Vous savez ce moment où on réalise que le magicien va quitter la scène ? C’est exactement l’impression que j’ai eue ce matin en découvrant l’annonce. Le Paris Basketball, ce club qui a surgi de nulle part pour tout rafler en quelques saisons, vient de perdre l’homme qui tirait vraiment les ficelles dans l’ombre. Pas un coach charismatique, pas un joueur star. Non, un type discret, souvent assis à côté du président, qui passait ses nuits à décortiquer des vidéos et des stats. James Newman s’en va. Et franchement, ça fait un vide.
L’Homme qui a Tout Construit sans Jamais Prendre la Lumière
Quand on parle de l’explosion du Paris Basketball, on cite souvent les exploits de TJ Shorts, la folie de l’Adidas Arena ou le génie tactique de Tuomas Iisalo. C’est normal. Mais derrière chaque décision qui a transformé un club né en 2018 en champion de France et quart de finaliste d’Euroligue dès sa première participation, il y avait un Américain calme, méthodique, presque invisible pour le grand public.
James Newman est arrivé en 2019-2020. À l’époque, le projet ressemblait plus à un rêve un peu fou qu’à une future machine à gagner. Pourtant, en quelques années seulement, il a bâti quelque chose d’unique. Comment ? En travaillant. Vraiment beaucoup. Le genre de travail qu’on ne voit pas à la télé.
Le Recrutement comme Œuvre d’Art
Dans le basket moderne, tout le monde regarde les mêmes joueurs. Les agents inondent les boîtes mail, les highlights tournent en boucle sur YouTube. Alors comment faire la différence ? James Newman, lui, creusait plus loin. Beaucoup plus loin.
On raconte qu’il pouvait passer dix heures d’affilée à visionner des matchs de ligues obscures, à décrypter des tendances statistiques que personne n’avait encore remarquées. Le résultat ? Des paris gagnants qui ont sidéré tout le monde.
« Sa capacité à repérer des joueurs qui collent parfaitement à notre culture play-hard et notre style ultra-rapide a été juste… précieuse au-delà des mots. »
– Communiqué officiel du club
Et c’est peu dire. Parce que quand tu regardes l’effectif qui a tout gagné ces deux dernières années, tu te rends compte que presque chaque pièce du puzzle a été trouvée par lui. Des role players parfaits aux coachs révolutionnaires.
Les Coups de Génie qui Ont Changé l’Histoire du Club
Revenons un peu en arrière. 2023. Le club cherche un coach capable de faire passer un cap. Tout le monde s’attend à un nom connu, un ancien de NBA ou un technicien expérimenté en Europe. Et là, paf. Tuomas Iisalo. Un Finlandais qui venait de faire des miracles avec Bonn, en Allemagne, avec un basket ultra-offensif et collectif.
Beaucoup ont haussé les épaules : « C’est qui celui-là ? » Résultat ? Une saison historique, l’Eurocoupe gagnée, la Leaders Cup, et une qualification directe en Euroligue. Merci qui ? Merci James.
Cette saison, même scénario avec Francesco Tabellini. Un assistant peu connu qui arrive et qui fait déjà parler de lui par sa préparation et son intensité. Encore un coup de Newman.
- TJ Shorts, MVP de l’Eurocoupe et star incontestée ? Identifié et convaincu par lui.
- Nadir Hifi, la révélation française ? Repéré avant tout le monde.
- Les role players européens qui collent parfaitement au système ? Tous passés entre ses mains.
On peut même aller plus loin : le style même du Paris Basketball, ce basket rapide, intense, presque étouffant pour l’adversaire, c’est lui qui a imposé l’idée dès le début. Il voulait des joueurs qui correspondent à cette identité. Et il les a trouvés.
Un Départ vers Sydney : Simple Évolution ou Véritable Perte ?
En janvier, James Newman prendra l’avion pour l’Australie. Direction Sydney, où il va diriger à la fois les Kings (masculin) et les Flames (féminin). Un rôle encore plus large, avec une structure ambitieuse qui veut dominer la NBL et la WNBL.
Pour lui, c’est une promotion évidente. Passer de general manager à une sorte de directeur sportif global des deux franchises phares de Sydney, c’est un challenge énorme. Et vu son parcours, personne ne doute qu’il va réussir là-bas aussi.
Mais pour Paris ? Là, la question est plus délicate. Parce que remplacer un architecte de ce calibre, ce n emicrophone ne s’improvise pas.
« James est l’une des personnes les plus brillantes et dévouées que j’ai croisées. Sa contribution restera gravée dans l’histoire du club. »
– David Kahn, président du Paris Basketball
Quand même le président dit ça, tu comprends l’ampleur du départ.
Et Maintenant ? Les Défis d’un Club qui Ne Veut Pas Redescendre
Le Paris Basketball est aujourd’hui dans une position étrange. D’un côté, l’équipe est lancée à pleine vitesse : l’Adidas Arena fait le plein, les résultats suivent, le projet attire les meilleurs talents français et européens. De l’autre… l’homme qui a tout structuré s’en va.
Il y a ceux qui disent que le plus dur est fait. Que le style, la culture, l’organisation sont en place. Que le club a atteint une forme de maturité qui lui permet de continuer sur sa lancée même sans son cerveau historique.
Et puis il y a ceux – et j’en fais partie – qui pensent que maintenir ce niveau d’excellence va devenir beaucoup plus compliqué. Parce que dans le basket européen, la concurrence est féroce. Les gros clubs ont des budgets dix fois supérieurs. La seule arme du Paris Basketball, c’était d’être plus malin que les autres. Plus rapide à identifier les talents. Plus cohérent dans ses choix.
Cette arme s’appelait James Newman.
Ce Que Ce Départ Nous Dit sur le Basket Moderne
Au-delà de l’histoire parisienne, il y a quelque chose de plus grand. Le basket européen vit une révolution silencieuse. Les clubs qui réussissent ne sont plus forcément ceux qui dépensent le plus, mais ceux qui travaillent le mieux. Ceux qui ont les meilleures idées. Les meilleurs yeux.
James Newman incarne parfaitement cette nouvelle génération de dirigeants. Pas des anciens joueurs reconvertis. Pas des agents reconvertis. Non, des analystes purs, des obsédés du détail, capables de voir ce que les autres ne voient pas encore.
Monaco a eu son Sergey Dyadechko et son staff analytique. Le Paris Basketball a eu James Newman. Et maintenant, Sydney va en profiter.
C’est la vie du sport de haut niveau : les talents circulent. Les idées voyagent. Et ceux qui savent les capter au bon moment font la différence.
Un Merci Nécessaire
Avant de conclure, juste un mot. Merci James. Vraiment.
Merci d’avoir cru à ce projet quand beaucoup riaient. Merci d’avoir passé des nuits blanches pour trouver le joueur qui allait tout changer. Merci d’avoir construit quelque chose dont toute une ville est fière aujourd’hui.
Tu vas nous manquer. Mais quelque part, tu laisses une empreinte indélébile. Le Paris Basketball ne sera plus jamais le même… mais il ne serait jamais devenu ce qu’il est sans toi.
Bon vent en Australie. Et qui sait, peut-être qu’un jour tu reviendras. Les grandes histoires d’amour finissent rarement vraiment, non ?
(Article écrit avec le cœur, un soir de novembre 2025, en repensant à toutes ces soirées où l’Adidas Arena vibrait grâce à des choix que personne n’avait vus venir. Le basket, c’est aussi ça : des hommes de l’ombre qui changent tout.)
