Vous savez cette petite voix dans votre tête quand vous regardez un match et que, dès les premières minutes, vous sentez que ça va être compliqué ? Hier soir à Rouen, elle n’a pas arrêté de me murmurer « ça sent le piège ». Et franchement, elle n’avait pas tort.
Quand on pense que la même équipe de France avait corrigé cette Belgique 92-64 il y a à peine trois mois à l’Euro, on se disait que ce premier match de qualifications pour le Mondial 2027 allait être une promenade de santé. Sauf que non. Loin de là. Les Bleus ont flirté avec le ridicule pendant trente-cinq minutes avant de se sauver in extremis. 79-63, le score final est flatteur. Très flatteur.
Une soirée où tout a failli basculer
Kindarena comble, ambiance électrique, drapeaux tricolores partout, on avait tous les ingrédients pour une belle fête du basket. Et puis… le match a commencé. Et là, patatras. Les Belges, pourtant largement inférieurs sur le papier, ont joué sans aucune pression et avec une envie folle. Résultat ? Ils mènent quasiment tout le première mi-temps et rentrent aux vestiaires devant : 31-29. Oui, vous avez bien lu. Deux petits points d’avance pour les visiteurs.
Je ne vais pas vous mentir : à ce moment-là, j’ai eu des flashbacks. Ceux des soirées où l’équipe de France nous a fait souffrir pour rien. Sauf que là, ce n’était pas « pour rien ». Une défaite aurait été une catastrophe industrielle dès le premier match d’une campagne qui doit durer deux ans.
Une première mi-temps à oublier (ou presque)
Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Tout, ou presque.
- Adresse extérieure catastrophique (on finit à 29 % à trois points, c’est indigne)
- Pertes de balle en pagaille (15, quand même)
- Rebonds défensifs laissés aux Belges qui prenaient des secondes chances comme à la foire
- Et surtout, une intensité défensive digne d’un match amical de pré-saison
On a vu des joueurs regarder le ballon comme s’ils découvraient le basket. Des écrans mal posés, des rotations défensives en retard, des tirs forcés… Bref, tout ce qu’il ne faut pas faire quand on porte le maillot bleu.
« On a été mous, on a joué sans rythme, sans agressivité. On a eu de la chance qu’ils ne nous mettent pas à -15. »
Un suiveur régulier des Bleus, dépité à la mi-temps
Le réveil tardif qui sauve les meubles
Et puis, comme souvent avec cette génération, il y a eu ce sursaut. Pas forcément joli, pas forcément maîtrisé, mais efficace. Le troisième quart-temps est un peu mieux, la France repasse devant. Mais les Belges s’accrochent. À cinq minutes de la fin, l’écart n’est toujours que de 6-7 points. On sent encore le coup fourré possible.
C’est finalement dans le money-time que tout bascule. Une série de stops défensifs, quelques contres-attaques bien négociées, et surtout un Gerald Ayayi qui sort enfin de sa boîte (18 points au final, meilleur marqueur français). Les Belges craquent physiquement et mentalement. L’écart grimpe à +16. Soulagement général.
Mais soyons honnêtes : ce n’est pas une victoire qui rassure. C’est une victoire qui évite la crise. Nuance.
Pourquoi cette équipe renouvelée a autant peiné
Il faut le rappeler : cette sélection est 100 % nouvelle par rapport à l’Euro. Aucun joueur du groupe qui a terminé 4e il y a trois mois n’était présent. Raison officielle : repos, gestion des charges, préparation des JO 2028. Raison officieuse ? Donner du temps de jeu à la génération suivante avant les vrais rendez-vous.
Le problème, c’est que cette génération suivante, pour l’instant, elle court encore après son identité. On sent des individualités intéressantes, des profils athlétiques, mais zéro cohésion. Et face à une équipe belge bien coachée – bravo à Julien Mahé pour son premier match à la tête des Lions – ça ne pardonne pas.
Et maintenant ? La Finlande, un tout autre calibre
Lundi, c’est déjà un déplacement autrement plus compliqué qui attend les Bleus. Direction Helsinki pour affronter une Finlande qui reste sur une demi-finale à l’Euro et qui vient de… perdre contre la Hongrie. Autant dire que les Finlandais vont être revanchards à mort.
Petit rappel qui fait mal : la France n’a plus gagné en Finlande depuis 1988. Trente-sept ans. C’est une éternité. Et avec la prestation d’hier, je ne donne pas cher de notre peau si on reproduit la même apathie.
Frédéric Fauthoux, le sélectionneur, l’a dit lui-même après le match : « On a gagné, c’est l’essentiel, mais on sait qu’on peut faire beaucoup mieux. » Traduction : il va falloir passer un savon collectif et vite retrouver des automatismes.
Ce qu’il faut retenir (et vite corriger)
- Il y a du talent dans ce groupe, ça crève les yeux par moments
- Mais il manque cruellement de liant et d’agressivité
- Le calendrier ne pardonne rien : après la Finlande, il y a Chypre, puis la Bosnie, etc.
- Une deuxième contre-performance et on parlera déjà de crise
Le chemin vers le Mondial 2027 est encore très long. Hier, les Bleus ont juste évité de le commencer par un énorme trou dans la coque. Mais le bateau prend l’eau. Et vite.
Alors oui, on a gagné. On prend les deux points. Mais si on veut rêver plus grand – et on doit rêver plus grand avec le potentiel de cette génération – il va falloir montrer un tout autre visage dès lundi.
Parce que le basket international, lui, ne fait pas de cadeaux. Et hier soir, à Rouen, on a failli l’apprendre à nos dépens.
Allez les Bleus. On croit en vous. Mais bordel, faites-nous rêver un peu plus que ça.
