Imaginez la scène. Il est à peine six heures du matin à Kiev, le froid de novembre vous transperce, et soudain, des hommes en noir, gilets frappés du sigle anticorruption, investissent le quartier des ministères. Leur cible ? Pas n’importe qui. L’homme considéré comme le véritable numéro deux du pays. Celui que certains appellent, à voix basse, le « président bis ». Et puis, en fin de journée, l’annonce tombe : il démissionne. Comme ça. Brutalement.
Non, ce n’est pas le scénario d’un thriller politique. C’est ce qui s’est passé ce vendredi 28 novembre 2025. Et franchement, ça sent le soufre.
Un départ qui tombe au pire moment possible
Il y a des coïncidences qui n’en sont pas. Et celle-ci est énorme. Alors que Kiev traverse peut-être la période la plus critique de son histoire récente – entre incertitude sur l’aide américaine, rumeurs de négociations directes avec Moscou et fatigue générale de la population – le président se sépare de son collaborateur le plus proche. Celui qui gérait tout : les rendez-vous secrets, les appels avec Washington, les tractations internes. Celui dont on disait qu’il était inséparable de Volodymyr Zelensky.
Et là, paf. Perquisition à l’aube. Démission dans la foulée. Vous y croyez, vous, à cette version officielle du « il a présenté sa démission et elle a été acceptée » ? Moi, j’ai du mal.
Qui est vraiment Andriy Yermak ?
Pour comprendre l’ampleur du séisme, il faut revenir un peu en arrière. Andriy Yermak n’est pas un conseiller parmi d’autres. C’est l’homme qui a pris une place démesurée dans le dispositif présidentiel depuis 2020. Ancien producteur de cinéma – oui, comme Zelensky –, il a su se rendre indispensable. On le voit partout : aux côtés du président lors des sommets internationaux, dans les réunions stratégiques sur le front, dans les négociations les plus sensibles.
Certains diplomates étrangers le décrivent même comme le vrai décideur sur de nombreux dossiers. Un pouvoir qui, forcément, attire les jalousies. Et les soupçons.
« Yermak, c’est le filtre. Rien ne passe sans son accord. Ni les nominations, ni les contrats majeurs, ni même certains flux d’aide internationale. »
Un observateur occidental basé à Kiev, sous couvert d’anonymat
La perquisition : symbole ou règlement de comptes ?
Les images ont fait le tour des réseaux en quelques minutes. Des agents qui entrent dans un immeuble cossu du centre de Kiev. Pas n’importe quel immeuble : celui où réside le chef de cabinet présidentiel. Le message est clair : personne n’est intouchable. Même pas l’homme le plus puissant après le président.
Mais derrière cette opération spectaculaire, plusieurs lectures possibles :
- Une vraie enquête anticorruption qui finit par toucher le cœur du pouvoir ?
- Un avertissement envoyé à ceux qui seraient tentés de défier le président ?
- Ou, plus probablement, une opération de communication savamment orchestrée pour redorer une image ternie par des affaires successives ?
Parce que soyons honnêtes : l’Ukraine traîne depuis des années une réputation de corruption endémique. Et chaque scandale, chaque affaire, vient rappeler aux partenaires occidentaux que l’argent versé – des dizaines de milliards – ne finit pas toujours là où il devrait.
Le timing ne doit rien au hasard
Regardez le calendrier. Nous sommes à quelques semaines d’une possible prise de fonction d’une nouvelle administration américaine. Les signaux venant de Washington sont pour le moins… ambigus. On parle de négociations, de compromis territoriaux, de réduction de l’aide militaire. Bref, tout ce que Kiev redoute.
Dans ce contexte, montrer qu’on « fait le ménage » chez soi devient une nécessité absolue. Quitte à sacrifier la pièce la plus importante de l’échiquier ? C’est là que ça devient intéressant.
Car sacrifier Yermak, ce n’est pas sacrifier un simple conseiller. C’est se priver d’un homme qui connaît tous les dossiers, tous les secrets, toutes les combines. C’est prendre le risque qu’il parle. Ou qu’il soit remplacé par quelqu’un de moins compétent. Ou pire : par quelqu’un qui n’aura pas la même loyauté.
Une présidence fragilisée comme jamais
Ce qui frappe, c’est la vitesse de l’exécution. Il y a encore dix jours, le président refusait catégoriquement de se séparer de son bras droit. « C’est mon frère », disait-il en substance. Et puis, d’un coup, tout bascule. Comme si quelqu’un avait appuyé sur un bouton.
Et ce quelqu’un, c’est peut-être bien le président lui-même. Parce qu’en politique, surtout quand on joue sa survie, il y a des moments où il faut savoir trancher dans le vif. Même si ça fait mal.
« C’est une opération de sauvetage d’image. Rien d’autre. Mais elle était devenue inévitable. »
Un analyste politique ukrainien, contacté par téléphone
Qu’est-ce qui a pu déclencher cette crise ?
Les rumeurs circulent à toute vitesse à Kiev. On parle de contrats d’armement surfacturés. De rétrocommissions sur l’aide humanitaire. De pressions sur des oligarques pour financer certains projets. Rien de vraiment nouveau, en somme. Mais cette fois, les preuves auraient été suffisamment solides pour que l’agence anticorruption passe à l’action.
Ou alors – et c’est l’hypothèse qui fait le plus parler –, il s’agirait d’une guerre des clans. Car Yermak s’était fait beaucoup d’ennemis. Dans l’entourage présidentiel. Dans l’armée. Chez certains partenaires occidentaux même, qui le trouvaient trop gourmand, trop interventionniste.
Et quand on devient trop puissant, on finit toujours par déranger. C’est une loi en politique. Partout dans le monde.
Les conséquences immédiates
Maintenant, la question à un million de dollars : qui va le remplacer ? Parce que trouver quelqu’un capable de tenir un rôle aussi stratégique, en pleine guerre, avec les exigences occidentales et les pressions internes, ça ne court pas les rues.
- Le poste risque de rester vacant un moment, signe de paralysie au sommet.
- Ou alors, on va nommer quelqu’un de plus « propre » sur le papier, mais forcément moins expérimenté.
- Pire : un proche d’un autre clan, ce qui déplacerait simplement le problème.
Et pendant ce temps, les dossiers s’accumulent. Les négociations avec les Américains. La préparation de l’hiver. La mobilisation. Tout repose désormais sur les épaules d’un président qui vient de perdre son principal relais.
Et l’opinion publique dans tout ça ?
À Kiev, les réactions sont contrastées. D’un côté, ceux qui applaudissent : enfin, quelqu’un de puissant tombe ! De l’autre, ceux qui y voient une énième mise en scène. « On nous ressort le même scénario tous les six mois », me confiait une habitante du centre-ville. « Un gros poisson qui saute, des applaudissements, et puis on reprend comme avant. »
Elle n’a pas complètement tort. L’histoire ukrainienne récente est remplie de ces grandes opérations anticorruption qui finissent en feu de paille. Mais cette fois, le symbole est trop fort pour être ignoré.
Un précédent dangereux ?
Ce qui est sûr, c’est que cette affaire marque un tournant. Pour la première fois, le cercle le plus intime du président est touché. Et ça change tout. Parce que si même le bras droit peut tomber du jour au lendemain, alors plus personne n’est à l’abri.
C’est peut-être le message que voulait faire passer le président. Ou alors, c’est le début d’une purge plus large. Voire le signe que le pouvoir commence à trembler sur ses bases.
En tout cas, une chose est certaine : ce 28 novembre 2025 restera dans les annales. Pas comme le jour où l’Ukraine a gagné une bataille contre la corruption. Mais comme le jour où elle a montré, une fois de plus, que même au plus haut niveau, les règles peuvent changer en un claquement de doigts.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Opération sincère ou coup de com’ désespéré ? Les prochains jours risquent d’être… passionnants.
