Imaginez un pays où l’inflation galopante dévore les économies, où la pauvreté persiste malgré des promesses répétées, et où un homme, brandissant une tronçonneuse comme étendard, promet de tout bouleverser. Cet homme, c’est Javier Milei, le président argentin qui, deux ans après son élection, vient de remporter une victoire écrasante aux législatives de 2025. Ce succès, qualifié de point de bascule, n’est pas qu’un simple résultat électoral : il redessine le paysage politique et économique d’un pays à bout de souffle. Mais que signifie vraiment cette victoire pour l’Argentine et pour le monde qui observe ?
Un Tournant Historique pour l’Argentine
En octobre 2025, les Argentins ont massivement voté pour le parti de Milei, La Libertad Avanza, lui offrant plus de 40 % des suffrages. Un score impressionnant face à une opposition péroniste en net recul, à seulement 25 %. Ce raz-de-marée électoral permet au président de renforcer sa mainmise sur le Congrès, doublant presque le nombre de ses élus. Mais pourquoi ce scrutin est-il si décisif ? Parce qu’il donne à Milei les clés pour accélérer ses réformes, dans un pays où le système politique peut facilement paralyser les initiatives. Avec un tiers des sièges, son parti échappe désormais au veto des deux tiers, un seuil redoutable en Argentine.
Des Réformes Radicales à l’Horizon
Quand Milei est arrivé au pouvoir en 2023, il a promis de trancher dans le vif. Sa tronçonneuse, agitée en meeting, n’était pas qu’un symbole : elle incarnait sa volonté de tailler dans les dépenses publiques. En deux ans, il a déjà marqué des points. L’inflation, qui frôlait les 160 % à son arrivée, est retombée à environ 30 % en 2025. Le déficit budgétaire, un fléau chronique, a été ramené à l’équilibre pour la première fois en une décennie. Mais à quel prix ? Les coupes massives, notamment dans la fonction publique, et la dévaluation du peso ont secoué le pays.
Nous sommes sur la bonne voie, mais il reste encore la moitié du chemin à parcourir.
– Un dirigeant politique argentin
Pourtant, tout n’est pas rose. La pauvreté, que Milei jurait de réduire, stagne. Les salaires, surtout dans le secteur public, peinent à suivre l’inflation. La croissance, prévue à 4,5 % cette année, reste fragile après une récession en 2024 (-1,7 %). Alors, comment expliquer ce plébiscite électoral ? Pour beaucoup, Milei incarne un espoir, même imparfait, face à des décennies de gestion chaotique. Mais la question demeure : ses réformes anarcho-capitalistes vont-elles vraiment bâtir une « grande Argentine » ?
Un Soutien International de Poids
L’Argentine ne marche pas seule. Les États-Unis, sous l’impulsion d’un dirigeant influent, ont promis 40 milliards de dollars pour soutenir l’économie de Milei. Moitié en échange de devises, moitié en financements privés, cette aide est une bouffée d’oxygène pour un pays en quête de stabilité. Mais elle n’est pas sans contrepartie. Ce soutien, conditionné à la victoire de Milei, reflète un alignement idéologique fort. Certains y voient une stratégie géopolitique pour contrer l’influence de pays comme le Venezuela ou le Brésil dans la région.
Ce n’est pas tout. Même le Fonds Monétaire International (FMI), souvent critiqué en Argentine, a validé les efforts de Milei. En avril 2025, un plan de 20 milliards de dollars sur 48 mois a été débloqué pour accompagner ses réformes. Selon des experts, cette approbation marque un changement d’image : l’Argentine, jadis vue comme un panier percé, inspire désormais confiance.
L’économie argentine n’a jamais eu autant de chances de rebondir depuis vingt ans.
– Un analyste économique international
Les Marchés Financiers Rassurés
Il y a deux ans, l’élection de Milei, avec son style flamboyant et ses idées radicales, avait fait trembler les investisseurs. Aujourd’hui, la donne a changé. Les marchés saluent la stabilité politique qu’apporte sa victoire. Les obligations argentines, longtemps malmenées, retrouvent des couleurs. Pourquoi ce revirement ? Parce que Milei a prouvé qu’il pouvait tenir ses promesses, du moins en partie. La réduction des dépenses publiques et la discipline budgétaire séduisent les investisseurs, qui parient sur deux années de continuité.
- Stabilité politique : La majorité renforcée de Milei garantit une gouvernance sans blocages majeurs.
- Confiance des marchés : Les obligations et actions argentines regagnent en attractivité.
- Soutien international : L’aide américaine et l’appui du FMI rassurent les investisseurs.
Mais cette lune de miel avec les marchés pourrait être de courte durée. Si la croissance ne profite pas à tous, les tensions sociales risquent de resurgir. Et c’est là que le bât blesse : comment concilier rigueur budgétaire et justice sociale ?
Les Défis d’une Argentine en Mutation
Si Milei a su dompter l’inflation, la lutte contre la pauvreté reste son talon d’Achille. Les chiffres sont implacables : près de 40 % des Argentins vivent sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui n’a pas bougé depuis son arrivée. Les suppressions d’emplois publics et la stagnation des salaires ont alimenté le mécontentement. Pourtant, Milei ne semble pas prêt à ralentir. Au contraire, il annonce une nouvelle vague de réformes : assouplissement du marché du travail, baisse des impôts, et encore plus de coupes budgétaires.
Ce programme, ancré dans son credo anarcho-capitaliste, divise. Pour les uns, c’est la seule voie pour libérer l’économie d’un carcan étatique. Pour les autres, c’est une recette pour creuser les inégalités. Personnellement, je trouve fascinant de voir un pays aussi polarisé s’engager dans une expérience économique aussi radicale. Mais une question me taraude : jusqu’où peut-on aller sans briser le contrat social ?
| Indicateur | Avant Milei (2023) | En 2025 |
| Inflation | 160 % | 30 % |
| Déficit budgétaire | Élevé | Équilibré |
| Pauvreté | ~40 % | ~40 % |
| Croissance économique | -1,7 % (2024) | 4,5 % (prévue) |
Un Pari Géopolitique Audacieux
La victoire de Milei ne se joue pas seulement à Buenos Aires. Elle a des échos à Washington, où un allié de poids voit en l’Argentine un pion stratégique en Amérique latine. Ce soutien, à coups de milliards, vise à contrer l’influence de puissances rivales dans la région. Mais il suscite aussi des critiques. Certains, outre-Atlantique, parlent d’une aide intéressée, voire d’une forme de « corruption en temps réel ». Ce débat, brûlant, montre à quel point l’Argentine est devenue un laboratoire d’idées politiques et économiques.
Et puis, il y a cette décision symbolique : déplacer l’ambassade argentine à Jérusalem. Un choix qui, là encore, rappelle des précédents américains et renforce l’image de Milei comme un dirigeant prêt à bousculer les conventions. Ce geste, s’il se concrétise, pourrait redessiner les alliances diplomatiques de l’Argentine.
Et Après ? Les Enjeux de 2027
Dans deux ans, l’Argentine retournera aux urnes pour élire un nouveau président. D’ici là, Milei devra prouver que ses réformes portent leurs fruits. La croissance économique, si elle se maintient, pourrait le conforter. Mais si la pauvreté persiste, son discours risque de s’essouffler. Les Argentins, lassés par des décennies de crises, ont donné un mandat clair à Milei. Mais ce mandat est fragile : un faux pas, et le vent pourrait tourner.
- Consolider la croissance : Atteindre les 4,5 % prévus sans sacrifier les classes populaires.
- Réduire la pauvreté : Trouver un équilibre entre rigueur et justice sociale.
- Maintenir la confiance : Garder le soutien des marchés et des partenaires internationaux.
En attendant, Milei continue de tracer sa route, tronçonneuse à la main, avec une énergie qui fascine autant qu’elle divise. Son pari ? Faire de l’Argentine un modèle d’anarcho-capitalisme. Réussira-t-il à transformer un pays épuisé par les crises en une puissance régionale ? Seul l’avenir le dira, mais une chose est sûre : le monde a les yeux rivés sur Buenos Aires.
Ce qui rend l’expérience argentine si captivante, c’est son audace. Jamais un pays n’a poussé aussi loin une vision aussi radicale, dans un contexte aussi instable. En tant qu’observateur, je ne peux m’empêcher de me demander : et si Milei avait raison ? Et s’il se trompait ? Une chose est certaine : l’Argentine est à un carrefour, et les deux prochaines années seront décisives. Alors, succès ou chaos ? À vous de vous faire votre avis.
