Qui aurait cru qu’un homme de petite taille, surnommé La Perruche, deviendrait une figure incontournable à la fois sur les routes du Tour de France et dans les couloirs de la mairie de Melun ? Jacques Marinelli, décédé à l’âge de 99 ans le 3 juillet 2025, a marqué son époque par son audace, son énergie et une vision qui a transformé une ville tout en laissant une trace indélébile dans le monde du cyclisme. Son histoire, c’est celle d’un fils d’immigrés italiens qui a su pédaler au-delà des obstacles, sur les routes comme dans la vie. Partons à la découverte de cet homme hors du commun.
Un Héritage à Deux Roues et à Cœur Ouvert
Marinelli n’était pas seulement un champion sur son vélo. Il incarnait cette rare capacité à conjuguer excellence sportive, réussite entrepreneuriale et engagement pour le bien commun. Sa vie, c’est un roman d’aventures où chaque chapitre révèle une nouvelle facette de son talent. Mais comment un homme, parti de rien, a-t-il pu laisser une telle empreinte ?
Le Maillot Jaune : Une Épopée Cycliste
En 1949, les routes du Tour de France vibraient sous les pédales des coureurs. Parmi eux, un jeune grimpeur, vif et audacieux, se distinguait. Jacques Marinelli, alors âgé de 24 ans, endosse le Maillot jaune pendant six étapes consécutives, de Boulogne-sur-Mer à Saint-Sébastien. Ce n’était pas juste une prouesse physique. C’était une démonstration de caractère. Petit, agile, il se faufilait dans les pelotons, grimpait les cols avec une détermination qui forçait le respect.
Il avait cette audace qui fait les grands champions. Sur son vélo, il ne calculait pas, il vivait.
Un proche collaborateur, évoquant ses années de coureur
Son surnom, La Perruche, n’était pas qu’un clin d’œil à sa taille. Il reflétait son énergie débordante, son agilité, et cette capacité à surprendre. J’ai toujours trouvé fascinant comment un homme aussi discret en apparence pouvait rayonner autant sur une selle. Ce n’était pas seulement une question de jambes, mais de cœur.
De la Selle à la Mairie : Un Visionnaire à Melun
Si le cyclisme a forgé sa légende, c’est dans son rôle de maire de Melun, de 1989 à 2002, que Marinelli a véritablement transformé des vies. Élu à la tête de la ville-préfecture de Seine-et-Marne, il n’a pas cherché à se reposer sur ses lauriers sportifs. Au contraire, il a abordé la politique avec la même fougue qu’un sprint final. Melun, sous son impulsion, s’est modernisée, affirmant son statut de ville clé du département.
Parmi ses réalisations, la piétonnisation du centre-ville reste emblématique. Les rues Jacques Amyot, le parvis Saint-Aspais, et d’autres artères ont gagné en charme et en accessibilité. Ce choix, audacieux pour l’époque, a redonné vie au cœur de la ville. Mais Marinelli ne s’arrêtait jamais à une seule idée. Il voyait toujours plus loin.
- Modernisation du tribunal judiciaire, un projet né d’une discussion amicale avec un magistrat passionné de vélo.
- Maintien du tribunal administratif à Melun, évitant son départ vers Sénart.
- Lancement du projet de la médiathèque, un lieu culturel devenu incontournable.
Ce qui frappe, c’est sa capacité à transformer une vision en réalité. Un ancien collaborateur raconte qu’il disait souvent : « Il faut défendre l’intérêt général, au-delà des intrigues. » Cette phrase, presque un mantra, résume son approche. Il ne se contentait pas de gérer, il bâtissait.
Un Entrepreneur dans l’Âme
Avant de devenir maire, Marinelli s’était déjà illustré comme entrepreneur. Dans les années 1950, il ouvre un magasin de cycles à Melun. Mais son flair ne s’arrête pas là. Lors d’un voyage aux États-Unis, il découvre les boutiques d’électroménager. Fasciné, il se lance : d’abord une boutique place Saint-Jean, puis une franchise Conforama sur le Champ de foire. Ce parcours, c’est celui d’un homme qui n’avait pas peur de se réinventer.
Pourtant, certains critiquent ses choix. La fermeture de son magasin place Saint-Jean et le déplacement de Conforama en périphérie auraient, selon certains, contribué au déclin du commerce local. Une opinion que je trouve un peu sévère. Après tout, Marinelli suivait une logique de son temps : no parking, no business. Était-ce une erreur ou une adaptation aux réalités économiques ? La question reste ouverte.
Un Bâtisseur d’Agglomération
Marinelli ne s’est pas contenté de transformer Melun. Il a vu plus grand, posant les bases de la communauté d’agglomération Melun Val de Seine. En tant que premier président, il a impulsé des projets structurants, comme l’amphithéâtre de la Reine-Blanche, un atout pour l’université. Ce sens de l’anticipation, c’est ce qui fait d’un élu un visionnaire.
| Projet | Impact | Année |
| Piétonnisation centre-ville | Redynamisation commerciale | Années 1990 |
| Modernisation tribunal | Renforcement statut ville-préfecture | Années 1990 |
| Communauté d’agglomération | Coopération intercommunale | 2002 |
Son action ne s’arrêtait pas aux frontières de Melun. En fédérant les communes autour d’un projet commun, il a jeté les bases d’une coopération durable. Ce n’était pas juste un maire, c’était un architecte du territoire.
Une Fin de Mandat Controversée
En 2002, Marinelli connaît un revers. Une irrégularité administrative, liée à la gestion de sa campagne électorale, le rend inéligible pendant un an. Une signature mal placée, un formulaire repris sans mise à jour : l’erreur semble technique, mais elle est fatale. Lui plaidait la bonne foi, arguant qu’il n’avait pas mesuré les nouvelles règles. Ce faux pas a mis fin à son mandat, mais pas à son influence.
La parole est l’homme, ou l’homme ne vaut rien.
Une des maximes favorites de Marinelli
Même après cet épisode, il est resté une figure respectée, soutenant ses successeurs et continuant d’inspirer. Ce qui m’impressionne, c’est cette capacité à rebondir, à ne jamais se laisser abattre. Un champion, ça ne baisse pas les bras.
Un Hommage Vivant
Rare sont ceux qui, de leur vivant, voient leur nom gravé dans la pierre. Marinelli, lui, a eu cet honneur. Un critérium cycliste, un complexe sportif à Melun sud, une rue à son nom : autant de témoignages d’une vie dédiée au sport et à sa ville. Lors d’un rassemblement en janvier 2024, il était encore là, à 98 ans, aux côtés de ses successeurs, preuve de son attachement indéfectible à Melun.
Ce qui me touche, c’est cette humilité. « Je sais d’où je viens », disait-il souvent. Fils d’immigrés, il n’a jamais oublié ses racines, et c’est peut-être ce qui le rendait si proche des gens. Un maire, un champion, mais surtout un homme.
Quel Héritage pour Demain ?
La disparition de Jacques Marinelli, à quelques mois de ses 100 ans, laisse un vide. Mais son héritage perdure. Les rues piétonnes de Melun, la communauté d’agglomération, le souvenir de ses sprints dans le Tour de France : tout cela continue d’inspirer. Et si on se demandait ce qu’il ferait aujourd’hui ? Sans doute pédalerait-il encore, toujours à la recherche d’un nouveau défi.
En repensant à son parcours, je ne peux m’empêcher de me poser une question : et nous, que ferons-nous pour laisser une trace aussi forte ? Marinelli nous rappelle que l’audace et l’engagement peuvent déplacer des montagnes. Ou, dans son cas, gravir des cols et bâtir des villes.
Pour conclure, l’histoire de Jacques Marinelli, c’est celle d’un homme qui n’a jamais cessé d’avancer. Sur son vélo, dans ses boutiques, ou à la mairie, il a toujours regardé vers l’horizon. À nous, maintenant, de pédaler dans ses traces.
