Il y a des matins où l’on préférerait fermer les yeux et croire que la nuit a tout effacé. Mais en ce 22 novembre 2025, les nouvelles qui tombent du Proche-Orient sont brutales, presque routinières dans leur violence. Des frappes aériennes ont de nouveau secoué la bande de Gaza et le sud du Liban. Les accords de cessez-le-feu, pourtant signés avec tant de solennité, ressemblent déjà à des bouts de papier brûlés.
On parle de dizaines de morts en quelques jours. Des familles entières pulvérisées sous les décombres. Et pendant ce temps, chaque camp pointe l’autre du doigt en criant à la trahison. C’est malheureusement le refrain qu’on connaît par cœur, mais il fait toujours aussi mal.
Un cessez-le-feu déjà en lambeaux
Reprenons calmement les faits. Depuis mercredi, les alertes n’ont pas cessé. À Gaza-ville, dans le centre à Deir al-Balah ou à Nousseirat, les secours locaux comptent les corps après chaque passage d’avions. Les chiffres varient, mais on évoque plusieurs dizaines de victimes civiles en moins d’une semaine. Difficile de rester insensible quand on sait que la plupart des habitants n’ont même plus d’endroit sûr où se réfugier.
De l’autre côté de la frontière, l’armée israélienne affirme avoir neutralisé un homme armé qui s’approchait dangereusement de ses positions dans le sud de l’enclave. Un incident parmi d’autres, mais qui suffit à justifier, selon elle, une riposte immédiate et massive.
« Nous ne tolérerons aucune menace à la sécurité de nos soldats et de nos citoyens. »
Communiqué militaire israélien, novembre 2025
Le Liban replonge dans la spirale
Mais le plus inquiétant, peut-être, se passe au nord. Dans la plaine de la Bekaa et tout le long de la frontière sud, les explosions résonnent à nouveau. Des lance-roquettes identifiés, dit-on, ont été détruits avant même de pouvoir tirer. Le Hezbollah est directement visé, accusé de se réarmer en douce malgré l’accord conclu il y a tout juste un an.
Les autorités libanaises, elles, dénoncent une violation flagrante. Elles rappellent que plusieurs points stratégiques du sud restent occupés et que les survols de drones sont quasi permanents. Le compteur des victimes libanaises depuis la trêve dépasserait déjà les 330 morts et près de mille blessés. C’est énorme pour un pays qui tente, tant bien que mal, de se relever.
- Frappes quasi quotidiennes dans la Bekaa
- Accusations de réarmement du Hezbollah
- Occupation persistante de cinq positions au sud-Liban
- Pression américaine sur Beyrouth pour désarmer le mouvement chiite
Le plan Trump : un rêve qui s’éloigne
Il y a quelques mois, beaucoup voulaient y croire. Un cessez-le-feu global, un désarmement progressif du Hamas, une normalisation avec certains pays arabes… L’idée avait été portée tambour battant par Washington. On parlait même de « deal du siècle » version 2.0. Sauf que sur le terrain, rien ne se passe comme prévu.
Le Hamas n’a pas rendu ses armes lourdes. Le Hezbollah non plus. Et Israël, qui se sent toujours menacé, refuse de faire le moindre geste tant que ces deux acteurs restent militairement puissants. Résultat : tout le monde campe sur ses positions, et les civils paient l’addition.
Je me souviens encore des images des otages libérés début 2025, des embrassades, des larmes de joie. On pensait vraiment que c’était fini. Naïf, peut-être. Mais humain.
Les chiffres qui donnent le vertige
Parlons chiffres, parce qu’ils parlent mieux que n’importe quel discours.
| Conflit | Date déclenchement | Victimes côté israélien | Victimes côté palestinien (Gaza) |
| 7 octobre 2023 | Attaque Hamas | 1 221 morts | – |
| Riposte israélienne | Depuis oct. 2023 | – | Plus de 69 500 morts |
| Liban (depuis trêve 2024) | Nov. 2024 – nov. 2025 | Quelques dizaines | Plus de 330 morts |
Ces nombres sont froids, mais ils racontent une tragédie humaine immense. Derrière chaque statistique, il y a une mère qui pleure son enfant, un père qui ne rentrera pas ce soir, une maison réduite en poussière.
Et maintenant ?
C’est la question que tout le monde se pose, sans oser vraiment espérer une réponse positive. Les États-Unis continuent de faire pression, mais leur crédibilité s’effrite. L’Europe promet de l’argent (88 millions d’euros annoncés récemment), mais ça ne stoppe pas les bombes. Et les acteurs locaux, eux, semblent avoir choisi la logique de la force plutôt que celle du dialogue.
Ce qui est sûr, c’est que chaque nouvelle frappe enterre un peu plus l’idée qu’une paix durable est possible à court terme. On assiste à une sorte d’usure programmée des cessez-le-feu, comme si tout le monde savait qu’ils ne tiendraient pas, mais qu’on les signait quand même pour gagner du temps. Du temps pour quoi ? Se réarmer ? Se préparer à la prochaine guerre ? C’est glaçant.
L’espoir existe-t-il encore ?
Je veux croire que oui. Parce qu’il le faut. Il y a encore des gens, des deux côtés, qui rêvent d’autre chose que de sirènes et de caves transformées en abris. Des mères israéliennes qui manifestent pour la paix, des médecins palestiniens qui soignent sans regarder l’uniforme, des jeunes Libanais qui refusent de reprendre le cycle de la haine.
Mais pour l’instant, la réalité est plus forte que l’espoir. Et chaque explosion nous le rappelle cruellement.
Ce soir, quelque part entre Gaza et Beyrouth, une enfant doit se boucher les oreilles pour ne pas entendre le bruit des avions. Et nous, à des milliers de kilomètres, on se sent impuissants. Mais se taire, ce serait déjà accepter que cette violence devienne la norme. Alors on continue d’en parler, d’écrire, d’expliquer. Parce que tant qu’on nomme l’horreur, il reste une chance, même infime, qu’un jour elle s’arrête.
Prenez soin de vous. Et gardez les yeux ouverts.
