Imaginez-vous réveillé à 7 heures du matin par un appel de la gendarmerie locale : deux hommes particulièrement dangereux viennent de s’évaporer d’une prison pourtant censée être sécurisée. C’est exactement ce qui s’est passé ce jeudi à Dijon. Et franchement, quand on découvre le pedigree de l’un des deux évadés, on se dit que la journée commence mal.
Une évasion à l’ancienne qui fait froid dans le dos
Dans le quartier disciplinaire de la maison d’arrêt, deux cellules vides, des barreaux fraîchement sciés, et plus personne. Pas d’explosion, pas de complicité extérieure spectaculaire : juste une lame de scie (probablement introduite en douce) et une détermination folle. À l’heure où j’écris ces lignes, les deux hommes courent toujours. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que leurs profils ne prêtent pas à sourire.
Le plus jeune : 19 ans et déjà un casier long comme le bras
Il est né en 2006. Oui, vous avez bien lu : il n’a même pas vingt ans. Pourtant, ce jeune Marseillais traîne déjà une dizaine de condamnations. Le genre de parcours qui fait hausser les sourcils même aux habitués des tribunaux.
Son dernier « exploit » ? Avoir accepté, à tout juste 18 ans, un contrat pour abattre quelqu’un. Armé d’une kalachnikov et accompagné d’un complice dijonnais de 20 ans, il se serait rendu sur place pour exécuter la cible. Sauf que l’opération a tourné au fiasco : la victime présumée a retourné la situation, kidnappé le complice et l’a enfermé dans un coffre de voiture. Une histoire digne d’un film de série B, mais bien réelle.
« Le genre de profil que la population préfère savoir en sécurité, entre nos murs, plutôt qu’à se balader à l’extérieur »
– Un syndicaliste pénitentiaire local
La phrase est brutale, mais elle résume parfaitement l’inquiétude générale. Quand un gamin de cet âge est déjà mêlé au narcobanditisme au point d’accepter de tuer pour de l’argent, on touche à quelque chose de profondément dérangeant dans notre société.
L’autre évadé : 32 ans et violences conjugales aggravées
Le second homme est plus âgé, né en 1993. Il est actuellement mis en examen pour des menaces et violences habituelles aggravées sur conjoint. Un dossier lourd, classique dans sa violence, mais qui n’a rien à voir avec le niveau de dangerosité du premier.
D’après les informations qui circulent, les deux détenus n’avaient aucun lien particulier entre eux. Ils étaient simplement voisins de quartier disciplinaire et, apparemment, ont décidé de tenter leur chance au même moment. Le hasard fait parfois très mal les choses.
Comment ont-ils pu se procurer une lame de scie ?
C’est LA question qui revient en boucle. Dans un quartier disciplinaire, les fouilles sont censées être renforcées, les visites ultra-contrôlées. Alors comment une lame a-t-elle pu entrer ? Par un parloir ? Un personnel corrompu ? Un colis ? L’enquête le dira, mais déjà les syndicats pénitentiaires hurlent au manque de moyens.
J’ai discuté il y a quelques mois avec un surveillant d’une autre prison : il m’expliquait que les agents passent leur temps à boucher les trous d’une passoire. Effectifs en baisse, fouilles moins fréquentes, matériel vétuste… L’évasion de Dijon ne sort pas de nulle part.
- Barreaux sciés à la main sur deux cellules différentes
- Aucune alarme immédiate déclenchée
- Découverte de l’évasion seulement lors de la distribution du petit-déjeuner
- Aucun signe de violence envers le personnel
Ces quatre points montrent à quel point l’opération, bien que « artisanale », a été pensée.
La traque est lancée, mais jusqu’où iront-ils ?
Une enquête en flagrance pour évasion en bande organisée a été ouverte – un délit passable de dix ans de prison. Ironie du sort : s’ils se font reprendre, ils risquent de prendre plus pour l’évasion que pour certains de leurs crimes initiaux.
La police judiciaire, notamment les spécialistes de la criminalité organisée, est sur le coup. Hélicoptère, chiens, barrages, appels à témoins : tout l’arsenal est déployé. Mais dans une région aussi vaste que la Bourgogne, avec des forêts, des axes routiers et des villes moyennes, la tâche n’est pas simple.
Et puis il y a cette peur sourde : le plus jeune des deux évadés a déjà prouvé qu’il était prêt à utiliser une arme de guerre. S’il se sent acculé, qui sait de quoi il est capable ?
Un révélateur brutal des failles du système pénitentiaire
Derrière le fait divers, il y a une réalité plus large. Les prisons françaises sont saturées à 120, 130, parfois 150 %. Les agents sont épuisés, les moyens manquent, et les détenus les plus dangereux côtoient parfois des petits délinquants dans des conditions explosives.
Cette évasion rappelle douloureusement celles de Redoine Faïd ou d’Antonio Ferrara il y a quelques années. À chaque fois, le même scénario : on s’indigne, on promet des renforts, puis on passe à autre chose… jusqu’à la prochaine.
Ce qui me frappe le plus, c’est l’âge du principal protagoniste. 19 ans. Quand j’avais 19 ans, je galérais avec mes partiels. Lui acceptait déjà des contrats sur la vie d’autrui. Ça pose question sur l’échec collectif – famille, école, justice – face à certains parcours.
Que faire si vous les apercevez ?
Les autorités ont diffusé leurs signalements. Le plus jeune mesure environ 1m75, corpulence mince, cheveux bruns courts. Le second est plus trapu, 1m80 environ. Si vous pensez les reconnaître, surtout n’intervenez pas : appelez immédiatement le 17 ou le 112.
Ils n’ont peut-être pas d’argent, pas de papiers, mais ils ont une longueur d’avance et, pour l’un d’eux, une absence totale de limite.
Au moment où je termine cet article, ils sont toujours dans la nature. La nuit tombe, le brouillard s’installe sur la Côte-d’Or, et quelque part deux ombres avancent. Espérons que cette histoire se termine par une reprise sans drame. Mais une chose est sûre : cette évasion va laisser des traces, bien au-delà des murs de la prison de Dijon.
(Article mis à jour en continu selon l’évolution de la situation)
