Vous savez cette odeur qui vous attrape dès que vous passez devant une boutique de donuts aux États-Unis ? Celle qui mélange sucre fondu, pâte chaude et café corsé ? Eh bien, depuis ce matin, elle flotte aussi dans le Val-de-Marne.
Je marchais dans le centre commercial Belle-Épine à Thiais, comme n’importe quel mercredi, et soudain : une queue de cinquante mètres devant une façade rose fluo. Pas besoin d’être devin pour comprendre que l’Amérique venait de poser un pied (ou plutôt un beignet) en banlieue.
Dunkin’ dépasse enfin le périph’ et ça change tout
Pour beaucoup, l’arrivée de la célèbre chaîne américaine ressemblait à une blague qui durait depuis des années. On en rêvait en regardant des séries, on en ramenait dans nos valises après New York ou Miami, et puis… plus rien. Jusqu’au printemps dernier.
En quelques mois seulement, l’enseigne a ouvert plusieurs points de vente dans la capitale, puis à Val-d’Europe, et maintenant à Belle-Épine. Et ce n’est pas fini : un autre restaurant est prévu à Rosny 2 avant la fin de l’année. Autrement dit, la marque ne fait plus semblant. Elle s’installe pour de bon.
Pourquoi maintenant ?
Franchement, le timing est presque trop parfait. Les donuts vivent leur âge d’or en France depuis trois ou quatre ans. Entre les influenceurs qui les photographient sous tous les angles, les boutiques indépendantes qui fleurissent partout et même les grandes surfaces qui se mettent aux versions « premium », le beignet troué est devenu le nouveau croissant.
Ajoutez à ça une génération qui a grandi avec les séries américaines et les réseaux sociaux, et vous avez le cocktail idéal. Les moins de trente ans ne jurent plus seulement par le pain au chocolat : ils veulent leur dose de glaçage rose et de sprinkles multicolores.
« J’ai goûté mon premier vrai Dunkin’ à Boston en 2017. Depuis, j’attendais ça comme le Messie. »
– Florian, 34 ans, papa d’une petite fille déjà accro aux donuts roses
Ce qu’on trouve vraiment sur place
Allons-y franchement : oui, c’est cher pour un beignet. Comptez entre 2,50 € et 3,90 € pièce selon la folie du topping. Mais la carte va bien au-delà du simple donut.
- Des dizaines de cafés chauds ou glacés (mention spéciale au Cold Brew qui réveille un mort)
- Des latte au matcha ou à la citrouille (selon la saison)
- Des muffins, cookies, brookies et autres pâtisseries hybrides
- Des sandwichs bagel ou wrap pour ceux qui veulent faire genre « j’équilibre »
- Et évidemment, les stars : les donuts classiques, fourrés, glacés, décorés comme des œuvres d’art éphémères
Petit avertissement entre nous : le donut rose (celui qui ressemble à l’enseigne) est une arme de destruction massive de glycémie. Même les enfants n’arrivent pas toujours au bout. Vous êtes prévenus.
L’expérience Belle-Épine : entre excitation et réalité
Ce mercredi matin, l’ambiance était électrique. Des adolescents qui faisaient la queue en riant, des trentenaires en télétravail qui venaient chercher leur dose de café avant de s’installer dans un coin du centre, des familles qui transformaient la pause shopping en fête foraine sucrée.
Le magasin est immense, lumineux, avec ce design très américain : couleurs vives, néons, comptoir interminable. On se croirait presque à Times Square, version Val-de-Marne.
Mais soyons honnêtes deux secondes : est-ce que ça vaut le déplacement depuis Paris intra-muros ? Si vous habitez déjà le 94 ou le 93, clairement oui. Si vous êtes dans le 16e, peut-être pas tous les jours. Par contre, pour une sortie famille le week-end ou une pause shopping, c’est devenu une nouvelle attraction à part entière.
Et la concurrence dans tout ça ?
Évidemment, tout le monde pense à la guerre qui s’annonce. Les boutiques indépendantes qui faisaient des donuts artisanaux à 5 € pièce risquent de trembler un peu. Quand une machine comme celle-ci débarque avec ses prix agressifs et sa notoriété mondiale, ça bouge les lignes.
Cela dit, il y aura toujours de la place pour les petits créateurs qui misent sur le fait maison, les saveurs originales ou l’expérience différente. Dunkin’, c’est l’Amérique standardisée, le plaisir coupable assumé, le goût de l’enfance qu’on retrouve en une bouchée.
Ce que ça dit de nous, en vrai
Plus sérieusement, cette ouverture dit beaucoup sur notre époque. On vit dans un monde où les frontières culturelles s’effacent à vitesse grand V. Ce qui était réservé aux voyageurs il y a dix ans devient accessible au coin de la rue.
On critique souvent l’uniformisation, le « tout se ressemble ». Et puis on se surprend à faire la queue quarante minutes pour un beignet rose fluo. Il y a quelque chose de profondément humain là-dedans : le besoin de régression, de douceur, de moments simples qui font sourire.
Et puis soyons lucides : dans un quotidien parfois gris, un donut à 3 € qui te fait retrouver tes 12 ans, c’est pas si mal payé.
Les prochaines étapes de l’invasion
Après Belle-Épine et bientôt Rosny 2, la question n’est plus de savoir si la marque va continuer son expansion, mais à quelle vitesse. Les rumeurs parlent déjà d’autres centres commerciaux, de gares, peut-être même de rues en centre-ville de banlieue.
En attendant, si vous passez dans le coin, faites un détour. Prenez un café glacé, choisissez le donut le plus improbable de la vitrine, et profitez. Parce que ces moments où une nouveauté débarque et rend une journée ordinaire un peu magique, ça ne dure jamais très longtemps.
Et qui sait… peut-être que dans six mois, on trouvera ça complètement normal d’avoir notre Dunkin’ à côté du Carrefour du coin. L’Amérique est là. Et franchement ? Elle sent drôlement bon.
(Article écrit après avoir testé trois donuts et un iced latte – pour la science, évidemment.)
