargé de sens, presque théâtral. Charles de Gaulle, le sauveur de 1940, le père de la Ve République, a choisi de partir après un référendum perdu. Aujourd’hui, en 2025, alors que la France traverse une crise politique sans précédent, une question brûlante refait surface : Emmanuel Macron pourrait-il, lui aussi, envisager une démission ? Cette hypothèse, autrefois impensable, est désormais évoquée jusque dans les rangs de ses anciens alliés. Plongeons dans cet épisode historique et ses résonances modernes.
Un Précédent Historique : La Démission de De Gaulle
Le 27 avril 1969 marque une date clé dans l’histoire française. Ce jour-là, les Français se prononcent sur un référendum proposé par le général de Gaulle, un projet ambitieux visant à réformer le Sénat et à instaurer une régionalisation pour décentraliser le pouvoir. Mais le résultat est sans appel : 52,41 % des votants rejettent la proposition. Pour de Gaulle, ce n’est pas qu’une simple défaite politique. C’est une rupture, un désaveu personnel. Fidèle à sa vision d’une démocratie où le lien entre le chef et le peuple doit être direct, il choisit de tirer sa révérence.
Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi.
– Message de Charles de Gaulle, 28 avril 1969
Ce message, transmis au président du Conseil constitutionnel, scelle la fin d’une ère. De Gaulle, qui avait survécu à des crises majeures – la guerre, l’instabilité de la IVe République, les événements de 68 – perçoit ce revers comme une fracture. Selon des experts du domaine, il avait compris que la nouvelle génération ne partageait plus sa vision. Ce départ, vécu comme un deuil national par beaucoup, laisse une France orpheline, mais aussi prête à écrire un nouveau chapitre.
Pourquoi De Gaulle a-t-il Choisi de Partir ?
Pour comprendre cette décision, il faut plonger dans l’esprit du Général. Sa conception de la démocratie était singulière : un lien presque sacré entre le leader et le peuple. Le référendum de 1969 n’était pas seulement une question administrative, mais un plébiscite déguisé. En posant la question de la confiance, de Gaulle mettait son destin en jeu. Le rejet de son projet, bien que technique, était perçu comme un rejet de son leadership.
À l’époque, la France est en pleine mutation. La jeunesse, galvanisée par Mai 68, aspire à plus de libertés, à une société moins rigide. De Gaulle, malgré son aura de libérateur, apparaît parfois comme un vestige d’un autre temps. J’ai toujours trouvé fascinant ce paradoxe : un homme qui a sauvé la France à deux reprises – en 1940 et en 1958 – se retrouve déconnecté d’une partie de son peuple. Cette fracture, il la ressent profondément.
- Référendum mal compris : Le projet de régionalisation et de réforme du Sénat manquait de clarté pour le grand public.
- Contexte post-68 : Une société en quête de renouveau, moins attachée à l’autorité gaulliste.
- Choix personnel : Fidèle à ses principes, de Gaulle refuse de s’accrocher au pouvoir sans soutien populaire.
Cette décision, bien que brutale, reflète une certaine noblesse. De Gaulle ne voulait pas être un président diminué. En partant, il laissait une leçon : le pouvoir n’a de sens que s’il repose sur la confiance.
1969 : Une France en Transition
La démission de De Gaulle n’est pas qu’un événement politique, c’est un tournant culturel. La France des années 60, marquée par la reconstruction et la guerre froide, cède la place à une société plus moderne, plus contestataire. À Colombey-les-Deux-Églises, où il se retire, de Gaulle reçoit des milliers de lettres de Français. Certains pleurent leur « sauveur », d’autres saluent son courage. Ce mélange d’admiration et de mélancolie montre à quel point il incarnait une idée de la France.
Le lendemain de sa démission, Alain Poher, président du Sénat, prend la tête de l’État en tant que président par intérim, conformément à la Constitution de 1958. Cette transition, fluide sur le plan institutionnel, cache pourtant une onde de choc. La France sans de Gaulle, c’est un peu comme un navire sans capitaine. Pourtant, elle trouve rapidement un nouvel élan avec l’élection de Georges Pompidou, son ancien Premier ministre.
| Événement | Date | Impact |
| Référendum sur la régionalisation | 27 avril 1969 | Rejet à 52,41 %, désaveu pour de Gaulle |
| Démission de De Gaulle | 28 avril 1969 | Fin de la présidence gaulliste |
| Intérim d’Alain Poher | 28 avril 1969 | Transition institutionnelle |
| Élection de Pompidou | Juin 1969 | Nouveau départ pour la France |
2025 : Macron Face à une Crise Inédite
Avance rapide jusqu’en 2025. La France est plongée dans une crise institutionnelle qui rappelle, par certains aspects, les tensions de 1969. Emmanuel Macron, président depuis 2017, fait face à une impasse politique. Sans majorité claire à l’Assemblée, avec un gouvernement fragilisé et des appels croissants à sa démission, l’hypothèse d’une présidentielle anticipée n’est plus un tabou. Ce qui m’a frappé, c’est la manière dont cette idée, autrefois inconcevable, s’est imposée dans le débat public, portée par des figures comme un ancien Premier ministre.
La situation actuelle exige des solutions audacieuses, peut-être même une élection anticipée.
– Une voix influente de la scène politique française
Contrairement à de Gaulle, Macron n’a pas organisé de référendum pour tester sa légitimité. Mais la dissolution récente de l’Assemblée et l’incapacité à former un gouvernement stable ont exacerbé les tensions. Les Français, lassés par les crises à répétition, semblent de plus en plus détachés de leur président. Cette déconnexion, si elle évoque celle de 1969, s’inscrit dans un contexte bien différent.
De Gaulle vs Macron : Une Comparaison Inévitable
Comparer de Gaulle et Macron peut sembler audacieux, tant leurs parcours et leurs époques diffèrent. De Gaulle était un héros national, un symbole de résistance. Macron, lui, incarne une modernité parfois perçue comme déracinée. Pourtant, les deux hommes partagent un point commun : une vision forte de leur rôle, mais une difficulté à maintenir un lien avec une société en mutation.
- Contexte historique : De Gaulle agit dans une France post-gaulliste, marquée par son héritage. Macron navigue dans une ère de fragmentation politique.
- Légitimité : De Gaulle misait sur le référendum pour asseoir son autorité. Macron, sans majorité, semble à court d’options.
- Perception publique : Là où de Gaulle inspirait respect, même dans la défaite, Macron fait face à une défiance croissante.
Ce qui me semble le plus frappant, c’est la différence dans la perception du départ. Quand de Gaulle part, il reste une figure tutélaire. Si Macron devait démissionner, serait-il vu comme un réformateur incompris ou un président ayant échoué à unir ? La question reste ouverte.
La Démission : Une Issue Plausible en 2025 ?
Revenons à 2025. La proposition d’une présidentielle anticipée, évoquée par des figures politiques de premier plan, a secoué le paysage. Mais que signifierait une telle décision ? D’abord, un bouleversement institutionnel. Selon la Constitution, en cas de démission, le président du Sénat assurerait l’intérim, comme en 1969. Une élection devrait être organisée dans un délai de 20 à 35 jours. Mais surtout, ce serait un aveu d’échec pour Macron, un pari risqué dans une France divisée.
Certains, parmi les observateurs, estiment que cette hypothèse devient crédible face à l’impossibilité de former un gouvernement de coalition. D’autres, au contraire, pensent que Macron s’accrochera, fidèle à sa réputation de stratège. Personnellement, je trouve que l’idée d’une démission, bien que séduisante pour certains, reste un saut dans l’inconnu. Qui pour succéder ? Quelles forces politiques domineraient ?
Les Leçons de l’Histoire pour l’Avenir
L’histoire ne se répète jamais vraiment, mais elle offre des leçons. La démission de De Gaulle nous rappelle que le pouvoir, même le plus légitime, repose sur un fil fragile : la confiance du peuple. En 2025, cette leçon résonne avec force. La crise actuelle, avec ses blocages et ses tensions, pose une question essentielle : comment rétablir ce lien ?
Pour ma part, je crois que la réponse ne réside pas seulement dans des gestes spectaculaires comme une démission. Elle passe par une écoute, une humilité, et peut-être une réinvention des institutions. La Ve République, si solide en apparence, montre ses limites dans un monde où les consensus sont rares. Et si, au lieu de chercher un sauveur, la France apprenait à avancer sans figure providentielle ?
Le pouvoir n’a de sens que s’il sert une vision partagée par le peuple.
– Un historien spécialiste de la Ve République
En attendant, la France retient son souffle. Macron partira-t-il, comme de Gaulle, ou choisira-t-il une autre voie ? Une chose est sûre : l’histoire, avec ses échos et ses surprises, n’a pas fini de nous enseigner.
