Imaginez la scène. Dans trois ans, Los Angeles. Le soleil tape sur le parquet du Crypto.com Arena, les stars hollywoodiennes sont dans les tribunes et, au milieu du terrain, un géant de 2,24 m en maillot bleu fait trembler le cercle. Victor Wembanyama. Pour beaucoup, c’est déjà gravé dans le marbre : sans lui, pas de rêve olympique possible. Et pourtant, quand on écoute Frédéric Fauthoux aujourd’hui, on sent que le sélectionneur voit déjà plus loin que cette évidence.
Il est à peine midi à Rouen, fin novembre, et l’air normand est humide. L’équipe de France s’apprête à lancer sa campagne de qualifications pour la Coupe du monde 2027 face à la Belgique. Pas de NBAers, presque pas d’Euroligue, un groupe totalement renouvelé. Et pourtant, c’est déjà le début des Jeux olympiques 2028.
Frédéric Fauthoux : « Sans Wemby, on ne va pas au bout »
Il n’y a pas de détour. Le sélectionneur l’a répété plusieurs fois ces derniers jours, avec cette franchise qu’on lui connaît depuis toujours. Pour viser la médaille d’or à Los Angeles, il faudra que Victor Wembanyama soit là, en pleine possession de ses moyens.
« Si on veut aller au bout, il faut que Wembanyama soit là. C’est clair, net et précis. »
Frédéric Fauthoux, sélectionneur de l’équipe de France
Difficile de lui donner tort. À seulement 21 ans, le phénomène des Spurs a déjà montré à Paris 2024 qu’il pouvait changer la donne. Des contres dans la stratosphère, des tirs à trois points en sortie d’écran, une présence qui fait reculer n’importe quel pivot adverse. Mais il y a plus que ça. Ce que dit Fauthoux entre les lignes, c’est que Wembanyama n’est pas juste un joueur : il est le point de départ d’une nouvelle ère.
L’Euro 2025, une claque qui fait grandir
On a tous encore en tête cette élimination en huitième de finale contre la Géorgie. Une défaite qui a fait mal, très mal. Fauthoux, lui, refuse de la balayer sous le tapis. Au contraire.
« Cette défaite nous a appris énormément de choses », confie-t-il calmement. Pas de colère, pas d’excuses. Juste une analyse froide : trop de confiance, pas assez de dureté mentale, un collectif parfois trop dépendant des individualités du moment.
Et c’est précisément là que le chantier commence. Parce que si Wembanyama est la star incontestable, il ne pourra rien tout seul. L’histoire du basket l’a prouvé mille fois : même les plus grands ont besoin d’un écosystème autour d’eux.
Construire autour du phénomène
Alors comment fait-on ? Comment construit-on une équipe capable de dominer le monde en 2028 ? Fauthoux a sa feuille de route, et elle est ambitieuse.
- Développer une nouvelle génération de leaders (Risacher, Sarr, Coulibaly…)
- Instaurer une culture de la gagne, même sans les stars NBA
- Créer une identité défensive ultra-agressive
- Préparer les joueurs mentalement aux matchs à enjeu
- Intégrer progressivement les jeunes talents en équipe A
Ce dernier point est crucial. Regardez le groupe actuel : presque aucun joueur présent à l’Euro 2025. C’est un choix assumé. Le sélectionneur teste, observe, note. Qui sera capable de tenir la pression dans trois ans ? Qui saura cohabiter avec un phénomène comme Wembanyama sans disparaître ?
Les jeunes qui frappent à la porte
Parce que oui, la France a une profondeur de talent hallucinante. On parle beaucoup de Zaccharie Risacher (n°1 de la draft 2024), d’Alexandre Sarr (n°2 la même année), de Bilal Coulibaly qui explose à Washington. Mais il y a aussi Nolan Traoré, Melvin Ajinça, Zacharie Perrin… Une génération qui arrive avec la faim au ventre.
Ce que veut Fauthoux, c’est que ces gamins apprennent dès maintenant ce que signifie porter le maillot bleu dans les moments compliqués. Pas juste lors des tournois amicaux ou des matchs faciles. Non, dans le froid de Rouen, face à une Belgique revancharde, sans filet.
Et ça, c’est nouveau. Avant, on attendait souvent que les joueurs fassent leurs preuves en club ou en NBA avant de les lancer vraiment. Aujourd’hui, le sélectionneur inverse la logique : il les jette dans le bain pour voir qui surnage.
Et les anciens dans tout ça ?
Question légitime. Que deviennent les Rudy Gobert, Evan Fournier, Nicolas Batum ? Certains ont déjà annoncé qu’ils ne seraient plus là en 2028. D’autres, comme Gobert, laissent la porte ouverte.
Fauthoux est clair : « Ceux qui seront en forme et motivés auront leur place. » Traduction : personne n’a de passe-droit. Même un triple DPOY comme Gobert devra prouver qu’il peut encore apporter quelque chose à cette nouvelle vague.
C’est une petite révolution culturelle. On passe d’une équipe où l’ancienneté comptait énormément à une équipe où seule la performance du moment prime. Risqué ? Peut-être. Mais nécessaire si on veut éviter de revivre les désillusions passées.
Los Angeles, le rendez-vous de la maturité
2028, ce sera différent de Paris. L’avantage du terrain aura disparu. Les Américains seront ultra-motivés après leur échec relatif de 2024 (où ils ont quand même gagné, mais difficilement). Les Serbes, les Grecs, les Slovènes auront tous vieilli de quatre ans, mais resteront dangereux.
Et nous ? Nous aurons un Wembanyama à 24 ans, en pleine prime physique. Un groupe qui aura joué ensemble pendant quatre ans. Une génération qui aura connu la défaite, la reconstruction, la progression.
Frédéric Fauthoux le sait mieux que personne : le chemin est encore long. Mais pour la première fois depuis longtemps, on a l’impression que tout est aligné. Le talent est là. La vision aussi. Reste à transformer l’essai.
Alors oui, il faudra que Wembanyama soit là. Mais il faudra aussi que toute une équipe soit prête à graviter autour de lui. Pas comme des satellites, mais comme des planètes à part entière.
Le compte à rebours est lancé. Rouen n’est qu’une étape. Los Angeles, le vrai objectif. Et quelque part, dans un coin de la tête de Frédéric Fauthoux, le rêve olympique a déjà commencé.
Et vous, vous y croyez à cette médaille d’or en 2028 ? Dites-le moi en commentaire, j’ai hâte de lire vos avis sur cette nouvelle génération qui arrive à grands pas.
