Vous êtes tranquillement chez vous, vous swipez un peu sur une appli de rencontre, un mec sympa vous parle, vous propose de vous voir vite fait. Et puis, sans prévenir, vous vous retrouvez encerclé, frappé, insulté parce que vous êtes gay. Ça ressemble à un mauvais film d’horreur ? Non, c’est arrivé le mois dernier près de Tours. Et franchement, ça fout les boules.
Un piège presque parfait
Imaginez la scène. Deux hommes différents, deux rendez-vous séparés, même mode opératoire. Les suspects contactent leurs futures victimes via une application bien connue dans la communauté LGBTQ+. Conversation anodine, proposition de se voir rapidement, souvent dans un coin discret. Et là, surprise : à peine arrivé, c’est l’embuscade.
Poings, pieds, injures qui fusent – des mots que je ne répéterai même pas ici tellement ils sont ignobles. Une des victimes s’en sort avec 15 jours d’ITT, l’autre avec 30 jours. Trente jours d’incapacité totale de travail, ça veut dire côtes fêlées, visage tuméfié, traumatisme qui met du temps à passer. Et tout ça juste parce qu’ils aimaient les hommes.
Cinq interpellations en un coup de filet
Mercredi dernier, la police a frappé fort. Cinq personnes interpellées à Montlouis-sur-Loire, en Indre-et-Loire. Parmi elles, trois mineurs. Oui, trois ados. Quand j’ai lu ça, j’ai eu un coup au cœur. Des gamins qui organisent des expéditions punitives homophobes, on se demande vraiment ce qui se passe dans certaines têtes.
Les deux majeurs, eux, ont déjà un casier. Ils seront jugés demain en comparution immédiate – autrement dit, ça va aller vite. Pour les trois mineurs, c’est le juge des enfants qui prend le relais. Deux d’entre eux pourraient être placés en foyer. Le parquet a requis le contrôle judiciaire pour tous les trois. Le procès est fixé à février 2026.
Les faits sont d’une particulière gravité, tant par leur violence que par le mobile discriminatoire clairement établi.
– Le parquet, dans son communiqué
Les qualifications retenues : lourdes et assumées
- Violences en réunion
- Violences aggravées par l’orientation sexuelle des victimes
- Injures à caractère homophobe
- Association de malfaiteurs (oui, parce que c’était organisé)
En France, quand l’homophobie est caractérisée, les peines peuvent être lourdement alourdies. Et là, franchement, on espère que la justice va taper fort. Parce que ce genre de comportement, ça ne passe plus.
Le phénomène des guets-apens : pas si rare qu’on le croit
Ce n’est pas la première fois. Loin de là. Ces dernières années, les associations alertent régulièrement sur ces pièges tendus via les applis de rencontre. Des groupes, parfois très jeunes, se donnent rendez-vous pour “chasser” des gays ou des lesbiennes. Ils créent de faux profils, draguent, fixent un lieu, et attaquent.
J’ai discuté avec des amis qui utilisent ces applis. Beaucoup disent faire hyper attention maintenant. Ne jamais aller chez quelqu’un directement. Toujours un lieu public. Vérifier que le gars existe sur les réseaux. Et pourtant, même avec toutes ces précautions, le risque zéro n’existe pas.
Ce qui me glace, c’est l’âge des agresseurs. Des mineurs. On parle d’ados de 15, 16, 17 ans parfois. Où est-ce qu’ils apprennent ça ? Sur les réseaux ? Dans certaines discussions de groupe ? C’est terrifiant de penser qu’une partie de la jeunesse grandit avec autant de haine chevillée au corps.
Et après ? La réponse pénale, mais pas que
Bien sûr, il y aura un procès. Bien sûr, il y aura (espérons-le) de la prison ou des mesures éducatives sérieuses. Mais est-ce que ça suffira ? Franchement, j’en doute. Parce que le problème est bien plus profond.
Il y a tout ce travail à faire en amont. À l’école, déjà. Parler d’égalité, de respect, de diversité sexuelle dès le plus jeune âge. Combattre les blagues homophobes dans les cours de récré. Ne plus laisser passer les “péd*” lancés comme ça dans les conversations entre ados.
Il y a aussi le rôle des parents. Quand votre gamin de 16 ans rentre avec des bleus sur les poings et des idées nauséabondes plein la tête, vous posez des questions, non ? Ou alors on ferme les yeux parce que “c’est un garçon, c’est normal qu’il se bagarre” ? Non. Ça ne l’est pas.
Les victimes, elles, vont mettre du temps à s’en remettre
Physiquement d’abord. Trente jours d’ITT, ce n’est pas rien. Mais surtout psychologiquement. Se faire tabasser juste parce qu’on est soi, ça laisse des traces. Certains arrêtent complètement les applis après ça. D’autres n’osent plus sortir le soir. La liberté de vivre son orientation sexuelle sans peur, elle prend un sacré coup.
Et pourtant, ces victimes ont porté plainte. Elles ont osé parler. C’est énorme. Parce que trop souvent, par honte ou par peur de revivre l’agression au commissariat, les gens se taisent. Là, elles ont tenu bon. Respect.
Un rappel brutal : l’homophobie tue encore en 2025
On aimerait se dire que c’était mieux avant, mais non. Les chiffres des associations montrent que les actes homophobes restent stables, voire en hausse dans certaines régions. Les réseaux sociaux amplifient les discours de haine. Et des ados se retrouvent à reproduire ce qu’ils voient ou lisent.
Cette affaire de Montlouis-sur-Loire, ce n’est pas qu’un fait divers de plus. C’est un signal d’alarme. Un de plus, malheureusement. Mais peut-être que cette fois, avec des mineurs impliqués et une réponse judiciaire rapide, ça fera bouger un peu les choses.
En attendant, si vous utilisez des applis de rencontre, soyez prudents. Vraiment. Un lieu public, un ami prévenu, une capture d’écran du profil. Ça peut paraître parano, mais quand on voit ce genre d’histoires… mieux vaut être trop prudent que pas assez.
Et pour le reste de la société ? On arrête de fermer les yeux. On parle. On éduque. On sanctionne. Parce que personne ne devrait avoir à cacher qui il aime pour marcher tranquille dans la rue.
Point final.
