Quand une ville perd une de ses figures, c’est un peu comme feuilleter un vieux carnet de souvenirs : on redécouvre des moments clés, des visages, des combats. La nouvelle du décès de Pierre-Jean Banuls, ancien maire d’Évry, m’a fait réfléchir à l’impact qu’un homme peut avoir sur une communauté, même en si peu de temps. À 79 ans, cet homme aux multiples casquettes – professeur, pionnier du sport, homme politique – a marqué la ville d’Évry, non sans quelques remous. Mais qui était vraiment Pierre-Jean Banuls, et pourquoi son passage éclair à la mairie continue-t-il de résonner ?
Une Vie Dédiée à Évry : Sport, Culture et Politique
Si vous avez déjà mis les pieds à Évry, vous savez que cette ville nouvelle, née dans les années 60, est un patchwork d’ambitions et de défis. Pierre-Jean Banuls, décédé le 1er octobre 2025, a incarné une partie de cette histoire. Licencié en lettres, professeur d’éducation physique, il n’était pas du genre à rester dans l’ombre. Son parcours, riche et varié, l’a conduit à devenir une figure centrale de l’Agora, ce lieu emblématique où se croisent culture, sport et vie citoyenne.
Les Années Sportives : Un Pionnier à l’Agora
Avant de plonger dans la politique, Banuls a fait ses armes dans le domaine du sport. À Évry, l’Agora n’est pas qu’un bâtiment : c’est un symbole, un lieu où la ville prend vie. Banuls y a laissé une empreinte indélébile en contribuant à la création du club omnisports SCA 2000. Ce club, encore actif aujourd’hui, est un pilier pour les jeunes et les familles de la région.
Le sport, c’est bien plus que des matchs ou des médailles. C’est une école de vie, un moyen de rassembler une communauté.
– Un ancien collaborateur de Banuls
En tant que directeur des sports, puis directeur général de l’Agora à partir de 1985, Banuls a mis son énergie à structurer des initiatives sportives. J’ai toujours trouvé fascinant comment le sport peut façonner une ville. À Évry, où la diversité est reine, ces projets ont permis à des générations de s’unir autour d’une passion commune. Mais son rôle ne s’arrêtait pas là : il a aussi porté l’idée d’une éducation populaire, mêlant culture et apprentissage pour tous.
Un Parcours Politique : De l’Ombre à la Lumière
Si le sport était son terrain de jeu, la politique a été son arène. En 1992, Banuls rejoint l’équipe de l’ancien maire socialiste d’Évry, occupant d’abord le poste de directeur de cabinet. Ce n’était pas un rôle anodin : il était au cœur des décisions, un stratège dans l’ombre. Puis, il devient second adjoint, chargé des travaux, un domaine clé pour une ville en pleine mutation.
- Directeur de cabinet : Conseiller de l’ombre, il oriente les choix stratégiques.
- Second adjoint : Responsable des grands chantiers urbains, il façonne le visage d’Évry.
- Président du SAN : À la tête du Syndicat d’Agglomération Nouvelle, il pilote des projets intercommunaux.
Son ascension culmine en 1999, lorsqu’il prend les rênes de la mairie après la démission de son prédécesseur. À l’époque, Évry est une ville en pleine effervescence, mais aussi en proie à des tensions. Banuls, socialiste convaincu, se retrouve à gérer une commune complexe, avec des attentes énormes de la part des habitants.
Un Mandat Éclair, Mais Controversé
Le mandat de Pierre-Jean Banuls, de 1999 à 2000, n’a duré que 15 mois. Pourquoi si court ? Les raisons sont multiples, et elles racontent une histoire humaine, faite de succès et d’écueils. D’un côté, Banuls voulait poursuivre les projets d’urbanisme et de cohésion sociale qui faisaient la fierté d’Évry. De l’autre, il a été rattrapé par des défis qu’il n’a pas su surmonter.
Une affaire judiciaire, liée à des accusations d’emploi fictif, a terni son image. Ajoutez à cela une grève massive des agents municipaux, et vous obtenez une tempête parfaite. Sous pression, Banuls choisit de démissionner en mai 2000. Ce départ, rapide et inattendu, a laissé des traces. Certains habitants se souviennent encore de cette période comme d’un moment de désillusion.
Gérer une ville comme Évry, c’est comme jongler avec des torches enflammées. Il faut du courage, mais aussi beaucoup de chance.
– Un observateur politique local
Ce revers n’a pourtant pas effacé son engagement. Après sa démission, Banuls reste actif comme conseiller municipal d’opposition, puis rejoint la Communauté d’Agglomération Centre Essonne en 2001 en tant que chargé de mission. Cette capacité à rebondir, à continuer malgré les obstacles, dit beaucoup sur son caractère.
L’Héritage de Banuls : Entre Lumière et Ombre
Alors, quel bilan tirer de la vie de Pierre-Jean Banuls ? C’est une question qui mérite qu’on s’y attarde. D’un côté, son rôle dans le développement du sport à Évry reste incontestable. Le club SCA 2000, les initiatives à l’Agora, tout cela continue d’influencer la ville. De l’autre, son passage à la mairie, bien que bref, a été marqué par des controverses qui ont divisé.
| Aspect | Contribution | Impact |
| Sport | Création du SCA 2000 | Renforcement de la cohésion sociale |
| Agora | Direction et modernisation | Dynamisation culturelle |
| Politique | Mandat de maire (1999-2000) | Mixte, marqué par des controverses |
Personnellement, je trouve que l’histoire de Banuls illustre une vérité universelle : personne n’est parfait, mais chacun peut laisser une marque. À Évry, son nom évoque à la fois des réalisations concrètes et des leçons apprises dans la douleur. N’est-ce pas là l’essence même d’une vie publique ?
Évry Aujourd’hui : Une Ville en Évolution
Évry, ou plutôt Évry-Courcouronnes depuis la fusion des deux communes, continue d’évoluer. Les défis d’aujourd’hui – sécurité, urbanisme, cohésion sociale – ne sont pas si différents de ceux auxquels Banuls a été confronté. Pourtant, la ville a changé. Les équipements sportifs qu’il a contribué à développer sont toujours là, mais de nouveaux enjeux, comme la montée des réseaux sociaux ou les questions environnementales, redessinent le paysage.
En repensant à Banuls, je me demande : comment aurait-il abordé ces nouveaux défis ? Son amour pour le sport et l’éducation populaire l’aurait peut-être poussé à créer des ponts entre les générations, à utiliser le numérique pour rassembler. C’est une hypothèse, bien sûr, mais elle montre à quel point son héritage reste pertinent.
Un Hommage Discret, À l’Image de l’Homme
Les obsèques de Pierre-Jean Banuls, prévues dans l’intimité familiale, reflètent sa personnalité : discrète, mais profondément ancrée dans ses convictions. L’actuel maire d’Évry-Courcouronnes a salué sa mémoire, soulignant son rôle de pionnier. Mais au-delà des hommages officiels, c’est dans les souvenirs des habitants, dans les matchs du SCA 2000, dans les couloirs de l’Agora, que Banuls continue de vivre.
En écrivant cet article, j’ai réalisé à quel point une vie, même marquée par des hauts et des bas, peut façonner une communauté. Banuls n’était pas un homme parfait, mais il était passionné. Et parfois, c’est cette passion qui fait toute la différence.
Et vous, que retiendrez-vous de son histoire ? Un pionnier du sport, un maire éphémère, ou simplement un homme qui a essayé, à sa manière, de faire avancer sa ville ?
