Imaginez un instant : une ville réduite à des gravats, des tunnels souterrains labyrinthiques, des combattants tapis dans l’ombre et un conflit qui semble sans fin. Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, le Hamas et Israël sont enfermés dans une guerre d’une intensité rare. Mais après deux ans de combats, que reste-t-il vraiment du Hamas, ce mouvement que l’État hébreu s’est juré d’éradiquer ? Entre pertes massives, résilience surprenante et crise humanitaire, je vous emmène dans les coulisses d’un affrontement qui continue de secouer le monde.
Hamas : un mouvement à l’épreuve du feu
Quand on parle du Hamas, on pense souvent à ses roquettes, ses tunnels et ses combattants masqués. Mais ce mouvement, qui gouverne Gaza depuis 2007, est bien plus qu’une organisation militaire. C’est un acteur politique, social et idéologique, profondément ancré dans la société palestinienne. Alors, comment résiste-t-il face à une offensive israélienne d’une ampleur inédite ? Pour le comprendre, il faut plonger dans trois dimensions clés : ses leaders, ses combattants et ses équipements.
Les leaders : une direction décimée mais renouvelée
Le Hamas a subi des pertes majeures parmi ses dirigeants. En octobre 2024, Yahya Sinouar, considéré comme le cerveau des attaques du 7 octobre, a été tué par l’armée israélienne. Quelques mois plus tard, en mai 2025, son frère Mohammed Sinouar, qui avait pris la tête de la branche armée dans Gaza, a également été éliminé. Plus récemment, des sources militaires israéliennes affirment avoir neutralisé Abou Obeida, le porte-parole des Brigades al-Qassam, bien que le Hamas n’ait pas encore confirmé cette information.
Chaque leader tué est un coup dur, mais le Hamas a toujours su se réorganiser. C’est une hydre : coupez une tête, une autre repousse.
– Analyste spécialisé dans les conflits au Moyen-Orient
Ce n’est pas la première fois que le Hamas perd des figures clés. Depuis sa création en 1987, l’organisation a développé une structure décentralisée, avec des bureaux à l’étranger, notamment au Qatar et en Turquie. Cette résilience organisationnelle lui permet de remplacer rapidement ses cadres. Mais à quel prix ? Les nouveaux leaders, souvent moins expérimentés, doivent naviguer dans un contexte de guerre totale, où chaque décision peut être fatale.
J’ai toujours trouvé fascinant, et un peu inquiétant, de voir à quelle vitesse le Hamas parvient à rebondir après de telles pertes. Cela soulève une question : est-ce une force ou une faiblesse ? Car si l’organisation reste opérationnelle, la perte de figures historiques comme Yahya Sinouar pourrait affaiblir son aura auprès de ses soutiens.
Les combattants : une force affaiblie mais tenace
Avant le 7 octobre 2023, les Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, comptaient entre 20 000 et 30 000 combattants. Deux ans plus tard, les estimations varient, mais les pertes sont lourdes. Selon des rapports militaires israéliens, environ 18 000 combattants auraient été tués, bien que des analyses indépendantes avancent un chiffre plus proche de 8 500. Pendant ce temps, le Hamas aurait recruté presque autant de nouveaux membres qu’il en a perdus, selon des sources américaines.
Mais recruter ne suffit pas. Les nouveaux combattants, souvent jeunes et peu entraînés, manquent de l’expérience des vétérans. Ils opèrent dans un environnement urbain dévasté, où chaque coin de rue peut devenir un piège. Pourtant, leur connaissance du terrain et leur utilisation des tunnels souterrains leur permettent de mener des attaques surprises, souvent avec des armes légères ou des engins explosifs improvisés.
Ce qui me frappe, c’est leur capacité à tenir tête à une armée technologiquement supérieure. Les combattants du Hamas ne portent pas d’uniformes, se fondent dans la population et utilisent des tactiques de guérilla. Cela complique la tâche d’Israël, mais ça met aussi les civils en danger. Un équilibre précaire, non ?
| Aspect | État avant 2023 | État en 2025 |
| Nombre de combattants | 20 000–30 000 | 10 000–15 000 (estimé) |
| Leaders clés | Yahya Sinouar, Mohammed Deif | Leaders remplacés, moins expérimentés |
| Armement | Rockets, IED, tunnels | Stocks réduits, armes improvisées |
Les équipements : de l’arsenal à l’improvisation
Le Hamas a toujours compensé son infériorité technologique par une inventivité redoutable. Avant la guerre, l’organisation disposait d’un arsenal de roquettes artisanales (comme les Qassam), de drones rudimentaires et d’un réseau de tunnels qui s’étendait sur des kilomètres sous Gaza. Une grande partie de cet arsenal provenait de contrebande ou de soutien de pays comme l’Iran. Mais après deux ans de conflit, les stocks sont au plus bas.
Les frappes israéliennes ont détruit une partie importante des infrastructures du Hamas, y compris ses ateliers de fabrication d’armes. Aujourd’hui, les combattants recyclent des bombes non explosées pour fabriquer des engins improvisés. Les tunnels, bien que partiellement détruits, restent un atout stratégique, permettant de cacher des armes et de tendre des embuscades.
Le Hamas n’a plus les moyens de lancer des salves massives de roquettes, mais il n’a pas besoin d’un arsenal sophistiqué pour rester une menace.
– Expert en armement régional
Ce passage à l’improvisation montre à la fois la faiblesse et la résilience du Hamas. Ils n’ont plus les ressources d’antan, mais ils savent tirer parti du chaos. Ça me rappelle ces équipes de foot qui, même menées au score, continuent de jouer avec hargne jusqu’à la dernière seconde. Le Hamas joue-t-il sa survie sur ce terrain ?
Le contrôle de Gaza : un pouvoir en lambeaux ?
Le Hamas ne se résume pas à ses combattants ou à ses roquettes. Depuis 2007, il administre Gaza, gérant des services comme la santé ou la sécurité. Mais la guerre a bouleversé cet équilibre. L’armée israélienne contrôle désormais 80 % du territoire, selon des experts, et le Hamas a perdu une grande partie de son autorité administrative. Pourtant, il conserve une présence symbolique, notamment à travers son unité de sécurité, Sahm, créée pour maintenir l’ordre et empêcher les pillages.
Les civils, eux, sont pris en étau. La famine, confirmée par l’ONU en août 2025, frappe durement Gaza. Les habitants reprochent au Hamas son incapacité à protéger la population, et des manifestations anti-Hamas ont éclaté à Beit Lahia en mars 2025. Mais l’organisation reste un acteur incontournable, notamment dans les négociations pour les otages et les trêves.
Je me demande souvent ce que les Gazaouis pensent vraiment. Soutiennent-ils encore le Hamas par conviction, ou est-ce par manque d’alternative ? La réponse n’est pas simple, mais une chose est sûre : le mouvement a perdu de son lustre.
- Contrôle territorial : Réduit à quelques poches de résistance.
- Administration : Affaiblie, mais toujours active via le ministère de la Santé.
- Soutien populaire : En baisse, avec des manifestations contre le Hamas.
Les otages : un levier stratégique
Les otages restent au cœur du conflit. Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, une cinquantaine seraient encore retenues à Gaza à l’été 2025, dont la moitié présumée morte. Le Hamas utilise ces captifs comme un levier dans les négociations, exigeant la libération de prisonniers palestiniens en échange. Mais les conditions de détention sont précaires, et le mouvement a averti que les otages seraient exposés aux mêmes dangers que ses combattants.
Ce chantage est risqué. Il renforce la détermination d’Israël à poursuivre ses opérations, mais il maintient aussi le Hamas dans le jeu diplomatique. C’est un peu comme jouer aux échecs avec des pièces humaines : chaque mouvement peut coûter cher.
La communauté internationale : entre indignation et impuissance
La guerre à Gaza ne laisse personne indifférent. L’ONU, des ONG et plusieurs pays ont dénoncé les bombardements israéliens, accusés de causer une crise humanitaire sans précédent. En parallèle, le Hamas est critiqué pour ses méthodes, comme l’utilisation de civils comme boucliers humains. Pourtant, les appels à un cessez-le-feu se heurtent à l’inflexibilité des deux parties.
La communauté internationale est divisée : certains condamnent Israël, d’autres le Hamas, mais personne ne propose de solution viable.
– Diplomate européen
Des initiatives comme la Global Sumud Flotilla, partie de Barcelone en septembre 2025 pour briser le blocus de Gaza, montrent l’engagement de certains acteurs. Mais face à la puissance militaire israélienne et à la résilience du Hamas, ces efforts semblent dérisoires. À mon avis, c’est cette impuissance collective qui rend le conflit si frustrant à observer.
Et après ? Les scénarios pour l’avenir
Alors, le Hamas est-il au bord de l’effondrement, ou va-t-il encore surprendre ? Trois scénarios se dessinent :
- Effondrement total : Peu probable, vu la capacité du Hamas à se régénérer.
- Statu quo : Le mouvement survit, mais affaibli, dans un Gaza dévasté.
- Résurgence : Grâce à son réseau international et au soutien populaire, le Hamas pourrait regagner du terrain.
Personnellement, je penche pour le deuxième scénario. Le Hamas est trop enraciné pour disparaître, mais trop affaibli pour redevenir une menace majeure à court terme. Cela dit, l’histoire nous a appris à ne jamais sous-estimer ce mouvement.
Ce conflit, c’est un peu comme un feu de broussailles : il semble éteint, mais une étincelle peut tout raviver. La question est de savoir qui soufflera sur les braises en premier.
