Il y a des nouvelles qui vous serrent le ventre dès les premiers mots. Celle-ci en fait partie. Une gamine de 14 ans qui disparaît en sortant du collège, ça devrait être le début d’un mauvais film… sauf que c’est la réalité, et qu’elle dure déjà depuis vingt jours.
Je ne sais pas vous, mais moi, quand je lis ce genre d’histoire, je repense immédiatement à mes propres années collège, à cette impression d’être invincible tout en étant terriblement fragile. Et puis je me dis que, quelque part en Normandie, des parents attendent, le téléphone à la main, un signe qui tarde à venir.
Une disparition qui n’a rien d’ordinaire
Le 7 novembre dernier, Louanne, 14 ans, quitte son collège de Canteleu, en banlieue de Rouen. Rien d’anormal à première vue. Sauf qu’elle ne rentrera jamais chez elle. Vingt jours plus tard, la police lance enfin un appel à témoins national. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? C’est là que l’affaire devient… particulière.
Contrairement à beaucoup de disparitions classées « inquiétantes » dès les premières heures, celle-ci semble appartenir à une catégorie un peu à part : Louanne donne régulièrement de ses nouvelles à sa famille par messages. Un « je vais bien », un « ne vous inquiétez pas »… Des mots qui rassurent à moitié et qui, en même temps, empêchent peut-être de déclencher plus tôt l’alerte maximale.
« Elle a envoyé des messages assez régulièrement à ses parents »
– Communiqué officiel des autorités
Cette phrase, apparemment anodine, change tout. On n’est plus forcément dans l’enlèvement ou l’accident grave. On penche plutôt vers la fugue. Mais une fugue de trois semaines, à 14 ans, en plein mois de novembre, ce n’est pas anodin non plus.
Le signalement physique : comment la reconnaître
Si vous habitez Rouen ou ses environs, voici à quoi ressemble Louanne :
- 14 ans
- 1m60
- Corpulence très mince
- Cheveux châtains, longs et lisses
- Yeux marron
- Portait, le jour de sa disparition, un survêtement noir Under Armour (haut + bas)
Simple, efficace, reconnaissable entre mille. Le genre de tenue que portent des centaines d’ados… mais associée à cette silhouette fine et ces longs cheveux châtains, ça peut faire tilt.
Un repère récent : le quartier Saint-Sever à Rouen
La bonne nouvelle – si on peut employer ce mot – c’est qu’elle a été aperçue cette semaine même dans le quartier Saint-Sever, sur la rive gauche de Rouen. Centre commercial, gare routière, rues animées le jour et plutôt désertes le soir… Un secteur où une ado peut passer inaperçue tout en ayant accès à tout ce dont elle a besoin.
Moi qui connais bien Rouen, je me dis qu’elle a probablement trouvé refuge dans ce coin-là parce qu’il est à la fois vivant et anonyme. Les ados en rupture adorent ce genre d’endroits : assez de monde pour ne pas se faire remarquer, assez de recoins pour dormir à l’abri des regards.
Fugue ou pas fugue ? La grande question
À 14 ans, on peut avoir mille raisons de claquer la porte. Des histoires de cœur, des tensions familiales, des notes qui dégringolent, un mal-être qu’on n’ose pas dire… Parfois tout ça en même temps. Et parfois, rien de tout ça : juste une envie brutale de liberté, de voir si on peut vivre autrement.
Le fait qu’elle continue d’écrire à ses parents me touche particulièrement. Ça veut dire qu’elle n’a pas rompu le lien. Elle est en colère, ou perdue, ou les deux, mais elle pense encore à eux. C’est presque plus dur à vivre pour une famille que le silence total.
J’ai vu des cas similaires par le passé : des ados qui partent plusieurs semaines, dorment chez des connaissances, zonent dans les grandes villes, et finissent par revenir quand la réalité les rattrape. Mais chaque jour qui passe augmente aussi les risques. À 14 ans, on n’a pas encore les armes pour se protéger vraiment.
Comment aider concrètement
Si vous avez croisé une adolescente correspondant à ce signalement, surtout dans le secteur Saint-Sever, n’hésitez pas une seconde. Un simple appel peut tout changer.
Le numéro à composer : 02.32.81.25.00 (police de Rouen, 24h/24).
Vous pouvez aussi vous manifester même pour un détail qui vous semble insignifiant : « J’ai vu une fille qui ressemblait, elle achetait un sandwich à telle heure… » Tout compte. Les enquêteurs recouperont.
Pourquoi cet appel à témoins arrive seulement maintenant
C’est la question que tout le monde se pose. Vingt jours avant de diffuser le portrait et le signalement, ça peut paraître long. En réalité, quand un mineur envoie régulièrement des messages et affirme aller bien, les autorités privilégient souvent la piste de la fugue « volontaire » et attendent un peu avant de médiatiser. L’idée : ne pas braquer l’ado et lui laisser une porte de sortie honorable pour rentrer.
Mais au bout de trois semaines, la donne change. Le froid s’installe, les nuits sont longues, et même une fugue « choisie » peut mal tourner. D’où ce coup de projecteur aujourd’hui.
Ce que cette histoire nous dit de notre société
Derrière chaque disparition d’adolescent, il y a souvent un malaise plus large. L’école qui ne va plus, les réseaux sociaux qui écrasent, la pression permanente… On parle beaucoup de la santé mentale des jeunes, mais on agit encore trop peu.
Louanne n’est pas un cas isolé. Chaque année, des milliers de mineurs font une fugue en France. La plupart reviennent. Certaines, hélas, ne reviennent jamais. Entre les deux, il y a tout un monde de souffrances silencieuses qu’on ne sait pas toujours détecter à temps.
Alors oui, partagez cet article. Oui, regardez bien autour de vous dans les prochains jours. Et si vous êtes parent, prof, éducateur… prenez cinq minutes pour parler vraiment avec les ados qui vous entourent. Parfois, une écoute suffit à éviter le pire.
Je croise les doigts pour que Louanne rentre vite chez elle. En attendant, si vous avez la moindre information, même infime, appelez le 02.32.81.25.00. Une gamine de 14 ans n’a rien à faire seule dans les rues en plein hiver.
Prenez soin de vous. Et d’eux.
