Il y a des nouvelles qui vous tombent dessus comme une masse. Hier soir, dans un petit village tranquille à l’ouest de Lyon, une gamine de quatre ans a été retrouvée morte chez elle. Et celui qui a prévenu les secours ? Sa propre mère. Celle-là même qui est aujourd’hui soupçonnée de l’avoir tuée.
On a tous en tête des images de maisons chaleureuses, de rires d’enfants qui résonnent dans le jardin. À Montrottier, ce 17 novembre 2025, c’est le silence qui a pris toute la place. Un silence de plomb, celui qui suit les drames qu’on n’arrive pas à comprendre.
Un drame qui glace le sang dans une commune paisible
Montrottier, c’est ce genre d’endroits où tout le monde se connaît, où les gamins font du vélo dans la rue sans que personne ne s’inquiète. Moins de 1 500 habitants, des collines verdoyantes, des fermes, la routine quoi. Et puis, en une soirée, tout bascule.
Vers 20 heures, les gendarmes reçoivent un appel. Une femme, la voix probablement tremblante, signale que sa fille ne respire plus. Quand les secours arrivent, l’enfant est déjà partie. Les premiers éléments laissent penser à une étouffement volontaire. Le mot est dur, presque irréel quand on parle d’une mère et de sa petite de quatre ans.
La mère, elle, est encore là. Elle sera interpellée sur place, puis rapidement transférée vers un hôpital lyonnais. État de choc ? Tentative de suicide ? Crise psychiatrique aiguë ? Pour l’instant, personne ne veut s’avancer officiellement. Mais dans le village, les langues commencent déjà à se délier.
Que s’est-il réellement passé dans cette maison ?
À l’heure où j’écris ces lignes, les enquêteurs restent très prudents. Le parquet de Lyon n’a pas encore communiqué. On sait juste que le corps de la fillette a été découvert dans le domicile familial et que la thèse de l’infanticide est privilégiée.
Ce qui trouble particulièrement, c’est que c’est la mère elle-même qui a donné l’alerte. Pourquoi appeler les secours si on vient de commettre l’irréparable ? Certains y voient le signe d’un geste désespéré, suivi d’un sursaut de lucidité. D’autres pensent à une tentative de mise en scène. La vérité, elle, est probablement bien plus complexe et douloureuse.
« On a tous du mal à y croire… Elle semblait normale, cette femme. Sa fille était toujours propre, bien habillée. On ne se doute jamais, jamais… »
Un voisin, encore sous le choc, recueilli par les journalistes sur place
L’infanticide maternel : un tabou qui revient trop souvent
Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’on entend parler d’une mère qui tue son enfant. En France, on recense chaque année entre 50 et 100 infanticides ou filicides. Et dans près d’un cas sur deux, c’est la mère qui passe à l’acte.
Attention, ça ne veut pas dire que les mères sont plus dangereuses que les pères. Non. Ça veut dire qu’elles sont souvent seules face à des souffrances immenses, parfois invisibles. Dépression post-partum qui dégénère, psychose puerpérale, burn-out maternel extrême, violence conjugale… les facteurs sont multiples et rarement isolés.
- Plus de 70 % des mères infanticides souffraient de troubles psychiatriques non ou mal pris en charge
- Près de la moitié vivaient dans l’isolement social
- Dans 30 % des cas, des signaux d’alarme avaient été émis sans suite
Des chiffres qui font mal. Parce qu’ils montrent que derrière chaque drame, il y a souvent une succession de ratés. Des ratés du système de santé, des proches, parfois même de la victime elle-même qui n’a pas su ou pu demander de l’aide.
Quand la santé mentale des parents devient une bombe à retardement
J’ai couvert plusieurs affaires de ce genre ces dernières années. Et à chaque fois, c’est la même sensation : celle d’avoir raté quelque chose collectivement. Des voisins qui disent « elle avait l’air fatiguée ces derniers temps », des collègues qui remarquent des absences répétées, une famille qui minimise…
On parle beaucoup de charge mentale, de charge émotionnelle. Mais quand elle devient insupportable, quand plus personne n’est là pour tendre la main, certains cerveaux disjonctent. Et c’est l’enfant, le plus vulnérable, qui en paie le prix fort.
Dans le cas de Montrottier, on ignore encore si la mère souffrait de troubles connus. Était-elle suivie ? Avait-elle parlé de ses difficultés ? Son entourage avait-il remarqué des signaux inquiétants ? Autant de questions qui vont alimenter l’enquête et, probablement, les regrets pendant longtemps.
Le village sous le choc : « On se sent tous coupables »
Dans les petites communes, ce genre d’événement laisse des traces indélébiles. Ce matin, les volets étaient fermés plus tôt que d’habitude. Quelques habitants discutaient à voix basse devant la boulangerie. L’école maternelle, elle, a ouvert dans une atmosphère pesante – beaucoup de parents sont venus accompagner leurs enfants eux-mêmes.
« Ma fille était dans la même classe… Elles jouaient ensemble à la récré. Comment on explique ça à une gosse de quatre ans ? »
Une maman, les larmes aux yeux
Une cellule psychologique a été mise en place à la mairie. Les gendarmes, eux, continuent leurs investigations : perquisitions, auditions, analyse du téléphone et de l’ordinateur familial. Chaque détail va compter pour comprendre la chronologie des faits.
Et maintenant ? Les questions qui restent en suspens
Plusieurs points cruciaux demeurent flous à ce stade :
- Quel était l’état psychique exact de la mère au moment des faits ?
- Y a-t-il eu des disputes, des violences antérieures dans le couple ?
- La petite présentait-elle des traces de maltraitance ancienne ?
- Pourquoi aucun signalement n’a-t-il été fait avant, si toutefois il y avait des raisons de s’inquiéter ?
L’autopsie, pratiquée dans les prochains jours, devrait apporter des réponses sur la cause exacte du décès. Mais pour le « pourquoi », il faudra probablement attendre l’expertise psychiatrique. Des mois, parfois des années d’analyse pour tenter de comprendre l’incompréhensible.
Un miroir brutal de nos failles collectives
Ce drame, il nous renvoie tous à nos responsabilités. Moi le premier. Combien de fois croise-t-on une maman épuisée au supermarché sans oser demander si ça va ? Combien de fois minimise-t-on les « elle a l’air déprimée en ce moment » ?
Il y a urgence à mieux repérer, mieux accompagner, mieux protéger. Pas seulement les enfants, mais aussi les parents qui craquent. Parce qu’un infanticide, ce n’est jamais « juste » l’acte d’une personne. C’est souvent l’échec d’un village entier à voir venir la tempête.
Ce soir, quelque part dans le Rhône, une chambre d’enfant reste figée dans le temps. Une poupée par terre, un doudou sur le lit, des dessins punaisés au mur. Et une petite fille qui ne rentrera plus jamais de l’école.
Repose en paix, petite ange. Et pardon, si on n’a pas su te protéger.
(Article mis à jour au fur et à mesure des éléments nouveaux – dernière modification : 18 novembre 2025, 14h30)
