Il y a des dates qui restent gravées dans le marbre d’un pays. Pour Israël, le 7 octobre 2023 en fait partie. Plus de 1 200 morts, 251 otages emmenés à Gaza, des kibboutz ravagés… et une question qui hante encore tout le monde : comment a-t-on pu laisser faire ça ? Deux ans après, la réponse commence à tomber, et elle est brutale.
Ce dimanche soir, l’état-major a annoncé une mesure rarissime : trois généraux de division, qui occupaient des postes absolument clés ce jour-là, sont définitivement écartés de l’armée, y compris de la réserve. Finis les retours possibles, les consultations discrètes. Rideau.
Une décision qui tombe comme un couperet
Les noms ne sont plus des inconnus pour ceux qui suivent le dossier de près. Aharon Haliva dirigeait le renseignement militaire, Oded Basyuk était chef des opérations, et Yaron Finkelman venait à peine de prendre le commandement de la région Sud. Trois profils expérimentés, trois carrières brillantes… et trois hommes qui, ce matin-là, n’ont pas vu venir la tempête.
Ce n’est pas une surprise totale, je vous l’accorde. Haliva avait déjà démissionné dès 2024, suivi peu après par Finkelman. Mais jusqu’à présent, ils restaient théoriquement mobilisables. Là, c’est différent. L’armée les raye purement et simplement des cadres. Un message clair : on assume les responsabilités jusqu’au bout.
Pourquoi maintenant ? Le calendrier n’est pas anodin
On pourrait se dire que c’est simplement la suite logique des enquêtes internes. Sauf que le timing interpelle. Nous sommes à quelques mois d’élections cruciales. La pression populaire pour que toute la lumière soit faite sur le 7 octobre n’a jamais été aussi forte. Des familles d’otages, des rescapés, des héros de cette journée maudite montent au créneau presque quotidiennement.
Alors, est-ce une façon de montrer que l’institution militaire fait le ménage avant que la justice ou la politique ne s’en charge ? Peut-être. En tout cas, l’état-major prend les devants et ça fait du bruit.
« Ces officiers ont porté une responsabilité lourde dans l’échec à prévenir l’attaque. La décision de les écarter définitivement est une étape nécessaire pour restaurer la confiance. »
– Communiqué officiel de l’armée israélienne
Haliva, le premier à avoir sauté… mais pas le dernier
Revenons un peu en arrière. Aharon Haliva est celui qui a ouvert la voie. Dès avril 2024, il présente sa démission – chose rarissime dans l’histoire militaire israélienne. Il parle alors d’une « responsabilité morale » qu’il assume pleinement. À l’époque, c’était un électrochoc.
Beaucoup pensaient que ça allait déclencher une vague. Et puis… plus rien. Ou presque. Finkelman a suivi, mais discrètement. Basyuk, lui, est parti après le mini-conflit avec l’Iran au printemps dernier. On aurait pu croire l’histoire terminée. Eh bien non.
Aujourd’hui, on comprend que ces démissions n’étaient qu’une première étape. L’armée va plus loin et ferme définitivement la porte.
Que s’est-il vraiment passé dans les heures avant l’attaque ?
Pour comprendre l’ampleur du fiasco, il faut se replonger dans la nuit du 6 au 7 octobre. Des signaux, il y en avait. Des mouvements inhabituels côté Gaza, des exercices du Hamas interprétés comme de la routine, des alertes de dernières minutes minimisées… Le tableau est connu, mais il reste glaçant.
- Des unités d’observation avaient repéré des anomalies dès 2h du matin
- Une alerte « rouge » avait été émise vers 6h30… mais jugée peu crédible
- Le chef d’état-major n’aurait été prévenu qu’à l’aube, trop tard
- Les premières unités d’intervention sont arrivées avec des heures de retard dans certains kibboutz
Autant de détails qui, mis bout à bout, expliquent pourquoi certains parlent du « plus grand échec du renseignement depuis la guerre du Kippour ».
Et Netanyahou dans tout ça ?
Évidemment, la question qui brûle toutes les lèvres : et le politique ? Car si l’armée assume, le Premier ministre, lui, continue de botter en touche. Il répète qu’une commission d’enquête indépendante viendra « après la guerre ». Sauf que la guerre, deux ans après, est toujours là. Et les familles attendent toujours.
Cette décision de l’état-major peut aussi s’interpréter comme un moyen de protéger l’institution. En sacrifiant trois généraux, on évite peut-être que le doigt ne se tourne trop haut. Stratégie habile ? Sans doute. Juste ? C’est une autre histoire.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Concrètement, ces trois officiers perdent tout lien avec l’armée. Plus de consultation, plus de réserve, plus rien. C’est une forme de mort professionnelle. Et ça pose la question des suivants.
Car d’autres enquêtes internes sont toujours en cours. D’autres noms circulent. Est-ce le début d’une purge plus large ? Ou juste un symbole fort envoyé à l’opinion publique avant les élections ? Franchement, les deux ne sont pas incompatibles.
Une chose est sûre : dans un pays où l’armée est au cœur de l’identité nationale, ce genre de décision ne passe pas inaperçu. Elle divise, elle choque, elle soulage aussi certains. Mais elle rappelle surtout que le 7 octobre continue de hanter Israël, jour après jour.
Personnellement, ce qui me frappe le plus, c’est la solitude de ces généraux. Des hommes qui ont consacré leur vie à la défense du pays, et qui terminent ainsi. C’est rude. Mais dans le même temps, comment expliquer aux parents qui ont perdu un enfant ce jour-là que les responsables restent dans le système ? Il n’y a pas de bonne réponse. Juste des choix douloureux.
Le 7 octobre a changé Israël pour toujours. Cette décision, aussi brutale soit-elle, en est une illustration supplémentaire. Et quelque part, elle montre aussi que l’État hébreu est capable de se regarder dans le miroir, même quand l’image est terrible.
À suivre, évidemment. Parce que cette histoire est loin d’être terminée.
(Article mis à jour le 24 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
