Vous arrivez au stade, il pleut des cordes, le match est plié, 0-1 à la 90e, tout le monde pense déjà au vestiaire… Et là, le gardien monte sur corner. Oui, le gardien. Et il fait ÇA.
Franchement, quand on suit le foot amateur depuis des années, on croit avoir tout vu. Les buts à la 95e, les qualifications improbables, les ambiances de folie dans des stades de 500 places. Mais ce que vient de réaliser Aurélien Deniel avec Plouvorn, c’est autre chose. C’est le genre de séquence qu’on se repasse en boucle, qu’on montre à ses potes en disant « attends, attends, regarde ÇA ».
Le jour où un plaquiste de 26 ans est devenu une star mondiale
Dimanche après-midi, 7e tour de la Coupe de France. Plouvorn, club de Régionale 1 du Finistère, reçoit Vitré, pensionnaire de National 3. Deux divisions d’écart. Sur le papier, David contre Goliath. En réalité, bien pire : les Bretons sont menés 1-0 et n’y arrivent pas.
Le chrono affiche 90+5. Dernier corner. Le coach fait signe au gardien : monte. Aurélien Deniel, 26 ans, plaquiste la semaine, gardien le week-end, laisse ses gants dans les buts vides et sprinte vers la surface adverse.
« Je me suis dit : tant qu’à faire, autant tenter un truc fou. »
Le geste parfait au moment parfait
Le ballon est repoussé, revient dans les pieds d’un coéquipier qui centre en catastrophe. Deniel est là, au deuxième poteau, entouré de trois défenseurs. Il se jette, dos au but, et exécute un retourné acrobatique absolument parfait. Le ballon fuse, prend la lucarne opposée. 1-1.
Le stade explose. Les joueurs de Plouvorn se jettent sur leur gardien comme s’il venait de marquer en finale de Coupe du Monde. Parce que, dans leur monde, c’est presque pareil.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Loin de là.
Et ensuite ? Il arrête deux penaltys, évidemment
Reparti dans ses cages, encore porté par l’adrénaline, Deniel va vivre les minutes les plus dingues de sa vie. Séance de tirs au but. Il arrête le deuxième tir de Vitré. Puis le cinquième. Décisif. Plouvorn est qualifié pour le 8e tour.
En l’espace de dix minutes, il passe de simple gardien amateur à héros absolu. Le genre de performance qu’on n’oublie jamais.
- Un but en retourné acrobatique à la 90+5 pour égaliser
- Deux arrêts décisifs lors de la séance de tirs au but
- Une qualification historique pour un petit club breton
- Une vidéo vue des millions de fois en moins de 48 heures
De Plouvorn à Sydney : quand le foot amateur devient viral
Lundi matin, Aurélien se réveille et son téléphone explose. Des messages du monde entier. Australie, Brésil, États-Unis… La vidéo tourne en boucle. Les grands médias sportifs la reprennent, les comptes spécialisés en gestes techniques la classent déjà parmi les plus beaux de l’histoire de la Coupe de France.
Il raconte, presque gêné :
« J’ai des messages d’Australie, du Canada… Des gens qui me disent que c’est le plus beau but de gardien qu’ils aient jamais vu. Moi je me dis juste que j’ai eu un peu de chance et beaucoup de culot. »
– Aurélien Deniel
De la chance ? Peut-être. Mais il faut quand même être sacrément bien placé, et sacrément doué, pour mettre ce genre de geste au fond.
Pourquoi cet exploit nous touche autant
Parce que c’est du foot pur. Du foot comme on l’aime.
Pas de millions, pas de stars, pas de polémiques extrasportives. Juste onze gars qui se battent pour leur village, un gardien qui prend tous les risques, un stade trempé qui hurle de joie. C’est l’essence même de la Coupe de France : permettre à des anonymes d’écrire leur légende.
Et puis, soyons honnêtes : on a tous rêvé, un jour, d’être ce gardien qui monte et marque le but décisif. Aurélien l’a fait. Pour de vrai.
Plouvorn, ce petit club qui rêve en grand
Plouvorn, c’est 2 000 habitants, un stade charmant, une équipe qui joue en R1 et qui n’avait jamais dépassé le 7e tour. Aujourd’hui, tout a changé. Le 8e tour, c’est déjà historique. Et qui sait, avec un gardien pareil… pourquoi pas rêver du 9e, du 10e, d’un 32e de finale contre un club de Ligue 1 ?
Les joueurs y croient. Le coach y croit. Les supporters, eux, sont déjà en train de réserver les cars.
Les gardiens buteurs : une espèce rare mais mythique
On se souvient tous de certains noms. Rogério Ceni et ses 131 buts. José Luis Chilavert et ses coups francs lég(?)erts. Plus près de nous, Jimmy Glass en 1999 qui sauve Carlisle avec un but à la 95e.
Mais en France, dans le foot amateur, avec un retourné acrobatique ? Franchement, on n’a pas d’équivalent récent. Peut-être jamais.
Deniel entre dans une catégorie à part : celle des gardiens qui ne se contentent pas de garder.
Et maintenant ?
Retour à la réalité : cette semaine, Aurélien reprend le chantier. Casque, truelle, enduit. Mais avec un sourire un peu plus large. Ses collègues le chambrent, ses clients lui demandent des autographes. Et dimanche prochain, il remettra les gants pour un match de championnat.
Mais dans un coin de sa tête, il y a ce 8e tour qui arrive. Un nouveau match, une nouvelle chance de faire rêver tout un coin de Bretagne.
Le foot amateur, parfois, nous offre des histoires plus belles que tous les scénarios hollywoodiens. Et celle d’Aurélien Deniel, gardien-buteur-héros d’un soir, en fait définitivement partie.
Alors merci Aurélien. Merci pour ce moment de pure magie. Et rendez-vous au prochain tour. On sera nombreux devant nos écrans.
Parce qu’au fond, c’est ça la beauté du foot : un plaquiste de 26 ans peut, l’espace d’un instant, devenir le roi du monde.
