Imaginez-vous défendre les couleurs de votre pays, porter le maillot d’un des clubs les plus mythiques de votre nation, et du jour au lendemain, tout bascule à cause d’une vidéo postée sur les réseaux. Pas une faute de jeu, pas une bagarre, non : un simple verre à la main, dans un pays où l’alcool est strictement prohibé depuis plus de quarante ans. C’est exactement ce qui arrive en ce moment à Armin Sohrabian, défenseur central d’Esteghlal Téhéran. Et franchement, ça fait réfléchir sur le poids des images à l’ère des smartphones.
Quand j’ai vu cette affaire éclater, je me suis dit : encore une histoire où le passé vous rattrape sans crier gare. Parce que oui, le foot en Iran, ce n’est pas seulement du sport. C’est de la passion viscérale, presque une religion parallèle. Et quand les deux religions – celle du ballon rond et celle de l’État – se télescopent, ça fait des étincelles.
Une vidéo qui met le feu aux poudres
Tout commence avec une séquence de quelques secondes qui tourne en boucle sur les réseaux iraniens. On y voit un homme, clairement identifiable comme étant Armin Sohrabian, un verre à la main dans ce qui ressemble à une soirée privée. Sur la table, des bouteilles qui ne laissent guère de place au doute. En quelques heures, la vidéo devient virale. Les commentaires fusent, entre indignation et soutien inconditionnel.
Le club n’a pas traîné. Suspension immédiate, convoqué devant la direction et la commission de discipline dès le lendemain. En Iran, quand ce genre d’image sort, la réaction est rarement mesurée. Le message est clair : personne n’est au-dessus des règles, pas même les stars du foot.
« La diffusion d’une vidéo montrant un joueur avec des boissons alcoolisées a provoqué la polémique » – c’est à peu près ce qu’on lit partout dans les médias locaux.
Moi, ce qui me frappe, c’est la rapidité avec laquelle tout s’enchaîne. À peine la vidéo postée, le joueur est déjà écarté de l’équipe. Pas d’enquête approfondie publique, pas de présomption d’innocence affichée. Juste la sanction, directe et sans appel.
Armin Sohrabian : qui est vraiment ce joueur ?
À 30 ans, Armin Sohrabian n’est pas n’importe qui dans le paysage footballistique iranien. Défenseur central solide, une sélection avec les Team Melli, et depuis cette saison, il porte le maillot bleu d’Esteghlal, le club le plus titré et le plus suivi du pays avec Persepolis. Un transfert qui avait fait grand bruit.
Esteghlal, c’est plus qu’un club, c’est une institution. Deuxième du championnat après dix journées, l’équipe marche fort. Et quand un titulaire est mis sur la touche pour une raison extra-sportive, ça fait forcément des vagues dans le vestiaire et parmi les supporters.
- Âgé de 30 ans
- Poste : défenseur central
- 1 sélection avec l’équipe nationale
- Arrivé à Esteghlal en 2025
- Club rival historique : Persepolis
L’alcool en Iran : pourquoi c’est si grave ?
Petit retour en arrière nécessaire. Depuis la Révolution islamique de 1979, la consommation d’alcool est totalement interdite en République islamique, y compris pour les étrangers de passage (sauf exceptions très encadrées pour les minorités religieuses reconnues et uniquement chez eux). Boire, c’est pas juste mal vu. C’est illégal. Point final.
Et ces dernières semaines, les autorités ont remis un coup de vis spectaculaire : cafés, restaurants, lieux privés… des dizaines d’établissements fermés pour soupçon de service d’alcool. On sent une volonté claire de rappeler tout le monde à l’ordre. Dans ce contexte, voir un footballeur – donc une personnalité publique – associé à ça, c’est la pire publicité possible.
Je me souviens d’ailleurs d’un précédent récent : un gardien de but international suspendu un match… pour avoir enlacé une supportrice dans le stade. Oui, vous avez bien lu. En Iran, le sport de haut niveau est scruté à la loupe, et les comportements privés peuvent vite devenir affaires d’État.
La défense du joueur : « C’était il y a plusieurs années »
Très vite, Armin Sohrabian a réagi sur ses réseaux. Message d’excuses, ton repentant, et surtout une précision importante : la vidéo daterait de plusieurs années et aurait été publiée par quelqu’un avec qui il a un différend personnel. Traduction : règlement de comptes.
Est-ce que ça suffira à calmer la tempête ? Franchement, j’en doute. Une fois que l’image est sortie, le mal est fait. Et en Iran, l’opinion publique est particulièrement sensible sur ces questions de mœurs.
« Je présente mes excuses à tous les supporters, cette vidéo est ancienne et a été diffusée dans un but malveillant » – le message posté par le joueur sur Instagram.
Le rôle des réseaux sociaux : arme à double tranchant
Ce qui est fascinant dans cette histoire, c’est le pouvoir absolu des réseaux sociaux. En quelques clics, une vidéo privée devient publique et peut détruire une carrière. En Iran, où Instagram et Telegram sont parmi les rares plateformes encore accessibles, ce genre de fuite arrive régulièrement.
Mais il y a un revers : ces mêmes réseaux permettent aussi au joueur de se défendre instantanément. Sans eux, il aurait peut-être eu beaucoup plus de mal à faire entendre sa version.
On est dans une ère où chaque geste est potentiellement filmé. Pour un sportif de haut niveau dans un pays conservateur, c’est un vrai numéro d’équilibriste permanent.
Esteghlal et Persepolis : quand le derby dépasse le terrain
Pour comprendre l’ampleur de l’affaire, il faut saisir ce qu’Esteghlal représente. Avec son rival Persepolis, c’est le derby le plus chaud du pays, peut-être même d’Asie. Des millions de supporters, une rivalité historique, une pression énorme.
Lorsque quelque chose touche un joueur d’Esteghlal, ça dépasse largement le cadre sportif. Ça devient politique, social, presque existentiel pour certains fans. Et là, on parle d’une suspension qui pourrait durer… personne ne sait encore.
Et maintenant ? Quelles suites possibles ?
Le joueur doit passer devant la commission de discipline du club. Plusieurs scénarios possibles :
- Suspension légère avec retour rapide si la vidéo est prouvée ancienne
- Sanction plus lourde pour l’exemple
- Résiliation de contrat (scénario extrême mais pas impossible)
Ce qui est sûr, c’est que cette affaire va rester dans les mémoires. Elle illustre parfaitement le grand écart que doivent faire les sportifs iraniens entre leur vie privée et leur statut public dans un pays où la religion guide encore beaucoup de choses.
Personnellement, je trouve ça à la fois triste et révélateur. Triste parce qu’un joueur talentueux se retrouve dans la tourmente pour quelque chose qui date peut-être d’avant même son arrivée à Esteghlal. Révélateur parce que ça montre à quel point le football, même là-bas, est devenu un miroir grossissant de la société.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que les clubs doivent sanctionner les comportements privés ? Ou est-ce que le terrain doit rester le seul juge ? Dans tous les cas, cette histoire n’a pas fini de faire parler.
(Article mis à jour le 23 novembre 2025 – l’affaire est en cours, de nouvelles informations pourraient arriver rapidement)
