Il était un peu plus de 14 heures, ce mardi 18 novembre 2025, quand le calme habituel du quartier des Olives, dans le 13e arrondissement de Marseille, a été brisé net par des détonations. Un homme d’une quarantaine d’années s’effondre. Touché par plusieurs projectiles. En quelques minutes, les secours sont là, mais il est déjà trop tard. Un nouveau mort dans la cité phocéenne. Sauf que, cette fois, l’histoire sort des sentiers battus.
Un drame qui change des habitudes marseillaises
On a presque pris l’habitude, hélas, d’ouvrir les journaux avec des titres sur des règlements de comptes liés au trafic de stupéfiants. Les quartiers nord, la Kalach’, les jeunes guetteurs, les clans rivaux… On connaît la chanson, aussi triste soit-elle. Mais là, non. Les premières informations qui filtrent sont claires : ce meurtre n’a rien à voir avec le narcotrafic. On parle d’un différend d’ordre commercial. Un conflit entre associés qui a mal tourné. Très mal tourné.
Et c’est peut-être ça qui rend l’affaire encore plus glaçante. Parce que si même les affaires « ordinaires » finissent désormais au calibre, où va-t-on ?
Les faits, tels qu’on les connaît pour l’instant
La victime, la quarantaine, est abattue en pleine rue, à proximité immédiate de son véhicule. Plusieurs douilles sont retrouvées sur place. L’arme ? Probablement un pistolet automatique, même si les enquêteurs restent discrets là-dessus pour l’instant.
Le suspect numéro un ne court pas bien loin. Il s’agit de l’associé de la victime, lui aussi dans la même tranche d’âge. Les policiers l’interpellent rapidement et le placent en garde à vue. À l’heure où j’écris ces lignes, il est toujours entendu par les hommes de la police judiciaire.
Le mobile ? Un désaccord financier, semble-t-il. Une société commune, des dettes, des parts, des promesses non tenues… Les classiques, en somme. Sauf que là, ça s’est terminé dans le sang.
Le quartier des Olives, un coin tranquille… en apparence
Ceux qui ne connaissent Marseille que par les reportages choc vont être surpris. Les Olives, ce n’est pas la cité des Flamants ou Air Bel. C’est un quartier plutôt résidentiel, avec des petits immeubles, des maisons individuelles, des familles. On est loin des tours et des barres à perte de vue.
Mais justement, c’est ça qui interpelle. La violence n’a plus besoin de « territoire » pour frapper. Elle s’invite partout, même là où on ne l’attend plus.
« On se croyait à l’abri ici. On entendait les histoires dans d’autres quartiers, mais chez nous… jamais. Là, c’est la douche froide. »
– Un riverain, encore sous le choc, interrogé dans l’après-midi
Une coïncidence de calendrier lourde de sens
Le drame se produit à quelques centaines de mètres seulement de la mosquée de Frais Vallon. Au même moment exactement, une foule nombreuse assistait aux obsèques du petit frère d’un militant bien connu dans la lutte contre le narcotrafic. Les caméras, les journalistes, les personnalités… tout le monde était là pour rendre hommage et dénoncer encore une fois la spirale de violence.
Pendant ce temps, à deux pas, un autre drame se jouait. Sans lien avec le narcotrafic, certes. Mais le symbole est terrible. Comme un rappel cruel : la mort ne prend jamais de pause à Marseille.
Un associé peut-il devenir un tueur en un claquement de doigts ?
C’est la question qui revient sans cesse. Comment passe-t-on d’associés – donc de partenaires, de gens qui ont monté un projet ensemble, qui se font peut-être confiance depuis des années – à ennemi mortel ?
L’argent, évidemment. Toujours l’argent. Une facture impayée, une mauvaise gestion, un associé qui se sent lésé… Et puis un jour, la colère accumulée explose. Sauf qu’en 2025, dans certains milieux, on ne règle plus ça devant le tribunal de commerce. On sort l’arme.
- Combien de sociétés en France se terminent ainsi ? On n’a pas de statistiques officielles, mais les affaires de ce type se multiplient.
- En Provence, on se souvient de ce garagiste abattu par son ex-associé il y a quelques années.
- Ou de cet entrepreneur du BTP liquidé pour une histoire de chantier.
On est loin du grand banditisme. On est dans le quotidien. Et c’est peut-être ça le plus inquiétant.
Marseille, ville sous tension permanente
Je vis à Marseille depuis assez longtemps pour avoir vu la ville changer. Il y a vingt ans, un homicide comme celui-ci aurait fait la une pendant des jours. Aujourd’hui, il risque de passer presque inaperçu, noyé dans la litanie des faits divers.
Et pourtant, chaque mort compte. Chaque histoire est unique. Derrière les titres froids, il y a des familles détruites, des enfants qui grandissent sans père, des mères qui pleurent.
On parle beaucoup – et à raison – de la guerre des clans, des kalachnikovs dans les cités. Mais ce genre d’affaire nous rappelle que la violence a plusieurs visages. Et qu’elle peut frapper n’importe qui, n’importe où, pour des raisons qui paraissent parfois dérisoires vues de l’extérieur.
Que va-t-il se passer maintenant ?
L’enquête ne fait que commencer. L’associé interpellé va être longuement entendu. Les enquêteurs vont éplucher les comptes de la société, les messages échangés, les témoins éventuels. L’arme du crime sera recherchée. Peut-être que d’autres personnes seront impliquées, on ne sait pas encore.
Mais une chose est sûre : ce dossier va être traité avec la plus grande rigueur. Parce que même si ce n’est « que » un différend commercial, un homme est mort. Et ça, ça ne passe pas inaperçu, même à Marseille.
Et nous, qu’est-ce qu’on en retient ?
Personnellement, cette affaire me laisse un goût amer. Parce qu’elle montre à quel point la frontière est mince parfois. Entre la dispute qui s’envenime et l’irréparable.
Combien de fois ai-je entendu des entrepreneurs dire « je vais le tuer » au téléphone, bien sûr au figuré. Sauf que certains, un jour, passent à l’acte.
Peut-être qu’il est temps de réapprendre à désamorcer les conflits avant qu’ils ne dégénèrent. Peut-être qu’il est temps aussi de se poser les bonnes questions sur la place de l’arme dans notre société.
En attendant, une famille pleure un père, un frère, un fils. Et Marseille ajoute une croix de plus sur la longue liste de ses drames.
Je ne sais pas vous, mais moi, chaque fois qu’un tel événement se produit, j’ai cette même pensée : et si c’était demain dans ma rue ? Et si c’était quelqu’un que je connais ?
La violence n’a pas de code postal. Elle n’a pas non plus de raison sociale. Elle frappe là où on ne l’attend plus. Et c’est peut-être ça, le plus effrayant.
