Imaginez la scène : vous rentrez d’un rassemblement international, le corps encore chaud des matchs joués sous un autre maillot, et déjà il faut replonger dans le quotidien du club. Pour cinq joueurs du Paris FC, ces dix derniers jours de novembre 2025 ont ressemblé à des montagnes russes émotionnelles. Entre joie éclatante, frustration sourde et déception brutale, le bilan est aussi contrasté que les continents qu’ils représentent.
À un gros mois du coup d’envoi de la CAN au Maroc, chaque minute jouée (ou non jouée) pèse lourd dans la balance. Et pour le Paris FC, actuellement en pleine bourre en Ligue 2, la question n’est pas anodine : va-t-on devoir se passer de ses cadres africains pile au moment du derby contre le PSG, le 4 janvier ? Allez, on décortique tout ça tranquillement, joueur par joueur.
Quand la trêve internationale ressemble à une loterie
Franchement, la trêve internationale, c’est toujours un peu la roulette russe pour les clubs. On croise les doigts pour que personne ne revienne cassé, on espère que les cadres auront du rythme… et parfois, on se prend la réalité en pleine figure. Cette fois, Stéphane Gilli peut souffler : zéro blessé. Mais niveau moral, c’est une autre histoire.
Moses Simon, le goût amer de l’élimination
Commençons par le plus douloureux. Moses Simon, l’ailier nigérian que tout le monde adore à Charléty pour sa générosité, est rentré avec la gueule de bois. Le Nigeria, pourtant favori, s’est fait sortir aux tirs au but par la RD Congo en finale des barrages de la Coupe du Monde. Et devinez qui a raté le tir au but décisif ? Lui.
Entré en jeu en seconde période lors des deux matchs, il n’a jamais vraiment réussi à peser. Pourtant, dans l’esprit du sélectionneur, il reste un cadre. À 30 ans, Moses reste une valeur sûre des Super Eagles et sera très probablement du voyage à la CAN. Pour le Paris FC, c’est à double tranchant : on récupère un joueur revanchard, mais qui risque d’enchaîner les kilomètres en janvier.
Quand tu rates le tir au but qui élimine ton pays, tu rentres et tu n’as pas envie de parler. Tu veux juste travailler et faire oublier.
– Un proche de l’entourage du joueur
Ilan Kebbal : 12 minutes en deux matchs, vraiment ?
On passe à l’Algérie maintenant, et là, deux mondes différents chez les Parisiens. D’un côté, Ilan Kebbal doit se poser de sérieuses questions. Le meneur de jeu du Paris FC, auteur de 5 buts et 4 passes décisives cette saison, n’a joué que… 12 minutes en deux rencontres amicales. 79e minute contre le Zimbabwe, 89e contre l’Arabie Saoudite. Autant dire des miettes.
Est-ce que Vladimir Petkovic doute ? Est-ce une gestion pour le préserver ? En tout cas, pour un joueur aussi créatif, ne pas avoir plus de temps de jeu dans des matchs sans réel enjeu, ça laisse perplexe. J’ai du mal à comprendre la logique, surtout quand on voit à quel point Kebbal fait mal en Ligue 2. À ce rythme, sa place pour la CAN n’est pas garantie à 100 %.
Samir Chergui, le roc qui monte en puissance
À l’opposé, Samir Chergui vit un rêve éveillé. Le défenseur central, qui a découvert l’Algérie en octobre, s’est imposé comme un titulaire indiscutable. Deux matchs, deux fois titulaire, et surtout une prestation XXL contre l’Arabie Saoudite où il a complètement éteint Salem Al-Dawsari, pourtant meilleur joueur adverse.
Les observateurs locaux ne tarissent pas d’éloges : « propre, dur sur l’homme, toujours bien placé ». Chergui incarne ce guerrier dont les Fennecs avaient besoin. À 28 ans, il vit une seconde jeunesse et semble parti pour disputer sa première grande compétition internationale. Pour le Paris FC, c’est une fierté… mais aussi un risque de le perdre plusieurs semaines.
Jean-Philippe Krasso, le retour du buteur
Et puis il y a les belles histoires. Jean-Philippe Krasso, champion d’Afrique en titre avec la Côte d’Ivoire, n’avait plus été appelé depuis un moment. Rappelé en urgence pour pallier une blessure, il a saisi sa chance à plein temps. Titulaire contre Oman, il plante le deuxième but ivoirien, son 8e en sélection. Un vrai retour en grâce.
À 28 ans, Krasso reste un attaquant précieux pour les Éléphants. Sa présence à la CAN ne fait presque aucun doute. Pour le Paris FC, c’est jackpot : un buteur en confiance qui revient avec le sourire et des automatismes retrouvés.
Hamari Traoré, la réconciliation avec le Mali
Enfin, petit mot sur Hamari Traoré. Le latéral droit malien, en froid avec sa fédération depuis plus d’un an, a été rappelé pour la première fois depuis mars 2024. Une réconciliation attendue. Titulaire contre la Jordanie (0-0), il a montré qu’il n’avait rien perdu de sa vista et de son envie.
Blessé au mollet récemment, il a pu se tester sans forcer. Bonne nouvelle pour le Paris FC : il sera opérationnel dès dimanche à Lille.
La CAN, ce casse-tête qui approche
Maintenant, posons la vraie question : qu’est-ce que tout ça signifie pour le Paris FC ? La CAN 2025 (21 décembre 2025 – 18 janvier 2026) tombe au pire moment. Entre la réception de Rodez, le déplacement à Auxerre et surtout le derby contre le PSG le 4 janvier, le club risque de se retrouver amputé de quatre, voire cinq joueurs clés.
- Moses Simon → presque certain d’y être
- Samir Chergui → en très bonne voie
- Jean-Philippe Krasso → devrait y retourner
- Hamari Traoré → probable
- Ilan Kebbal → le seul vrai point d’interrogation
Perdre son meilleur passeur, son défenseur central titulaire, son buteur et son latéral droit en même temps, c’est énorme. Stéphane Gilli le sait, il prépare déjà des plans B, C et peut-être D. Mais avouons-le : affronter le PSG sans ces garçons-là, ça change pas mal la donne.
Et pourtant, paradoxalement, cette CAN peut aussi être une bénédiction. Des joueurs qui reviennent auréolés d’un titre, ou simplement avec plus de maturité internationale, ça peut transcender une équipe. On l’a vu par le passé avec d’autres clubs de Ligue 2.
Ce qui est sûr, c’est que le Paris FC vit une saison charnière. Actuellement dans le top 5, avec un effectif cosmopolite et talentueux, le club joue gros. Ces trêves internationales, aussi casse-tête soient-elles, font partie de l’ADN d’un club ambitieux qui attire des joueurs de ce niveau.
Alors oui, il y aura des absents en janvier. Oui, le derby s’annonce compliqué. Mais quelque part, voir ses joueurs porter le maillot de leur pays avec fierté, c’est aussi la marque d’un club qui monte. Et ça, ça n’a pas de prix.
En attendant, rendez-vous dimanche à Lille avec tout le monde sur le pont. Et croisons les doigts pour que la CAN nous rende nos Africains encore plus forts. Parce qu’en football, on le sait, les grandes histoires s’écrivent souvent comme ça : dans la douleur, la frustration… et finalement la rédemption.
