Il y a des soirs où le football dépasse largement le simple cadre du sport. Hier, à Bastia, on a franchi un cap. Une défaite à domicile contre un concurrent direct pour le maintien, et tout a basculé. Des fumigènes lancés sur les joueurs, des sièges arrachés, des poubelles qui brûlent devant le stade… Franchement, on se serait cru dans un film un peu trop réaliste.
Je suis supporter de foot depuis toujours, et la passion corse, je la connais. Elle est magnifique quand elle pousse l’équipe vers l’avant. Mais quand elle se retourne contre ses propres joueurs, ça fait mal au cœur.
Une soirée qui a mal tourné dès le coup de sifflet final
Le match était déjà tendu avant même de commencer. Bastia, lanterne rouge, recevait Laval, avant-dernier. Un vrai match de la peur en retard de la 11e journée. Tout le monde savait que perdre à la maison dans ces conditions, c’était presque condamner le club à la descente en National.
Et malheureusement, le scénario catastrophe s’est produit. Un but juste avant la pause, un penalty en seconde période, 0-2 score final. À la fin du match, les joueurs ont voulu faire le tour d’honneur habituel pour s’excuser auprès du public, comme c’est la tradition à Furiani même dans les moments difficiles.
Mauvaise idée.
À peine ont-ils commencé que les premiers fumigènes ont volé depuis la tribune. Puis des sièges. Puis d’autres fumigènes, plus près, directement sur la pelouse. Les joueurs ont sprinté vers le tunnel sous les huées. Dominique Guidi, le capitaine, a essayé de calmer le jeu, mais impossible. La colère était trop forte.
« On comprend la déception, mais là, ça dépasse tout. On est tous dans le même bateau. »
Un joueur bastiais, sous couvert d’anonymat, juste après le match
Le bus lavallois pris pour cible
Mais le pire était encore à venir. Une fois dehors, plusieurs centaines de supporters se sont massées derrière les grilles du parking. Poubelles incendiées, fumigènes lancés en direction du bus des visiteurs… Les joueurs de Laval ont dû attendre presque une heure avant de pouvoir quitter les lieux sous protection policière.
On imagine l’ambiance à l’intérieur du car. Des familles, des staffs, des joueurs qui n’avaient rien demandé à personne et qui se retrouvent au milieu d’un guet-apens. C’est tout simplement inacceptable.
Et pourtant, c’est devenu presque habituel en Corse quand les résultats ne suivent pas. On se souvient des incidents contre Lyon en 2017, contre PSG, contre tant d’autres. Mais là, s’en prendre à ses propres joueurs et à un club aussi modeste que Laval, c’est un nouveau palier.
Une crise sportive qui dure depuis trop longtemps
Il faut remettre les choses en perspective. Bastia est dernier de Ligue 2 depuis la première journée. Dix défaites en quinze matchs. Une défense en carton, une attaque qui ne marque presque plus. Les supporters voient leur club mythique, champion de France en 1968, vainqueur de la Coupe de France, habitué de l’Europe, toucher le fond.
Et la direction ? Entre changements d’entraîneurs à répétition, problèmes financiers à peine résolus, et une communication parfois maladroite, le club donne l’impression de naviguer à vue.
Résultat : la frustration s’accumule. Et quand le moindre espoir s’envole – comme hier avec cette défaite contre un concurrent direct –, tout explose.
- 10 défaites en 15 matchs
- 0 victoire à domicile depuis le début de saison
- 5 points de retard sur le premier non-relégable
- Ambiance exécrable dans les tribunes depuis des mois
Quand on aligne ces chiffres, on comprend mieux pourquoi certains supporters craquent.
La passion corse : un amour exigeant
On parle souvent de la ferveur unique de Furiani. Et c’est vrai. Quand tout va bien, c’est l’un des plus beaux publics de France. Une ambiance de feu, des tifos magnifiques, un soutien inconditionnel.
Mais cette passion a un revers. En Corse, le football, c’est sacré. On ne joue pas seulement pour trois points, on porte l’identité d’une île entière. Perdre à la maison contre Laval, c’est vécu comme une humiliation collective.
Du coup, certains supporters se sentent trahis. Ils ont l’impression que les joueurs ne mouillent pas assez le maillot, que l’institution ne fait pas tout pour sauver le club. Et quand la goutte d’eau fait déborder le vase, ça part en vrille.
Moi je trouve ça triste. Parce que finalement, ce sont les joueurs bastiais qui prennent les fumigènes dans la figure. Ceux qui restent malgré tout, qui se battent avec leurs moyens limités, qui portent ce maillot avec fierté même dans la tempête.
Quelles conséquences à attendre ?
La commission de discipline va forcément se pencher sur le dossier. On parle déjà d’un possible huis clos total ou partiel, d’amendes lourdes, voire d’un retrait de points. Ce qui serait la pire des sanctions pour un club déjà au bord du gouffre.
Et puis il y a la sécurité. Comment garantir que ça ne se reproduise plus ? Renforcer les fouilles ? Interdire les fumigènes (alors qu’ils font partie du folklore) ? Mettre des filets de protection partout ? Tout ça pose question.
Certains clubs ont réussi à canaliser cette énergie. Regardez Lens ou Saint-Étienne : des publics chauds, mais qui savent rester derrière leur équipe même dans la défaite. Bastia en est capable aussi. Mais il faut un vrai dialogue entre supporters, joueurs et direction.
Et maintenant ?
Le prochain match à Furiani risque d’être sous haute tension. Les joueurs vont-ils oser refaire un tour de terrain en cas de nouvelle défaite ? Les supporters vont-ils accepter de soutenir plutôt que de détruire ?
Une chose est sûre : si rien ne change, on court tout droit vers la catastrophe. Pas seulement sportive – elle semble déjà bien engagée – mais vers une descente dans l’image du club et du football corse en général.
Parce qu’au final, qui gagne quand on jette un fumigène sur son propre capitaine ? Personne.
Le football corse mérite mieux que ça. Bastia mérite mieux que ça. Et les vrais supporters, ceux qui chantent 90 minutes même quand c’est 3-0 à la mi-temps, le savent très bien.
Espérons que cette soirée serve d’électrochoc. Pas pour punir, mais pour réunir tout le monde autour d’un seul objectif : sauver le Sporting. Parce que oui, il est encore temps. Mais plus pour très longtemps.
Et vous, vous en pensez quoi ? La passion justifie-t-elle tout ? Ou y a-t-il des limites à ne jamais franchir, même quand son club touche le fond ? Dites vos avis en commentaire, on en discute ensemble.
