Et si une lycéenne du Nevada, partagée entre un ballon de basket et une piste d’athlétisme, devenait la première Française à briller au All-Star Game de la WNBA ? Cette histoire, c’est celle de Gabby Williams, une athlète au parcours aussi unique qu’inspirant. À 28 ans, elle a marqué l’histoire du basket féminin en devenant la première Bleue sélectionnée pour cet événement prestigieux, qui réunit les étoiles du basket américain. Mais avant de fouler les parquets d’Indianapolis ce 19 juillet 2025, son chemin a été semé de choix cruciaux, entre deux sports et deux cultures.
Un Talent Né Sous les Montagnes du Nevada
Née à Sparks, une petite ville du Nevada blottie au pied des montagnes, Gabby Williams grandit loin des clichés de Las Vegas. Ici, pas de néons clinquants, mais des hivers enneigés et une communauté soudée. Dès son plus jeune âge, elle se distingue par une énergie débordante. Polyvalence est le mot qui la définit : capable de dribbler avec aisance à cinq ans, elle impressionne déjà son père, entraîneur de basket local, qui la montre en exemple aux plus jeunes.
Au lycée Edward C. Reed, Gabby devient une figure incontournable. Les murs du gymnase, ornés de bannières célébrant les exploits des Reed Raiders, racontent son histoire. En 2012, elle mène son équipe au titre de championne du Nevada, avec des stats impressionnantes : 18 points, 10 rebonds et 7 interceptions par match. Mais ce n’est pas tout. Derrière le lycée, une piste d’athlétisme révèle une autre facette de son talent.
Entre Basket et Athlétisme : Un Cœur Déchiré
Si le basket est une affaire de famille – sa sœur aînée Kayla a joué pro en Australie –, l’athlétisme est le choix personnel de Gabby. À l’adolescence, elle découvre le saut en hauteur et excelle rapidement. Son entraîneur, un passionné aux lunettes de soleil vissées sur le nez, se souvient encore de sa première séance : « Elle a sauté comme si elle avait fait ça toute sa vie. » En 2011 et 2012, elle est sacrée meilleure athlète de l’État par Gatorade, une distinction rare pour une lycéenne.
« Elle était partout : saut en longueur, javelot, heptathlon… Gabby était un phénomène. »
– Un ancien coach d’athlétisme
Son record ? Un saut à 1,89 m lors des sélections olympiques américaines en 2012, à seulement 15 ans. Elle termine 5e face aux meilleures sauteuses du pays, frôlant un rêve olympique. Mais les règles sont strictes : trop jeune, elle ne peut concourir pour les JO. Ce moment marque un tournant. Le basket, omniprésent dans sa vie, commence à reprendre le dessus. « L’athlétisme, c’était son jardin secret, mais le basket, c’était son destin », confie une ancienne coéquipière.
Un Genou Fragile, un Destin Scellé
Le corps de Gabby, pourtant, va trancher le débat. En 2013 et 2014, deux blessures graves aux ligaments croisés du genou droit mettent fin à ses ambitions en athlétisme. Une cicatrice, cachée sous des genouillères en match, témoigne de ces épreuves. « Ce fut un coup dur, mais elle a transformé cette douleur en force », note un proche. Adieu les pistes, bonjour les parquets.
C’est à l’université du Connecticut, sous la houlette du légendaire coach Geno Auriemma, que Gabby s’épanouit. Les UConn Huskies, véritable usine à talents, la propulsent vers deux titres universitaires en 2015 et 2016. Son style explosif, fait de contres fulgurants et d’interceptions (elle mène la WNBA avec 2,6 interceptions par match), trouve là ses racines.
La Première Française au All-Star Game
Le 19 juillet 2025, Gabby Williams entre dans l’histoire. À Indianapolis, elle devient la première Française à participer au All-Star Game WNBA. Face aux stars américaines, dont plusieurs qu’elle a défiées en finale des JO de Paris 2024 (défaite 66-67), elle incarne la résilience. Sa performance avec le Seattle Storm, où elle évolue depuis 2022, a convaincu les sélectionneurs. Mais comment en est-elle arrivée là ?
- Polyvalence : Sa capacité à briller en défense et en attaque.
- Leadership : Une présence naturelle, forgée dès le lycée.
- Double culture : Née d’une mère française, elle parle couramment le français et représente les Bleues depuis 2021.
Ce parcours, c’est aussi celui d’une femme qui a su naviguer entre deux mondes. En Europe, elle porte les couleurs de Fenerbahce Istanbul depuis 2024, après deux saisons à l’ASVEL. En équipe de France, elle décroche le bronze à Tokyo 2021 et l’argent à Paris 2024. Chaque médaille, chaque match, est une étape vers un rêve olympique entamé il y a plus de dix ans.
Une Enfance Marquée par le Sport
Revenons à Sparks. Dans cette ville où le sport est une religion, Gabby grandit dans une famille où le basket est roi. Son père, ancien joueur, l’initie tôt. À cinq ans, elle dribble des deux mains, un exploit pour son âge. « Elle était toujours au gymnase, à regarder, à apprendre », se souvient un ancien entraîneur. Sa sœur Kayla, ses deux frères, tous partagent cette passion. Mais Gabby, elle, veut plus.
À l’école, elle choisit le français comme langue seconde, un clin d’œil à sa mère et à sa grand-mère. Ce choix, anodin à l’époque, pave la voie à sa carrière internationale. « Je voulais parler avec ma grand-mère dans sa langue », confie-t-elle. Ce lien avec la France deviendra un atout, lui ouvrant les portes de la sélection nationale.
« Le basket, c’était la famille. Mais le français, c’était ma façon de me connecter à mes racines. »
– Gabby Williams
Un Héritage au Lycée Edward C. Reed
Le lycée Edward C. Reed garde jalousement les traces de son ancienne star. Une vitrine expose ses chaussures dédicacées, un cadre compile ses exploits. En mai 2025, Gabby intègre le tout nouveau Hall of Fame de l’établissement, aux côtés de 30 autres alumni. « C’est rare de voir une athlète marquer deux sports comme elle l’a fait », souligne un membre de la direction.
| Année | Exploit | Domaine |
| 2011 | Vice-championne du Nevada | Basket |
| 2012 | Championne du Nevada | Basket |
| 2012 | 5e aux sélections olympiques | Athlétisme |
| 2015-2016 | Titres universitaires | Basket (UConn) |
| 2024 | Médaille d’argent JO | Basket (France) |
Ces distinctions ne sont pas que des trophées. Elles racontent une histoire de détermination. Gabby, souvent confrontée à des garçons à l’entraînement pour la pousser à se dépasser, bat des records locaux en athlétisme, comme les 14″11 au 100 m haies. Sur le parquet, elle domine par sa vitesse et son instinct.
Le Rêve Olympique : De la Piste au Parquet
Si l’athlétisme a planté la graine du rêve olympique, le basket l’a fait éclore. En 2021, Gabby rejoint l’équipe de France, portée par sa double nationalité. À Tokyo, elle décroche le bronze. À Paris, elle frôle l’exploit face aux intouchables Américaines. Ce dernier tir, raté d’un cheveu, reste gravé dans les mémoires. « J’ai vu son courage. Elle n’a pas hésité », confie un ancien coach, ému.
Ce rêve, entamé sur une piste d’Eugene en 2012, trouve un nouvel écho en 2025. Le All-Star Game, c’est une consécration, mais aussi un rappel : Gabby Williams n’est pas qu’une basketteuse. Elle est une athlète complète, une pionnière, une femme qui a su transformer chaque obstacle en tremplin.
Et Après ? Vers Los Angeles 2028
À 28 ans, Gabby Williams est au sommet. Mais son histoire est loin d’être terminée. Les JO de Los Angeles 2028 approchent, et avec eux, une nouvelle chance de briller. Entre la WNBA, l’Europe et l’équipe de France, son agenda est chargé. Pourtant, elle trouve toujours le temps de revenir à Sparks, pour coacher des jeunes ou simplement se ressourcer.
Ce qui frappe, c’est sa simplicité. Malgré les médailles, les records et les projecteurs, Gabby reste cette gamine espiègle du Nevada, celle qui rêvait grand sur une piste poussiéreuse. Et si c’était ça, le vrai secret de sa réussite ? Ne jamais oublier d’où l’on vient, tout en visant les étoiles.
En repensant à son parcours, je ne peux m’empêcher de me demander : combien d’athlètes auraient pu exceller dans deux sports à ce niveau ? Gabby Williams, elle, l’a fait. Et à Indianapolis, sous les yeux du monde, elle prouve que les rêves, même ceux nés dans un petit lycée du Nevada, peuvent devenir réalité.
