Imaginez-vous appeler les gendarmes parce que vous avez peur chez vous. Et quelques minutes plus tard, l’un d’eux se retrouve à terre, la jambe en sang, touché par une détonation. C’est exactement ce qui s’est produit dimanche matin dans un petit village du Pays Basque intérieur. Un de ces faits divers qui vous glace le dos et qui rappelle, brutalement, que le danger peut surgir là où on l’attend le moins.
Un dimanche matin qui bascule à Itxassou
Itxassou, c’est ce coin tranquille connu pour ses cerises et ses paysages de carte postale. Pourtant, ce 24 novembre, le village s’est réveillé sous le choc. Vers 9 heures, une femme contacte la gendarmerie. Elle dit ne plus se sentir en sécurité chez elle. Rien de très précis dans l’appel, mais assez pour qu’une patrouille se déplace rapidement.
Quand les gendarmes arrivent sur place, ils découvrent une maison ordinaire. À l’intérieur, un couple de personnes âgées. Lui est handicapé, en fauteuil roulant la plupart du temps. Et puis, sans que personne ne comprenne vraiment comment ni pourquoi, un coup de feu retentit. Un gendarme s’effondre, atteint à la jambe. Le choc est total.
« On n’imagine jamais que ça peut arriver chez soi, dans un village aussi calme »
– Un riverain, encore sous le choc
Le déroulement : ce que l’on sait pour l’instant
Les premiers éléments sont encore flous – c’est souvent le cas dans les heures qui suivent – mais voilà ce qui semble établi :
- La femme a appelé parce qu’elle craignait pour sa sécurité
- Les gendarmes arrivent à deux ou trois, procédure classique
- Ils frappent, entrent ou sont invités à entrer – on ne sait pas encore
- Le septuagénaire, propriétaire des lieux, se saisit d’un fusil de chasse
- Un seul coup de feu, qui atteint le gendarme à la jambe
- Le militaire est évacué rapidement vers l’hôpital de Bayonne
Le pronostic vital n’est pas engagé, mais la blessure est sérieuse. On parle d’une fracture ouverte, de tissus très abîmés. Le genre de plaie qui laisse des séquelles, même quand tout se passe bien ensuite.
Un suspect immédiatement interpellé
L’auteur présumé du tir n’a pas cherché à fuir. Il a été maîtrisé sur place, puis placé en garde à vue. L’accusation est lourde : tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique. En clair, il risque gros. Vraiment gros.
Handicapé, âgé de plus de 70 ans, il n’a pas le profil classique du forcené. Et c’est peut-être ce qui trouble le plus. Comment en arrive-t-on là ? Y avait-il des antécédents ? Des disputes régulières ? Des armes chez soi depuis toujours, comme c’est encore courant dans certaines campagnes ? Toutes ces questions, l’enquête va devoir y répondre.
Les gendarmes face à un risque qu’ils connaissent trop bien
On a beau répéter que les interventions familiales sont parmi les plus dangereuses, on oublie parfois à quel point c’est vrai. Un conflit conjugal, une personne en crise, une arme à portée de main… et tout peut basculer en quelques secondes.
J’ai discuté un jour avec un ancien du GIGN. Il me disait : « Le vrai danger, ce n’est pas le braqueur cagoulé, c’est le monsieur tout-le-monde qui pète un câble chez lui. » Cette phrase me revient souvent. Elle prend tout son sens aujourd’hui.
Dans les statistiques, les violences contre les forces de l’ordre augmentent régulièrement ces dernières années. Coups, crachats, parfois armes blanches. Mais un tir de fusil de chasse, c’est rare. Et c’est d’autant plus marquant.
Le village sous le choc
À Itxassou, on se connaît. On se salue. On se parle. Alors forcément, l’histoire fait le tour des cafés et des commerces en quelques heures. Les gens sont abasourdis. Beaucoup connaissaient le couple, de vue ou plus. Personne n’aurait imaginé ça.
Le maire, visiblement touché, a déclaré qu’il était en contact avec les autorités pour suivre l’évolution de l’état du gendarme blessé. Il a aussi rappelé que la commune restait calme, qu’il ne fallait pas tout mélanger. Mais on sent bien que quelque chose s’est brisé.
Une enquête qui s’annonce complexe
Deux unités d’élite sont saisies : la brigade de recherches locale et la section de recherches de Pau. Autant dire que l’on met le paquet. Il va falloir comprendre le contexte précis, reconstituer la scène, entendre tous les témoins – à commencer par la femme qui avait appelé.
Était-elle en danger réel ? Y avait-il déjà eu des violences ? Le mari était-il dans un état de confusion ? Avait-il peur des gendarmes ? Autant de pistes qui seront explorées. Et puis il y a la question des armes : était-ce une arme déclarée ? Entreposée légalement ? On sait que dans certaines familles rurales, on garde parfois des fusils depuis des générations.
Et maintenant ?
Le gendarme, lui, va entamer une longue rééducation. Ses collègues, eux, repartent en patrouille dès le lendemain avec cette histoire en tête. Et quelque part, ça change un peu la donne. On regarde peut-être différemment la porte derrière laquelle on frappe.
Côté justice, l’affaire pourrait prendre du temps. Entre l’état de santé du suspect, son âge, son handicap, les expertises psychiatriques à venir… rien ne sera simple. Mais une chose est sûre : ce dimanche matin d’automne restera gravé dans les mémoires, bien au-delà du Pays Basque.
Parce que derrière les faits divers, il y a toujours des vies qui basculent. Celle d’un gendarme qui faisait simplement son travail. Celle d’un couple âgé dont on ne connaîtra peut-être jamais toute l’histoire. Et celle d’un village qui apprend, brutalement, que la violence peut frapper n’importe où, n’importe quand.
On suivra évidemment l’évolution de l’état de santé du gendarme et les avancées de l’enquête. En espérant que ce genre d’histoire reste exceptionnel. Même si, malheureusement, on sait que ce n’est pas toujours le cas.
