Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez pesté en voyant le prix s’afficher à la pompe ? Moi oui, c’était il y a quinze jours, et j’ai senti mon portefeuille faire une petite grimace. Eh bien figurez-vous que 2026 nous réserve une nouvelle surprise, et elle n’est pas des plus agréables : dès le premier jour de l’année, le litre de carburant va mécaniquement augmenter de 4 à 6 centimes. Pas une rumeur, pas une hypothèse : les professionnels du secteur l’annoncent déjà noir sur blanc.
Alors oui, 5 centimes sur un plein de 50 litres, ça fait 2,50 €. Dit comme ça, on se dit que c’est supportable. Mais sur l’année, pour quelqu’un qui roule 15 000 km, ça commence à faire une petite centaine d’euros qui s’envole. Et surtout, c’est une hausse qui arrive pile au moment où tout le monde espérait un peu de répit sur le pouvoir d’achat.
Une hausse qui ne vient pas d’où on l’attend habituellement
Quand on parle augmentation du carburant, on pense immédiatement à la TICPE (la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques) ou au cours du baril de pétrole. Cette fois, rien de tout ça. Le coupable s’appelle le dispositif des certificats d’économies d’énergie, plus connu sous son acronyme CEE. Un nom barbare pour un principe qui existe pourtant depuis 2005.
En gros, l’État impose aux gros fournisseurs d’énergie (pétroliers inclus) de financer des actions qui permettent de réduire la consommation énergétique du pays : isolation de logements, remplacement de vieilles chaudières, installation de pompes à chaleur, etc. Pour chaque action financée, l’entreprise reçoit un certificat. À la fin de la période, elle doit en avoir récolté assez pour atteindre l’objectif fixé par l’État. Sinon, amende salée.
2026, l’année du grand saut
Le problème ? L’objectif vient d’être revu très fortement à la hausse. On passe d’une enveloppe globale d’environ 6 milliards d’euros en 2025 à plus de 8 milliards en 2026. Deux milliards de plus à trouver en un an. Et comme par hasard, c’est précisément le pétrole qui représente la plus grosse part des volumes vendus. Résultat : les pétroliers estiment qu’il va leur manquer l’équivalent de 4 à 6 centimes supplémentaires par litre vendu pour remplir leur obligation.
« Les marges nettes des distributeurs tournent autour de 1 à 2 centimes par litre. Ils n’ont tout simplement pas les moyens d’absorber une charge supplémentaire de cette ampleur. »
– Un responsable du secteur pétrolier, novembre 2025
Et contrairement au gaz ou à l’électricité où les tarifs sont régulés, le marché des carburants est libre. Chaque station décide de son prix. Mais soyons réalistes : personne ne va prendre sur sa marge pour faire plaisir aux automobilistes. La répercussion sera donc quasi intégrale à la pompe.
D’où viennent concrètement ces 4 à 6 centimes ?
Actuellement, le dispositif CEE pèse déjà environ 11 centimes dans le prix d’un litre. Avec l’augmentation de l’obligation, ce coût passera à 15-17 centimes dès le 1er janvier. La différence ? Exactement les 4 à 6 centimes annoncés.
Pour que ce soit plus parlant, voici comment se décompose (approximativement) le prix d’un litre aujourd’hui :
- Coût du brut : ~45-50 %
- Raffinages et logistique : ~10-12 %
- Marge brute distribution : ~10-12 %
- TVA : ~20 %
- TICPE (taxe étatique) : fixe, autour de 60-65 centimes
- CEE (actuel) : 11 centimes
- CEE 2026 : 15-17 centimes
Autrement dit, ce n’est pas une goutte dans l’océan. C’est un vrai poste de coût qui grimpe brutalement.
Et les aides pour la rénovation énergétique, alors ?
C’est là que ça devient intéressant. L’argent collecté via les CEE ne disparaît pas dans la nature. Il sert à financer des travaux chez les particuliers et les entreprises. Vous avez remplacé votre vieille chaudière fioul par une pompe à chaleur ? Une partie de la prime venait probablement de ces certificats.
En théorie, c’est donc un cercle vertueux : vous payez un peu plus à la pompe, mais vous pouvez récupérer beaucoup plus si vous faites des travaux d’économie d’énergie. En pratique… tout le monde n’a pas 15 000 € à avancer pour changer sa chaudière, même avec des aides.
J’ai discuté récemment avec un artisan qui installe des pompes à chaleur. Il me disait que depuis deux ans, les dossiers CEE explosent. « Les gens attendent le dernier moment, quand leur chaudière lâche en plein hiver. » Résultat : les délais s’allongent, les prix des équipements montent, et une partie de l’enveloppe risque de ne pas être consommée efficacement.
Quel impact réel sur votre budget auto en 2026 ?
Faisons un peu de calcul rapide, parce que c’est toujours plus parlant avec des chiffres concrets.
| Profil conducteur | Conso annuelle | Surcharge +5 cts |
| Petit rouleur (8 000 km/an) | ~500 litres | +25 €/an |
| Rouleur moyen (15 000 km/an) | ~900 litres | +45 €/an |
| Gros rouleur (30 000 km/an) | ~1 800 litres | +90 €/an |
| Véhicule diesel gourmand (50L/100km) | ~2 500 litres | +125 €/an |
À titre personnel, je trouve que c’est surtout le symbole qui agace. On nous parle sans cesse de transition écologique, mais ceux qui n’ont pas les moyens de changer de véhicule ou d’isoler leur maison sont les premiers à passer à la caisse.
Y a-t-il des marges de manœuvre pour éviter cette hausse ?
Techniquement, oui. L’État pourrait revoir ses ambitions à la baisse. Mais franchement, entre nous, c’est peu probable. La trajectoire carbone est inscrite dans le marbre, et les objectifs européens ne laissent pas beaucoup de place à la négociation.
Les pétroliers, eux, pourraient essayer d’optimiser leurs achats de certificats sur le marché secondaire (oui, il existe un marché où on s’échange ces certificats). Mais ce marché est déjà tendu, et les prix flambent. Certains parlent même de bulle spéculative sur les CEE. Difficile d’imaginer une baisse des coûts dans ce contexte.
Et après 2026 ?
La vraie question, c’est jusqu’où ça va aller. La période actuelle (5e période CEE) court jusqu’en 2025, la suivante démarrera en 2026 avec des objectifs qui, selon certaines fuites, pourraient encore grimper. On parle déjà d’une enveloppe qui dépasserait les 10 milliards d’euros d’ici 2030.
À long terme, la logique est implacable : tant qu’on continuera à consommer des carburants fossiles en grande quantité, le poids des CEE augmentera. La seule vraie solution pour échapper à cette spirale ? Réduire la consommation. Soit en roulant moins, soit en passant à l’électrique ou à d’autres énergies. Mais on sait tous que ça ne se fait pas du jour au lendemain.
En attendant, janvier 2026 risque d’être un mois particulièrement douloureux à la pompe. Et quelque part, je me dis que cette petite hausse de 5 centimes, aussi pénible soit-elle, est peut-être le prix à payer pour rappeler à tout le monde que le temps des carburants bon marché est derrière nous.
Après, je ne vais pas vous faire la morale écologique à 22 h un mercredi soir. Vous avez déjà assez de soucis comme ça. Mais si vous aviez prévu de changer de chaudière ou d’isoler vos combles, c’est peut-être le moment de vous y mettre. Parce que l’argent que vous laisserez à la pompe, quelqu’un d’autre risque de le récupérer en prime travaux…
Et vous, comment prenez-vous cette nouvelle ? Vous allez adapter vos trajets, accélérer un projet de rénovation, ou simplement râler (comme moi) en remplissant votre réservoir ? Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
