Imaginez un peu la scène : vous êtes en pleine guerre, chaque drone compte, chaque euro est vital pour tenir face à un adversaire qui ne lâche rien. Et là, quelqu’un, quelque part en Europe centrale, se dit que c’est le moment idéal pour faire une marge… disons… confortable. Vingt fois le prix d’achat, ça vous parle ? C’est exactement ce dont on parle aujourd’hui, et franchement, ça laisse un goût amer.
Quand l’aide militaire devient un business juteux
Depuis 2022, l’Ukraine reçoit des tonnes d’équipements venant de partout. Les dons affluent, les contrats aussi. Et dans ce flot, certains ont vu une opportunité en or – si j’ose dire. Une société tchèque s’est spécialisée dans la fourniture de drones. Rien de choquant jusque-là. Sauf que les chiffres, une fois mis bout à bout, font dresser les cheveux sur la tête.
Le schéma est simple, presque trop beau pour être honnête. On achète des drones ou des composants en Chine à un prix raisonnable. On les déclare comme des produits civils – histoire de passer sous les radars des restrictions à l’exportation chinoises. Et hop, on les revend à l’armée ukrainienne avec une petite multiplication par dix, puis par vingt. Résultat ? Un peu plus de 1,5 million d’euros d’achat qui se transforment en presque 29 millions facturés. Vous avez bien lu.
Évidemment, quand ce genre d’écart apparaît au grand jour, ça fait du bruit. Et là, c’est toute la République tchèque qui s’émeut.
La défense de l’entreprise : « Ce ne sont pas des drones complets »
L’entreprise en question a tenté de justifier la différence abyssale de prix. Selon elle, elle n’a jamais vendu de drones entiers, seulement des pièces détachées. Ces pièces, déclarées comme civiles, seraient ensuite assemblées en matériel militaire une fois arrivées en Ukraine. Pratique, non ? Ça permet de contourner les interdictions chinoises sur les exportations directes vers un pays en guerre.
« Nous ne vendons pas d’appareils complets, nous fournissons des composants. La valeur déclarée est celle de biens civils, pas celle du produit final militaire. »
Communiqué de la société concernée
C’est malin sur le papier. Sauf que ça n’explique pas tout. Parce que même en ajoutant les coûts de modification, d’assemblage, de transport urgent, de risque, vingt fois le prix d’achat, ça fait beaucoup. Beaucoup trop pour que ça passe inaperçu.
L’évasion fiscale en prime
Mais l’histoire ne s’arrête pas à la simple surfacturation. Là où ça devient carrément gênant, c’est que les bénéfices réalisés n’auraient jamais vu la couleur d’un compte bancaire tchèque. Direction la Chine, directement. Pas d’impôts, pas de traces, ou presque. Un grand classique, sauf quand on se fait prendre.
L’unité spécialisée dans la criminalité organisée a donc frappé fort : perquisitions, saisies, et placement en détention provisoire du patron. La comptable, elle, aurait déjà reconnu une partie des faits. Quand on joue, parfois on perd.
Un phénomène plus large qu’on ne le croit ?
Ce cas n’est malheureusement pas isolé. Depuis le début du conflit, on a vu fleurir des intermédiaires de tous les pays. Certains sont sérieux, d’autres beaucoup moins. Le besoin urgent de matériel a créé une sorte de zone grise où les prix flambent et où les contrôles sont parfois… légers.
- Des munitions vendues à prix d’or
- Des gilets pare-balles hors de prix
- Des véhicules blindés « reconditionnés » à des tarifs astronomiques
- Et maintenant, des drones multipliés par vingt
On ne va pas se mentir : en temps de guerre, tout le monde n’a pas le luxe de faire jouer la concurrence tranquillement. Kiev a besoin de matériel hier, pas dans six mois après un appel d’offres impeccable. Du coup, certains en profitent. C’est humain, hélas. Mais ça reste révoltant.
Les restrictions chinoises, le nerf de la guerre
Pourquoi passer par autant de contorsions ? À cause de Pékin, tout simplement. La Chine a officiellement interdit l’exportation de drones complets ou de certains composants vers l’Ukraine. Motif ? Rester « neutre ». Résultat : les fabricants chinois vendent toujours, mais en pièces détachées, et à des clients qui ne sont pas directement ukrainiens.
Du coup, des sociétés comme celle-ci sont devenues des passages obligés. Elles achètent, disassemblent si besoin, déclarent « jouets » ou « matériel photo », et réassemblent plus loin. C’est un business qui rapporte gros. Très gros.
Et maintenant ?
L’enquête est en cours. L’entreprise est inculpée, le patron derrière les barreaux, et les regards se tournent vers d’autres contrats du même type. Est-ce la pointe de l’iceberg ? Difficile à dire. Mais une chose est sûre : chaque euro détourné ou surfacturé est un euro qui ne va pas aux soldats sur le terrain.
Je ne vais pas jouer les moralistes à deux balles, mais quand même. Dans un conflit où des gens meurent tous les jours, profiter ainsi de la détresse d’un pays… ça laisse un goût particulièrement amer. Et ça pose une question qu’on préfère souvent ignorer : qui contrôle vraiment l’argent de l’aide militaire ?
Parce qu’au final, derrière les grands discours et les belles déclarations, il y a toujours quelqu’un qui trouve le moyen de se servir au passage. Et tant que la guerre durera, il y aura des affaires. Triste, mais réaliste.
On suivra évidemment la suite de cette affaire. Parce qu’elle dit beaucoup, peut-être trop, sur la face cachée de l’aide internationale. Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce qu’on peut vraiment tout contrôler dans l’urgence d’une guerre ? Ou est-ce que certains profiteurs seront toujours là, tapis dans l’ombre ?
En attendant, les drones continuent de voler. Certains pour défendre un pays. D’autres, peut-être, pour remplir quelques comptes offshore. La guerre, toujours la guerre… et ses affaires.
