Vous arrivez au stade, l’ambiance est électrique, votre meilleur joueur revient enfin après des mois d’absence et… neuf minutes plus tard, il est déjà à terre, victime d’un coup de son propre coéquipier. Franchement, on a beau suivre le foot depuis des années, on n’avait jamais vu ça. Ou presque.
Jeudi soir, en Ligue Europa, le Betis Séville recevait Utrecht pour un match censé être une formalité. Et puis, dès la 2e minute, tout a basculé.
Quand la communication fait défaut au pire moment
Reprenons depuis le début. Isco, capitaine ce soir-là, vient tout juste de retrouver les terrains après une fracture du péroné qui l’avait éloigné quatre longs mois. À peine trente minutes jouées le week-end précédent contre Gérone, il est titulaire. On sent la confiance de Pellegrini, on sent que le public verdiblanco retient son souffle à chaque ballon touché.
Et là, entrée de surface, Isco tente un contrôle orienté. Sofyan Amrabat, lancé plein gaz, voit le ballon… et décide de frapper de loin. Sauf que le ballon, il ne le touche presque pas. C’est le pied d’Isco qui prend tout.
Le choc est violent. Vraiment violent. On entend presque le craquement à travers l’écran.
« J’ai cru qu’il avait explosé le tibia d’Isco, j’ai fermé les yeux deux secondes. »
Un supporter présent au stade, sur les réseaux juste après le match
Une blessure qui aurait pu être bien pire
Sur le moment, on craint le pire. Isco se relève, tente de courir, mais boite bas. Amrabat, lui, reste au sol plus longtemps – il s’est aussi fait mal sur le choc. Ironie du sort : les deux finissent par sortir, Isco à la 9e, Amrabat à la 15e.
Diagnostic après-match : une profonde entaille au niveau du tibia pour Isco, sept points de suture nécessaires. Pas de fracture, Dieu merci, mais une absence confirmée pour le derby sévillan dimanche. Et probablement plus.
Sept points, ça peut paraître « que » ça quand on parle de foot pro. Mais quand c’est sur le tibia, que la plaie est ouverte et que tu viens à peine de revenir d’une fracture du péroné… c’est la tuile absolue.
Le derby sévillan en danger, et après ?
Dimanche, le Betis se déplace au Sánchez-Pizjuán. Sans Isco. Sans son leader technique, son capitaine, son joueur qui fait la différence dès qu’il a le ballon dans les pieds. On va être honnête : ça change tout.
Le Séville FC, même s’il vit une saison compliquée, reste le rival historique. Un derby, ça ne se joue pas, ça se gagne. Et là, Pellegrini va devoir bricoler sans sa pièce maîtresse.
- Fekir toujours blessé lui aussi
- Carvalho pas encore à 100 %
- Lo Celso qui alterne le bon et le moins bon
Autant dire que le milieu créatif prend cher. Très cher.
Ces accidents « fratricides » qui marquent l’histoire
On a tous en tête des images similaires. Djibril Cissé qui se pète la jambe tout seul sur un tacle anodin avec la Chine en 2006. Ou plus récemment, Idrissa Gueye qui colle une gifle à un coéquipier à l’entraînement – bon, c’était volontaire celui-là.
Mais un coup de pied aussi franc, aussi involontaire, aussi brutal entre coéquipiers en match officiel ? C’est rarissime.
Je me souviens d’un précédent, il y a quelques années, avec Ryan Shawcross qui avait fracturé la jambe d’Aaron Ramsey à l’époque où il jouait à Stoke. Mais c’était un adversaire. Là, c’est ton propre joueur. Ton milieu relayeur qui te plante là où ça fait mal.
« Parfois le foot est cruel, très cruel. On se fait plus mal entre nous qu’avec l’adversaire. »
Un ancien joueur du Betis, en commentaire sur les réseaux
Amrabat, la tête basse et les excuses
On a vu les images après-match. Sofyan Amrabat, visage fermé, qui va directement voir Isco dans les couloirs. Les deux hommes se prennent dans les bras. Pas de colère. Juste de la tristesse et de la frustration.
Le Marocain n’est pas du genre à faire des fautes idiotes. C’est un guerrier, un mec propre sur l’homme. Là, c’est juste un énorme concours de circonstances.
D’ailleurs, il a posté un message dans la foulée, simple et sincère :
« Je suis désolé frère. Je te souhaite le meilleur rétablissement possible. On a besoin de toi. »
Pas de drama inutile. Juste du respect entre deux pros qui savent que le foot, parfois, ne pardonne rien.
Et maintenant, comment le Betis va rebondir ?
Le club est 6e de Liga, qualifié pour les huitièmes de Ligue Europa directement grâce à la victoire malgré tout face à Utrecht (2-1). Objectivement, la saison reste belle.
Mais sans Isco sur les gros matchs à venir – derby, puis réception du Barça, puis déplacement à Bilbao –, ça sent le parcours du combattant.
Manuel Pellegrini, avec son calme habituel, a déjà prévenu :
« On a un groupe solide. On va trouver des solutions. Mais bien sûr qu’Isco nous manquera. C’est notre joueur différent. »
Des solutions, il va falloir en trouver vite. Peut-être un changement de système ? Plus de responsabilités pour Fornals ou Rodri ? Un retour plus rapide de certains blessés ?
Le foot, ce sport où tout peut basculer en une seconde
Cette histoire, finalement, elle résume tout ce qu’on aime et tout ce qui nous rend dingue dans le football.
Tu prépares un retour pendant des mois, tu rêves de rejouer devant ton public, tu touches enfin le ballon en match officiel… et paf, ton propre coéquipier te met sept points de suture.
C’est absurde, c’est cruel, c’est magnifique aussi dans sa tragédie.
On souhaite à Isco de revenir plus fort, comme il l’a déjà fait tant de fois. Parce que des joueurs comme lui, capables de faire lever un stade sur une feinte de corps, il n’y en a pas des tonnes.
Et on espère que ce derby sévillan, même sans lui, restera dans les mémoires pour de meilleures raisons.
Parce que le foot, c’est ça aussi : des moments où tu ris, où tu pleures, où tu n’en reviens pas.
Et où, parfois, un simple coup de pied change tout.
Prenez soin de vos tibias, les amis. Surtout quand vos coéquipiers frappent de loin.
