Vous avez déjà commandé à 23 h 47 en vous disant « bon, au pire ça arrivera dans trois jours »… et le lendemain matin, le livreur sonne à 9 h ? Magie ? Non. Derrière ce petit miracle du quotidien, il y a des milliers de femmes et d’hommes qui courent entre les rayons d’entrepôts gigantesques. Ils s’appellent préparateurs de commandes. Et en ce moment, ils sont plus recherchés que jamais.
Le métier qui fait tourner l’e-commerce (et que personne ne voit)
On en parle peu, pourtant c’est l’un des rares jobs où les offres d’emploi explosent depuis cinq ans. Avec la folie du « click & collect », du drive et des livraisons en 24 h, les entrepôts n’arrivent plus à suivre. Résultat : les entreprises recrutent à tour de bras, parfois même sans expérience et avec formation incluse.
Moi qui ai passé quelques jours en immersion il y a deux ans (oui, j’ai enfilé le gilet fluo et les chaussures de sécurité), je peux vous dire une chose : c’est un monde à part. Bruyant, froid l’hiver, étouffant l’été, mais aussi étonnamment moderne avec des robots qui vous suivent comme des petits chiens et des écrans partout. Bref, bien loin de l’image d’Épinal de la chaîne à l’ancienne.
C’est quoi concrètement, préparateur de commandes ?
En gros, vous êtes la dernière personne qui touche le produit avant le client. Votre mission : transformer une liste de courses virtuelle en cartons réels qui partent dans le bon camion.
Il y a deux grandes phases :
- Le picking : vous allez chercher les articles dans les rayons (à pied, en transpalette ou sur un chariot élévateur)
- Le packing : vous emballez tout proprement, vous collez l’étiquette et hop, direction l’expédition
Certains jours vous faites les deux, d’autres vous êtes spécialisé. Et selon l’entreprise, c’est soit 15 km de marche par jour, soit vous restez à un poste fixe avec un tapis roulant qui vous amène les bacs. Les deux ont leurs avantages… et leurs inconvénients.
Combien ça paye vraiment en 2025 ?
Allons-y franco : le SMIC, la plupart du temps. Entre 1 400 € et 1 600 € net pour débuter. Mais – et c’est un gros mais – les primes font vite grimper la fiche de paie.
Prime de nuit, prime de froid (quand l’entrepôt est à 4 °C), prime de productivité, prime week-end… Au bout de quelques mois, beaucoup se retrouvent à 1 900-2 200 € net, voire plus avec les heures supplémentaires payées double le dimanche. Et oui, il y a souvent des heures sup’, parce que Noël, Black Friday ou soldes, ça ne s’arrête jamais.
J’ai croisé des préparateurs qui touchent 2 800 € net en décembre. Pas mal pour un métier accessible sans diplôme, non ?
Les horaires : le vrai point noir (ou le jackpot selon votre rythme)
Préparez-vous : 5 h-13 h, 13 h-21 h, ou 21 h-5 h. Parfois en 2×8, parfois en 3×8. Le week-end travaillés un sur deux ou un sur trois. C’est le prix à payer pour que vous receviez votre robot cuisine à 8 h du matin.
Mais certains adorent. Une préparatrice me confiait : « Moi je prends la tranche 5 h-13 h, je suis chez moi à 14 h, je récupère mes enfants à l’école et j’ai mes après-midi libres. C’est mieux que le 9 h-18 h classique ! » Tout est question de point de vue.
« Avant j’étais vendeuse en boutique, je finissais à 20 h et je n’avais plus de vie. Là, même si c’est physique, j’ai du temps pour moi. »
– Une préparatrice de 29 ans en CDI depuis 3 ans
Quelle formation pour commencer rapidement ?
Bonne nouvelle : 80 % des postes sont accessibles sans diplôme. Les entreprises forment en interne, surtout les grands noms de la grande distribution et du e-commerce.
Cela dit, avoir un petit bagage aide à décrocher les meilleurs postes (et les meilleurs salaires) :
- CAP Opérateur Logistique
- Bac Pro Logistique
- Titre Professionnel Préparateur de Commandes
- CACES 1-3-5 (pour conduire les chariots)
Le CACES, c’est le sésame en or. Avec, vous passez directement cariste ou préparateur voice (guidé par commande vocale) et là, le salaire décolle vite.
Le corps tient-il le coup ? La question qui fâche
Soyons honnêtes : oui, c’est physique. Troubles musculo-squelettiques, douleurs lombaires, genoux en vrac après quelques années… Les statistiques sont là.
Mais les choses changent. Exosquelettes, chariots électriques, sols anti-fatigue, robots qui portent les charges lourdes… Les entrepôts nouvelle génération investissent. Et surtout, la rotation des postes est devenue obligatoire dans beaucoup d’entreprises.
Résultat : les plus de 50 ans sont de plus en plus nombreux à rester dans le métier. J’ai vu une dame de 58 ans faire du picking automatisé sans problème. Preuve que ça évolue.
Les profils les plus recrutés en ce moment
- Jeunes en première expérience (18-25 ans)
- Personnes en reconversion (anciens commerçants, restauration, BTP…)
- Étudiants pour jobs saisonniers ou temps partiel
- Seniors actifs qui veulent un complément de retraite
- Femmes : elles représentent maintenant près de 40 % des effectifs (contre 15 % il y a dix ans)
Et oui, le métier s’est féminisé à vitesse grand V. Fini l’image du gros gaillard qui soulève des packs d’eau toute la journée.
Comment postuler et se démarquer
Oubliez le CV de trois pages. Dans la logistique, on veut du concret :
- Une lettre ou un message court message qui montre que vous avez compris les horaires décalés
- Mentionner si vous avez le permis (beaucoup d’entrepôts sont en zone industrielle)
- Parler de votre condition physique sans en faire des caisses
- Disponibilité immédiate = gros plus
Et surtout, postulez directement sur les sites carrières des entreprises. Les boîtes d’intérim sont bien, mais le CDI vient plus vite en direct.
Petit secret : les entrepôts qui ouvrent recrutent par vagues de 50 à 200 personnes d’un coup. Suivez les annonces d’ouverture de nouveaux sites, c’est là que les salaires sont les plus intéressants pour attirer les premiers salariés.
L’avenir du métier : vers toujours plus d’automatisation ?
On entend partout que les robots vont tout remplacer. Faux. Ou en tout cas, pas tout de suite.
Les robots sont excellents pour les produits standards (livres, boîtes de conserves), mais dès qu’il s’agit de choisir la plus belle pomme ou de caler correctement une bouteille de vin dans du papier bulle… l’humain reste imbattable.
Du coup, le métier évolue vers plus de technicité : pilotage de flottes de robots, maintenance légère, contrôle qualité. Les préparateurs deviennent des « opérateurs logistiques 4.0 ». Et ça, ça paye mieux.
En résumé ? Si vous cherchez un job stable, qui recrute partout en France, avec des perspectives d’évolution rapides et un salaire qui peut vite devenir confortable, le poste de préparateur de commandes mérite vraiment qu’on s’y arrête. Ce n’est pas un métier de rêve, mais pour beaucoup, c’est devenu un vrai tremplin.
Et vous, prêt à troquer votre costume contre un gilet fluo ?
