Vous est-il déjà arrivé de frissonner rien qu’en entendant les premières notes de La Marseillaise dans un stade bondé ? Moi oui, et à chaque fois c’est la même chair de poule. Ce vendredi 28 novembre 2025, au Stade Auguste-Delaune de Reims, on va vivre exactement ça, mais en version encore plus forte : un orchestre 100 % local va interpréter les hymnes avant France-Suède en Ligue des Nations féminine. Trente musiciens rémois, des cuivres qui brillent sous les projecteurs, et 20 000 spectateurs qui chantent à l’unisson. Franchement, ça promet d’être un moment à part.
Quand la musique locale rencontre le très haut niveau
L’Harmonie du 3e canton de Reims n’est pas une inconnue dans l’enceinte rémoise. Déjà en octobre 2023, lors du France-Norvège, ces mêmes musiciens avaient eu l’honneur – et la pression – de jouer les hymnes devant 13 000 personnes. Deux ans plus tard, ils remettent ça. Et cette fois, l’enjeu est encore plus grand : les Bleues jouent leur qualification pour le Final Four de la Ligue des Nations, rien que ça.
Adeline Hans, présidente et bassoniste de l’orchestre, me confiait récemment que l’émotion reste intacte. « On a beau avoir déjà vécu ça, on sait qu’on n’a pas le droit à l’erreur. Tout est filmé en direct, des millions de téléspectateurs, et surtout… on ne recommence pas un hymne national ! » Imaginez : deux minutes chrono pour installer les pupitres, accorder les instruments dans le froid de novembre, et lancer La Marseillaise puis l’hymne suédois sans la moindre fausse note. Autant dire que la répétition générale de ce jeudi soir va être intense.
« Ça prend au ventre… Vous imaginez tout un stade qui chante à tue-tête l’hymne national. Il y a beaucoup d’écho et un petit décalage peut s’installer. Il faut bien suivre le chef d’orchestre. »
Adeline Hans, présidente de l’Harmonie du 3e canton de Reims
Pourquoi Reims et pourquoi cet orchestre ?
La ville de Reims n’a pas été choisie par hasard pour accueillir ce match aller. Entre la qualité du stade Auguste-Delaune, sa capacité (un peu plus de 21 000 places) et l’engouement grandissant pour les Bleues dans la région Grand Est, tout collait. Et quand la Fédération a cherché un orchestre local pour les hymnes, l’Harmonie du 3e canton s’est immédiatement portée candidate. « On s’est dit que si on ne postulait pas tout de suite, on allait le regretter toute notre vie », plaisante Adeline.
Ce qui rend l’histoire encore plus belle, c’est que cet orchestre existe depuis plus d’un siècle. Des générations de Rémois ont appris la musique entre ces murs. Des retraités aux lycéens, on trouve de tout. Et demain soir, ils seront tous là, emmitouflés dans leurs grands manteaux noirs, à donner le frisson à tout un stade.
Le défi technique : deux minutes pour tout donner
Techniquement, jouer dans un stade de foot, ce n’est pas comme donner un concert en salle. L’acoustique est particulière : beaucoup de réverbération, du vent parfois, et surtout un public qui commence déjà à chanter dès les premières mesures. Le chef d’orchestre doit être hyper visible, les musiciens ultra concentrés.
- Arrivée discrète par le coin du terrain opposé à la tribune officielle
- Installation des pupitres en moins d’une minute
- Accordage express malgré le froid
- La Marseillaise d’abord (1 min 20 environ)
- Puis l’hymne suédois « Du gamla, du fria »
- Et tout ça avec les caméras de France 4 braquées dessus dès 21h05
Petite anecdote : lors du match contre la Norvège en 2023, un léger décalage s’était installé entre l’orchestre et le public qui chantait un quart de seconde en avance. Cette fois, ils ont prévu le coup : le chef va lever très haut la baguette pour que tout le monde suive au millimètre par millimètre.
Un symbole fort pour le football féminin
Au-delà de la performance musicale, il y a quelque chose de profondément touchant. Le football féminin français vit une ascension fulgurante depuis quelques années. Les stades se remplissent, les diffuseurs se battent pour les droits, et les joueuses sont enfin reconnues à leur juste valeur. Avoir un orchestre local qui vient rappeler que ce sport n’appartient pas qu’aux grandes métropoles ou aux clubs stars : il vit aussi dans les territoires, grâce à des initiatives comme celle-ci.
Et puis, soyons honnêtes, entendre La Marseillaise jouée par des musiciens du coin, c’est différent d’un playback ou d’un enregistrement. Il y a une chaleur, une imperfection parfois, qui rend le moment humain. C’est exactement ce qui manque parfois au très haut niveau : l’âme.
Ce qu’il faut savoir sur le match France-Suède
Petit rappel pour ceux qui auraient hiberné ces derniers mois : les Bleues sont actuellement troisièmes de leur groupe en Ligue des Nations A. Une victoire contre la Suède (qui est devant elles) permettrait de repasser devant et de quasiment valider le ticket pour le Final Four en février-mars 2026. Autant dire que la pression sera maximale.
Hervé Renard devrait aligner son onze classique avec Wendie Renard en patronne de la défense, Grace Geyoro au milieu et probablement Marie-Antoinette Katoto en pointe. Côté suédois, attention à Kosovare Asllani et Stina Blackstenius, toujours aussi dangereuses.
Le match est à suivre en direct sur France 4 à partir de 21h05, mais si vous avez la chance d’être à Reims, foncez. Les places restantes partent vite et l’ambiance s’annonce dingue.
Et après ? Le retour de cette belle tradition
J’ai comme l’impression que cette collaboration entre la Fédération et les orchestres locaux va se développer. Déjà lors de l’Euro 2022 en Angleterre, on avait vu des fanfares locales à chaque match. En France, on commence à comprendre que ces petits détails font les grands souvenirs.
Alors vendredi soir, quand les premières notes retentiront, prenez trente secondes pour regarder ces musiciens. Ils ne seront sur le terrain que quelques minutes, mais ils porteront avec eux toute l’histoire musicale de Reims et tout l’amour du football local. Et ça, croyez-moi, ça vaut tous les shows pyrotechniques du monde.
Allez les Bleues, et bravo aux musiciens. Vous allez nous faire vivre un moment qu’on n’est pas près d’oublier.
