Imaginez-vous attendre, jour après jour, des nouvelles d’un être cher retenu captif dans un conflit qui semble sans fin. Votre cœur bat au rythme des manchettes, des rumeurs, des espoirs déçus. C’est le quotidien d’une femme qui, depuis près de deux ans, vit dans l’angoisse et la détermination. Cette femme, c’est Einav Zangauker, une mère israélienne dont le fils, Matan, est otage à Gaza depuis l’attaque du Hamas en octobre 2023. Son histoire, c’est celle d’une lutte acharnée, d’une voix qui refuse de se taire, et d’un défi lancé au sommet de l’État israélien.
Une Mère Face à l’Impossible
Einav Zangauker n’est pas une figure publique ordinaire. À 46 ans, cette mère divorcée, d’origine nord-africaine, est devenue le symbole d’une résistance farouche. Son fils, Matan, 24 ans, a été enlevé lors de l’attaque massive du Hamas le 7 octobre 2023, qui a vu plus de 200 personnes arrachées à leurs foyers. Ce jour-là, Matan était avec sa petite amie, Ilana, dans leur kibboutz de Nir Oz, à la frontière de Gaza. Ils partageaient une vie simple, gérant une petite plantation de cannabis, loin des tumultes politiques. Mais le destin en a décidé autrement.
Depuis ce jour, Einav vit un cauchemar éveillé. Elle a perdu 11 kilos, son visage s’est creusé, marqué par l’angoisse. Pourtant, cette femme, décrite comme une mère poule avant le drame, a transformé sa douleur en une force redoutable. Elle ne se contente plus d’attendre : elle agit, elle crie, elle accuse. Et son principal adversaire ? Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qu’elle tient pour responsable du sort des otages.
De l’Espoir à la Colère
Les premières semaines après l’enlèvement, Einav gardait espoir. Elle croyait en une résolution rapide, portée par les promesses du gouvernement. En novembre 2023, un éclair d’espoir : Ilana, la petite amie de Matan, est libérée lors d’un échange d’otages. Mais Matan, lui, reste prisonnier. Cet espoir s’effrite face à ce qu’Einav perçoit comme une inaction, voire une indifférence, de la part des autorités. « J’avais confiance en l’État, mais cette illusion s’est brisée », a-t-elle déclaré lors d’une conférence à Tel-Aviv en mai 2025.
J’avais l’habitude de croire qu’il y avait un contrat entre l’État et ses citoyens, mais cette illusion a été brisée le 7 octobre.
– Einav Zangauker, mai 2025
Ce basculement marque un tournant. Einav, autrefois discrète, devient une militante infatigable. Elle ne se contente plus des veillées silencieuses sur la Place des Otages à Tel-Aviv. Les rassemblements larmoyants, elle n’en veut plus. À la place, elle opte pour des actions percutantes : camper devant le parlement, bloquer des routes, s’enchaîner à des ponts. Chaque geste est un cri, un refus de laisser son fils sombrer dans l’oubli.
Une Icône du Militantisme
Einav Zangauker n’est pas seulement une mère en détresse. Elle est devenue une figure de proue du Forum des familles d’otages, une organisation qui amplifie la voix des proches des captifs. Sa silhouette frêle, ses cheveux noirs et son regard perçant sont désormais familiers à des milliers d’Israéliens. Lors des manifestations, elle attire les foules. On l’approche, on l’embrasse, on la photographie. Elle incarne une douleur universelle, mais aussi une détermination qui force le respect.
Son militantisme ne se limite pas à des slogans. Einav s’oppose à des politiques qu’elle juge inhumaines, comme le blocage de l’aide humanitaire à Gaza, qui affecte aussi les otages. « Punir les civils, c’est punir nos propres enfants », a-t-elle déclaré. Cette position, parfois controversée parmi d’autres familles d’otages, montre son refus de céder à la colère aveugle. Elle veut des solutions, pas des vengeances.
- Campements devant la Knesset pour exiger des négociations.
- Blocages de routes à Tel-Aviv pour attirer l’attention.
- Discours enflammés lors de conférences publiques.
Un Défi Légal contre Netanyahou
Le point culminant de son combat est une menace sans précédent : poursuivre Benyamin Netanyahou pour meurtre si son fils ne revient pas vivant. « Je te hanterai personnellement si Matan rentre dans un sac mortuaire », a-t-elle lancé. Ces mots, prononcés avec une conviction brute, résonnent comme un avertissement. Ils traduisent une frustration partagée par beaucoup : le sentiment que le gouvernement privilégie la guerre à la vie des otages.
Ce n’est pas une menace en l’air. Einav s’appuie sur une colère populaire grandissante. Les manifestations qu’elle mène, souvent devant le siège des Forces de défense israéliennes, attirent des milliers de personnes. Elle dénonce un leadership qui, selon elle, sacrifie les captifs pour des objectifs politiques. « Tant que vous gardez le silence, vous êtes complices », a-t-elle accusé, pointant du doigt ceux qui soutiennent la guerre sans questionner ses coûts humains.
Tant que vous gardez le silence face à une guerre qui ne sert qu’un seul homme, vous êtes complices.
– Einav Zangauker
Le Poids du Conflit Israélo-Palestinien
Pour comprendre l’ampleur du combat d’Einav, il faut plonger dans le contexte du conflit israélo-palestinien. Depuis octobre 2023, la guerre à Gaza a causé des milliers de morts, des deux côtés. Les otages, comme Matan, sont devenus des pions dans un jeu géopolitique complexe. Les négociations pour leur libération piétinent, entre exigences du Hamas et pressions militaires israéliennes. Einav, elle, refuse de voir son fils réduit à une statistique.
Le kibboutz de Nir Oz, où vivait Matan, illustre cette tragédie. Situé à quelques kilomètres de Gaza, ce village agricole, historiquement ancré à gauche, a été dévasté par l’attaque du Hamas. Des dizaines de ses habitants ont été tués ou enlevés. Pour Einav, ce drame n’est pas seulement personnel : il questionne la responsabilité de l’État envers ses citoyens les plus vulnérables.
| Aspect | Détails | Impact |
| Attaque du 7 octobre | Plus de 200 otages enlevés | Crise humanitaire majeure |
| Contexte des kibboutz | Communautés vulnérables à la frontière | Pertes humaines et traumatismes |
| Militantisme d’Einav | Actions radicales et discours publics | Mobilisation nationale |
Une Femme, Une Famille, Une Nation
Einav n’est pas seule dans sa lutte, mais sa vie personnelle ajoute une couche d’humanité à son combat. Mère de deux filles, dont l’une souffre d’une maladie génétique, elle jongle entre son militantisme et ses responsabilités familiales. Cette réalité rend son engagement encore plus poignant. Comment une femme, déjà accablée par les soucis, trouve-t-elle la force de défier un gouvernement ?
Pour moi, ce qui frappe dans son histoire, c’est cette capacité à transformer la douleur en action. J’ai toujours trouvé que les crises révèlent les caractères. Einav, avec ses discours enflammés et ses actions audacieuses, incarne une forme de courage brut, presque viscéral. Elle ne se bat pas seulement pour Matan, mais pour toutes les familles brisées par ce conflit.
Quel Avenir pour les Otages ?
La question qui hante Einav, et des milliers d’autres, est simple : quand les otages rentreront-ils ? Les négociations, souvent médiatisées, restent dans l’impasse. Les pressions internationales s’intensifient, mais les résultats tardent. Einav, elle, ne baisse pas les bras. Elle continue de manifester, de parler, de fédérer. Son message est clair : chaque jour de silence est un jour de trop.
Et si son fils ne revenait pas ? Cette pensée, insupportable, est pourtant omniprésente. En menaçant Netanyahou de poursuites judiciaires, Einav pose une question fondamentale : qui est responsable lorsque l’État échoue à protéger ses citoyens ? Sa menace, bien que symbolique, pourrait inspirer d’autres à demander des comptes.
Un Symbole d’Espoir et de Résistance
Einav Zangauker est plus qu’une mère en colère. Elle est un miroir tendu à une société divisée, un rappel que la douleur peut devenir une force. Son combat, aussi personnel soit-il, touche à l’universel. Qui n’a jamais ressenti cette impuissance face à l’injustice ? Qui n’a jamais voulu crier pour être entendu ?
En fin de compte, l’histoire d’Einav est celle d’une femme qui refuse de plier. Elle nous rappelle que, même dans les moments les plus sombres, une voix peut faire trembler les puissants. Reste à savoir si cette voix suffira à ramener Matan à la maison.
Et vous, que feriez-vous si vous étiez à sa place ? La question mérite d’être posée. Car derrière chaque otage, il y a une famille, une histoire, un combat. Et Einav Zangauker, avec sa détermination sans faille, nous rappelle que l’espoir, même fragile, est une arme redoutable.
